La science explique comment nous « héritons » de la souffrance de nos parents

EL’état émotionnel des parents influence leurs enfants, pour le meilleur ou pour le pire. Si les parents souffrent, ils transmettront cette souffrance à leur progéniture par différents moyens. L’un d’eux est l’épigénétique.

L’épigénétique analyse les facteurs qui régulent l’expression des gènes sans produire de modification dans la séquence d’ADN. Grâce à cette science, On sait aujourd’hui que certains facteurs environnementaux peuvent modifier l’expression de certains gènes tout au long de notre vie.ce qui nous rend plus susceptibles, par exemple, de développer certaines maladies ou troubles psychologiques.

Les enfants héritent des souffrances de leurs parents, selon la science

Un groupe de chercheurs de l’Université de Californie a analysé les descendants des soldats ayant participé à la guerre civile aux États-Unis. Beaucoup de ces soldats ont été soumis à un stress physique et psychologique important, c’est pourquoi l’objectif de l’étude publiée dans la revue PNAS était de découvrir l’impact de cette souffrance sur la progéniture.

Grâce aux archives militaires, les chercheurs ont appris si les soldats s’étaient mariés, où ils avaient vécu et s’ils avaient des enfants. Ainsi, ils ont collecté des informations auprès de 6 500 anciens combattants et de 20 000 enfants et personnes de la même génération, mais dont les parents n’avaient pas participé à la guerre.

Sa découverte fut dévastatrice : Les enfants de soldats étaient deux fois plus susceptibles de mourir prématurément que les personnes dont les parents n’étaient pas partis à la guerre.même s’ils partageaient la même condition socio-économique et le même état de santé antérieur.

Une découverte encore plus surprenante a été que les enfants nés de prisonniers de guerre après avoir survécu aux conditions difficiles du camp étaient jusqu’à 2,2 fois plus susceptibles de mourir plus tôt que leurs frères et sœurs. Ils couraient également 1,11 fois plus de risques de mourir que les enfants de soldats non faits prisonniers.

Les chercheurs pensent que l’exposition environnementale à des conditions difficiles et la souffrance psychologique qu’elle génère pourraient induire des changements moléculaires dans les gamètes des parents qui, à leur tour, affectent le comportement de leurs enfants. En fait, Il a été prouvé que chez les animaux, l’exposition au stress génère des modifications du profil ADN qui sont transmises à leurs enfants.

Évidemment, des facteurs psychologiques sont également susceptibles de jouer un rôle, comme le fait que les parents ayant subi un traumatisme important pourraient transmettre à leurs enfants une vision plus pessimiste du monde. On sait que le pessimisme et la dépression, surtout dans les premiers stades de la vie, génèrent des comportements aversifs. dans différents environnements et diminue l’espérance de vie.

Cela signifie que les enfants de personnes ayant souffert de stress post-traumatique acquièrent de leurs parents un style d’adaptation particulier qui génère des comportements inadaptés et un sentiment d’impuissance.

Effet de deuxième génération

L’effet de deuxième génération fait référence à la transmission transgénérationnelle (des parents aux enfants) des conséquences psychologiques et des styles d’adaptation au stress.

Cette théorie est étayée par une étude publiée dans le Journal américain de psychiatrie dans lequel ont été analysées 106 femmes atteintes d’un cancer du sein, également filles de victimes de l’holocauste fasciste, comparées à 102 femmes souffrant de la même maladie mais dont les parents n’avaient pas vécu d’expérience particulièrement traumatisante.

Les chercheurs ont découvert que les filles des personnes ayant survécu à l’Holocauste étaient plus vulnérables aux situations stressantes et réagissaient plus négativement à leur maladie. par rapport aux autres personnes ayant participé à l’étude.

Ces psychologues ont conclu que la deuxième génération dispose de moins de ressources psychologiques pour faire face aux situations stressantes. Moins résilientes et ayant une vision du monde plus négative, influencées par la souffrance vécue par leurs parents, ces personnes sont plus vulnérables d’un point de vue physique et psychologique.