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La Sainte Messe du ski

by Nouvelles
La Sainte Messe du ski

2024-01-13 21:14:06

Quand une piste de neige devient une zone de fĂȘte : lors des courses du Lauberhorn, le sport devient un Ă©vĂ©nement. 38 000 fans cĂ©lĂšbrent les stars et un peu eux-mĂȘmes.

À Wengen, il y a un service religieux toutes les deux semaines, mais la messe du ski suisse n’y est cĂ©lĂ©brĂ©e qu’une fois par an. Des dizaines de milliers de personnes font alors un pĂšlerinage au Lauberhorn, oĂč les cloches des Ă©glises sonnent Ă  la place des cloches. Et bien avant l’aube.

Les supporters seront transportĂ©s jusqu’au village de montagne Ă  partir de 4h40 le jour du dĂ©part. À Lauterbrunnen, on se faufile dans le train Ă  crĂ©maillĂšre, les roues grincent et les couvercles des canettes de biĂšre craquent. Il y a une attente exubĂ©rante. Un ensemble de tambours se trouve au-dessus du fourgon Ă  bagages ouvert qui est placĂ© devant la locomotive. Quelques heures plus tard, il se trouvera dans la neige Ă  prĂšs de 2000 mĂštres d’altitude et sera travaillĂ© avec frĂ©nĂ©sie.

Les conducteurs et les supporters se rencontrent dans le train

La ligne de chemin de fer menant Ă  Wengen et Ă  Kleine Scheidegg est la bouĂ©e de sauvetage des courses du Lauberhorn. On ne peut pas se rendre au village en voiture, mĂȘme les athlĂštes doivent prendre le train s’ils veulent se rendre au dĂ©part. Des voitures leur sont rĂ©servĂ©es, mais ils se retrouvent souvent au milieu des supporters. Ils sont surveillĂ©s, mais ils sont laissĂ©s seuls.

Les courses sont un mĂ©lange de fiertĂ© nationale, d’esprit sportif et de fĂȘte folklorique.

Les courses sont un mĂ©lange de fiertĂ© nationale, d’esprit sportif et de fĂȘte folklorique.

Florian Printemps

Seuls les meilleurs experts suisses bĂ©nĂ©ficient du privilĂšge d’un vol en hĂ©licoptĂšre. Cela vaut bien sĂ»r pour Marco Odermatt, qui ne se laisse pas entraĂźner dans la folie Odi pendant sa prĂ©paration. Mais le meilleur skieur d’aujourd’hui est Ă©galement omniprĂ©sent : sur les affiches publicitaires, sur les banderoles des supporters, dans la chanson d’Odi diffusĂ©e dans les haut-parleurs.

Le jury se dĂ©place Ă  la montagne Ă  8h avant les athlĂštes. Elle vĂ©rifie si la piste est prĂȘte pour la course et, si nĂ©cessaire, effectue de petites retouches Ă  la pelle. Les membres du jury et les entraĂźneurs se reconnaissent au fait qu’ils ne portent pas de casque et sont dĂ©pourvus de bĂątons. En ski de compĂ©tition, l’exigence du port du casque s’applique uniquement aux athlĂštes. Et les bĂątons ne gĂȘneraient que lorsque l’on travaillait en montagne.

Lorsque le directeur de course Markus Waldner arrive au départ, un groupe de soldats armés de pelles glissent dans le virage de départ en formation soignée. Les hommes en tenue de camouflage donneront un coup de main plus tard, sur ordre du général de piste Waldner. Des Schwyzerörgeli animés jouent depuis les haut-parleurs du Start Bar, les premiers fans sont déjà là, ça sent le café Luz.

Les Schwyzerörgeli jouent dans les haut-parleurs et ça sent le café Luz.

Les Schwyzerörgeli jouent dans les haut-parleurs et ça sent le café Luz.

Florian Printemps

Tous les fans ne sont pas des professionnels. On montre la maison de dĂ©part et on demande : « Excusez-moi. . . Est-ce que les athlĂštes y vont plus tard ?” Oui, mais il faudra quand mĂȘme compter plus de trois heures pour y arriver. Des hĂ©licoptĂšres volent dans les airs, transportant du matĂ©riel. Des volontaires sont arrivĂ©s au sommet et demandent : « Bonjour zĂ€me, joyeux BĂŒez pour nous ?

