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La santé des gens du voyage : une réalité méconnue et des actions à entreprendre

by Nouvelles
La santé des gens du voyage : une réalité méconnue et des actions à entreprendre

On les croise sans les voir. À la lisière des villes, des zones industrielles, au milieu de friches. Les gens du voyage bougent tout le temps et se posent parfois aussi là où on les y autorise. Un parking, un no man’s land. Pourtant, ils sont un peuple vivant, évalué entre 250 000 et 350 000 personnes. On les nomme “les gens du voyage”, selon une appellation administrative qui désigne des personnes vivant, comme l’exige leur tradition, en habitat mobile terrestre. Presque tous sont de nationalité française, historiquement rattachés à la culture tsigane. Pour la première fois, Santé publique France…

On les croise sans les voir. À la lisière des villes, des zones industrielles, au milieu de friches. Les gens du voyage bougent tout le temps et se posent parfois aussi là où on les y autorise. Un parking, un no man’s land. Pourtant, ils sont un peuple vivant, évalué entre 250 000 et 350 000 personnes. On les nomme “les gens du voyage”, selon une appellation administrative qui désigne des personnes vivant, comme l’exige leur tradition, en habitat mobile terrestre. Presque tous sont de nationalité française, historiquement rattachés à la culture tsigane. Pour la première fois, Santé publique France (SPF) a souhaité poser son regard et ses statistiques sur la santé de cette population, avec un focus tout particulier sur la Nouvelle-Aquitaine. À la tête de cette enquête, une femme médecin épidémiologique, Stéphanie Vandentorren.

“Notre étude s’est étendue sur un temps long, indique la responsable. Elle a débuté avant le Covid parce qu’en Nouvelle-Aquitaine, en 2017, nous avions essuyé une épidémie de rougeole couplée à une vague de saturnisme hors du commun. Elle a touché particulièrement les étudiants mais, si la vaccination et l’accès au soin ont réglé la situation chez ces derniers, il n’en a pas été de même chez les gens du voyage. Nous nous sommes rendu compte que nous n’avions pas de chiffres, d’évaluation sur l’état de santé des gens du voyage. C’est un peu normal, il s’agit de populations disséminées, qui bougent beaucoup. Il faut pouvoir les approcher, cela nécessite de la confiance, un travail d’approche.”

Une approche sensible

Pour intéresser les gens du voyage, les équipes de SPF ont travaillé avec les associations de terrain, département par département, et la Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tziganes et les gens du voyage (Fnasat). Au total, au cours de deux sessions d’approche, avant le Covid et après le Covid, ce sont 1 030 adultes et 337 enfants âgés de 7 à 13 ans qui ont été inclus dans 475 lieux de vie de toute la région, avec un taux de participation de 73,6% – 25% des personnes interrogées ne trouvant aucun intérêt à cette étude, et même pas le temps.

“Effectivement, il a fallu toute cette sensibilité pour les approcher –ils sont un peu traqués et, donc, se sentent vulnérables, remarque Stéphanie Vandentorren. Premier constat : l’accès au soin est beaucoup plus compliqué, lié à une discrimination évidente. Déjà, ils ne sollicitent un médecin que lorsqu’ils sont très malades, en souffrance, et les délais imposés par la prise de rendez-vous ne convient pas à leur mode de vie itinérant. Ils consultent lorsque les médecins les accueillent avec bienveillance, et abusent un peu des services d’urgence, faute d’autre solution. Mais, surtout, ils ont d’autres préoccupations plus urgentes que leur santé, des problématiques de survie qui prennent le dessus.”


Stéphanie Vandentorren, médecin épidémiologiste à Santé Publique France, a piloté la première étude française sur la santé des gens du voyage.

FPS

Les adultes qui ont participé à l’étude sont globalement en moins bonne santé que la population générale, et les scientifiques estiment leur état proche de celui des sans domicile fixe. Pas mieux pour les enfants. “Ils souffrent de maladies chroniques à peu près similaires à la population générale mais de façon beaucoup plus marquée, détaille la pilote de l’étude : 25% font de l’hypertension contre 15% dans la population générale, 14% sont diabétiques contre 4% ; 17% sont asthmatiques contre 3% ; le taux d’obésité chez eux s’élève à 37% contre 17% dans la population générale. En plus, ils souffrent de maladies bucco-dentaires. Les écarts sont assez impressionnants, qui amènent à réfléchir aux causes.”

Agir sur les conditions de vie

Stéphanie Vandentorren et son équipe de Santé publique France ont, pour la première fois dans le pays, mis au jour la réalité sanitaire d’une population française discriminée, qui ne bénéficie pas des mêmes droits et avantages. “Ils vivent dans des habitats précaires, et surtout dans des lieux insalubres, pollués, note la scientifique. L’obésité, par exemple, n’est pas forcément liée à une alimentation trop riche, mais peut venir aussi de problèmes de métabolisme en lien avec le stress de leurs conditions de vie.”

Cette étude démontre l’urgence de mener des actions ciblées et concertées qui tiendront compte des conditions de vie difficiles des gens du voyage. Il faudra agir sur les déterminants de leur santé en luttant contre la discrimination et les refus de soins, agir sur la localisation de leurs lieux de vie en incitant à des évaluations d’impact en santé préalable à leur implantation, même temporaire. Pour améliorer le recours au soin, les auteurs de l’étude préconisent la création de “médiateurs en santé qui pourraient mener des opérations ciblées auprès d’eux”.

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2024-02-26 18:58:14

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