En tant que journaliste de NBC News qui couvre l’ancien président Donald Trump, j’ai assisté à plus d’une douzaine de meetings de campagne de ce dernier rien que pour ce cycle électoral. Ils ressemblent généralement plus à des concerts ou des festivals qu’à des événements politiques, avec des food trucks et des vendeurs, où les partisans et leurs familles se rassemblent pour profiter de la journée.
C’est ainsi que le rassemblement de samedi à Butler, en Pennsylvanie, a commencé. Mais, comme nous le savons tous, ce n’est pas ainsi qu’il s’est terminé.
Quelques minutes après le début du discours de Trump, ma productrice, Bianca Seward, et moi avons entendu ce que nous avons cru être des feux d’artifice. Mais lorsque ces « pop-pop-pops » ont continué et que l’ancien président a cessé de parler, nous nous sommes instinctivement baissés derrière un équipement de scène. Dans mon esprit, je me suis dit : « C’est idiot, je réagis de manière excessive. » Mais mon corps tremblait.
Nous ne savions pas exactement quelle était la situation ni à quel point elle était dangereuse. De notre position accroupie, nous avons entendu la foule applaudir lorsque Trump, le visage ensanglanté, a levé le poing. Nous nous sommes levés et avons regagné les gradins de presse, impatients de retrouver le reste de notre équipe, qui était heureusement saine et sauve, et de comprendre ce que tout le monde avait vu. De là, nous avons fait des reportages sans interruption jusqu’à un peu après 1 heure du matin. Nous travaillons toujours maintenant, ce qui a sûrement retardé notre propre réaction émotionnelle aux événements.
Mais il y a des choses qui m’ont marqué : le son des cris des enfants, un témoin qui se tenait près de l’homme tué et qui expliquait avec justesse à nos téléspectateurs chaque moment atroce, une mère qui m’a dit que son fils adulte lui avait pris la main pour la première fois depuis qu’il était petit. Ce sont des souvenirs qui resteront gravés dans la mémoire des gens.
En tant que journalistes, nous avons l’habitude de couvrir les suites d’une fusillade, mais dans ce cas précis, nous avons vécu une expérience commune avec nos sources. Que vous soyez journaliste ou simple participant à un rassemblement, vous essayez simplement de comprendre ce qui s’est passé. En tant que journalistes, nous voulons aussi aider les autres à mieux comprendre. Même si cela a été un défi, c’est pour cela que nous faisons ce que nous faisons. Je suis reconnaissante envers tous ceux qui ont accepté de partager leurs histoires.
Une fois que nous avons su ce qui s’était passé, nous avons d’abord été surpris que quelqu’un puisse introduire une arme dans le rassemblement, compte tenu du niveau de sécurité. Il y a des détecteurs de métaux et ils vérifient les sacs de tout le monde, même nos portefeuilles. Mais une fois que nous avons appris que le tireur était à l’extérieur du périmètre, ce fut moins surprenant, car derrière le public, il y avait beaucoup d’espace libre. Bien sûr, nous attendrons l’enquête pour savoir exactement ce qui s’est passé.
Il était inhabituel pour Trump d’aborder les questions politiques aussi tôt dans son discours. Habituellement, il aurait passé plus de temps à échauffer la foule. Mais comme l’a souligné un témoin, si Trump n’avait pas fait un geste vers un écran au moment précis où il a été pris pour cible, le résultat aurait pu être bien pire.
L’idée qu’un événement politique puisse conduire à la violence m’est venue à l’esprit par le passé, comme à beaucoup d’autres. Mais on ne pense jamais que cela va se produire, et on ne pense jamais qu’on sera là si cela se produit.
Samedi, nous étions tellement concentrés sur l’actualité du jour. Nous attendions que Trump annonce son choix de colistier, et la Convention nationale républicaine commence cette semaine. La violence politique était la dernière chose à laquelle je pensais. Mais je ne pense pas que ce sera le cas à partir de maintenant.
En parcourant le pays et en discutant avec les électeurs depuis 2019, j’ai ressenti un sentiment croissant de tristesse et de désespoir face à la polarisation de notre nation. Ce qui s’est passé samedi confirme cette perspective de la manière la plus horrible qui soit. Mais j’aimerais espérer que ce soit le point culminant de cette polarisation, et pas seulement un autre épisode tragique de notre réalité politique de plus en plus turbulente.