Martin Rufener fait Ă©galement partie des personnes qui sont venues ici spĂ©cialement pour apporter leur aide. Il a Ă©tĂ© entraĂźneur-chef en Suisse, puis au Canada. Il travaille maintenant comme pilote d’hĂ©licoptĂšre et Ă©teint les incendies de forĂȘt au Canada pendant l’Ă©tĂ©. L’Ă©quipe canadienne l’a dĂ©sormais postĂ© au BrĂŒggli-S et il est contrariĂ© par le fait que ses athlĂštes ne parviennent tout simplement pas Ă  maĂźtriser cette double courbe.

Odermatt le parcourt avec aisance – mais il est impossible de copier sa rĂ©plique. Pour Rufener, le travail d’entraĂźneur temporaire ne dure que jusqu’Ă  la fin de la course. La semaine prochaine, il pilotera des clients en hĂ©liski au Canada.

Une piste de neige devient une zone de fĂȘte

Il faut plus d’un millier d’aides pour rĂ©aliser cette descente. Mais les spectateurs travaillent aussi dur. Les hĂŽtes sont arrivĂ©s tĂŽt Ă  Girmschbiel, une pente en face du Hundschopf. Ils ont construit ici de petits bars Ă  neige, installĂ© des chaises, voire des tables et installĂ© des brĂ»leurs Ă  gaz.

Tous les quelques mĂštres, une raclette grĂ©sille et les gens mĂ©langent une fondue. Heureusement, ils n’ont pas eu Ă  trimballer le rĂ©frigĂ©rateur, la biĂšre reste bien fraĂźche si vous mettez les canettes dans la neige. Un groupe d’anciens amis d’universitĂ© est ici pour la quatriĂšme ou cinquiĂšme fois. Il y a maintenant du cafĂ© et des croissants, puis diverses formes de fromage fondu.

Ils construisent des bars à neige, installent des chaises et des tables, installent des brûleurs à gaz : les spectateurs s'installent confortablement.

Ils construisent des bars Ă  neige, installent des chaises et des tables, installent des brĂ»leurs Ă  gaz : les spectateurs s’installent confortablement.

Florian Printemps

Quelques garçons sortent une dĂ©coupe en carton grandeur nature de Wendy Holdener. Lorsqu’on leur a demandĂ© s’ils s’étaient probablement trompĂ©s de course, ils ont rĂ©pondu : « Wendy est blessĂ©e, elle peut donc maintenant regarder avec nous. » Compris.

Un peu plus haut, des cols de bouteilles de champagne dĂ©passent de la neige. Il ne sera pas dĂ©bouchĂ© si Odermatt gagne, dit l’un d’entre eux. Quoi qu’il en soit, les gens font la fĂȘte ici. Les membres de la Guggenmusik, qui se sont positionnĂ©s au milieu de la foule, le voient Ă©galement de cette façon. L’un d’eux travaille sur les fĂ»ts qui ont Ă©tĂ© chargĂ©s dans le train le matin.

«Maintenant vient notre fierté nationale»

Retour au prochain tĂ©lĂ©ski, jusqu’au dĂ©part. Des milliers de personnes sont lĂ  et regardent le ciel. Non, ils n’attendent pas une apparition de Saint Marc, mais la Patrouille Suisse. Une femme dit qu’elle est venue uniquement Ă  cause du spectacle aĂ©rien et qu’elle n’Ă©tait pas particuliĂšrement intĂ©ressĂ©e par la course de ski. Le Start-Bar est dĂ©sormais passĂ© du HudigÀÀggeler au pop et au rock.

Des milliers de personnes regardent le ciel : apparition de la Patrouille Suisse.

Des milliers de personnes regardent le ciel : apparition de la Patrouille Suisse.

Florian Printemps

Juste avant l’arrivĂ©e des avions, l’hymne national retentit dans les haut-parleurs. Certains fans chantent avec les mains sur le cƓur. Lorsque la derniĂšre note s’est Ă©teinte, quelqu’un crie : « Odi ! Les gens applaudissent. Puis un pĂšre dit Ă  son fils : « Maintenant vient notre fiertĂ© nationale. » Et les chasseurs Ă  rĂ©action arrivent dĂ©jĂ  en trombe.

Les courses du Lauberhorn sont un mĂ©lange colorĂ© de fiertĂ© nationale, d’esprit sportif et de fĂȘte folklorique. Vous portez une chemise Edelweiss et brandissez des drapeaux suisses, vous mangez du fromage et buvez du Fendant. Mais cela ressemble plus Ă  une posture qu’à une ferveur patriotique. Le public est Ă©galement plus jeune que ce Ă  quoi on pourrait s’attendre lors d’un tel Ă©vĂ©nement. Vous cĂ©lĂ©brez un Ă©vĂ©nement, comme Ă  la fĂȘte de la lutte ou Ă  la fĂȘte en plein air.

Il est logique qu’il existe Ă©galement une zone VIP Ă  Girmschbiel, Ă  cĂŽtĂ© de la colline conquise par l’infanterie. 750 personnes se rĂ©galent de plats et de boissons raffinĂ©s et profitent de la vue sur le Hundschopf et le CĂŒpli. Un billet coĂ»tait 950 francs et les 750 places ont Ă©tĂ© rapidement vendues. Les siĂšges du peuple ne sont pas bon marchĂ© non plus ; Vous avez payĂ© 95 francs pour le billet du Lauberhorn.

Mais l’argent passe au second plan lorsque le grand spectacle commence enfin. Les cloches sonnent depuis les stands de Girmschbiel et lorsque le dernier carillon s’estompe, la foule applaudit : le premier pilote est en route. Un haut-parleur rĂ©chauffe Ă©galement l’ambiance. « Aux appareils ! Aux cloches ! Aux drapeaux ! » a-t-il chantĂ©. Et puis : « Le voici ! »

Il s’agit du Français Adrien ThĂ©aux. Alors qu’il court par-dessus la tĂȘte du chien, on dirait qu’il saute du troisiĂšme Ă©tage. Ensuite, cela traverse le Canadian Corner – et le reste ne peut ĂȘtre vu que sur grand Ă©cran. Un peu plus tard, vous entendez un grand bruit venant du Girmschbiel : « Odi ! Ody ! À chaque temps intermĂ©diaire, vous entendez un « Oh ! », un « Ah ! Meilleur moment – ​​levez vos verres, levez vos canettes de biĂšre !

Mais ensuite, Aleksander Kilde chute Ă  l’arrivĂ©e S et il semble que quelqu’un ait dĂ©branchĂ© la prise. Les organisateurs ont immĂ©diatement Ă©teint la musique, le haut-parleur Ă©tait silencieux et quelques jeunes hommes remuaient silencieusement leur fondue. Il faut beaucoup de temps avant que Kilde soit secouru par hĂ©licoptĂšre, et pendant tout ce temps, la paix rĂšgne. La fĂȘte ne continue que lorsqu’un coureur se retrouve enfin dans la maison de dĂ©part.

Alors qu’il court vers la ligne d’arrivĂ©e, il y a Ă  nouveau des acclamations et de l’agitation. Le Canadien James Crawford est accueilli comme s’il avait gagnĂ© la course. Il est Ă  4,4 secondes. Les tribunes deviennent une mer de drapeaux, et les cris relĂąchent probablement aussi la tension qui s’Ă©tait accumulĂ©e alors que Kilde gisait dans la neige non loin des spectateurs.

Et puis il est clair qu’Odermatt a gagnĂ© la course. La folie Odi commence dans la zone d’arrivĂ©e, puis lors de la cĂ©rĂ©monie de remise des prix dans le village, qui devient la cabane du festival. Beaucoup de gens cĂ©lĂšbrent jusqu’Ă  ce qu’ils tombent. Il y a des trains de nuit jusqu’Ă  Lauterbrunnen. Et au lieu des cloches du dimanche, les cloches sonnent Ă  nouveau.



#Sainte #Messe #ski
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