2024-05-01 12:01:07
Un accès de colère peut-il avoir des conséquences néfastes sur le cœur ?
Des recherches antérieures ont suggéré qu’il existe un lien entre un épisode aigu de colère et un risque accru de crise cardiaque. Des chercheurs du centre médical Irving de l’université Columbia, de la faculté de médecine de Yale, de l’université St. John’s de New York et d’autres institutions ont voulu comprendre pourquoi.
Pour répondre à cette question, il faudrait mettre certaines personnes en colère.
Les enquêteurs ont recruté 280 jeunes adultes en bonne santé et les ont répartis aléatoirement en quatre groupes : un groupe témoin qui comptait à voix haute pendant huit minutes et maintenait un état émotionnel neutre, et des groupes qui se souvenaient d’événements qui les avaient rendus en colère, tristes ou anxieux. Avant de commencer, et à intervalles de 100 minutes par la suite, les chercheurs ont prélevé des échantillons de sang et mesuré le débit sanguin et la pression.
Les résultats, publiés mercredi dans le Journal de l’American Heart Associationmontrent que la colère peut effectivement affecter le cœur en raison de la manière dont elle altère le fonctionnement des vaisseaux sanguins.
Les chercheurs ont découvert que la capacité des vaisseaux sanguins à se dilater était considérablement réduite chez les personnes du groupe en colère par rapport à celles du groupe témoin. La dilatation des vaisseaux sanguins n’a pas été affectée dans les groupes de tristesse et d’anxiété.
La dilatation peut être régulée par les cellules endothéliales, qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins. En se dilatant et en se contractant, les vaisseaux sanguins ralentissent ou augmentent le flux sanguin vers les parties du corps qui en ont besoin.
D’autres tests ont révélé qu’il n’y avait aucun dommage aux cellules endothéliales ni à la capacité du corps à réparer les dommages causés aux cellules endothéliales.
Le seul problème était la dilatation, selon l’étude. L’altération de la dilatation des vaisseaux sanguins est un marqueur précoce de l’athérosclérose, qui est l’accumulation de graisses et de cholestérol, appelée plaque, sur les parois des artères qui rendent les artères rigides. L’athérosclérose peut entraîner des maladies coronariennes, des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des troubles rénaux.
“C’est pourquoi la vasodilatation dépendante de l’endothélium est un mécanisme important à étudier”, a déclaré la co-auteure Andrea Duran, professeure adjointe de sciences médicales au centre médical Irving de l’université de Columbia, en utilisant la terminologie médicale pour désigner la déficience observée dans l’étude.
Les résultats de l’étude pourraient aider les médecins à persuader leurs patients souffrant de maladies cardiaques et de problèmes de colère de gérer leur colère, par le yoga, l’exercice, la thérapie cognitivo-comportementale ou d’autres techniques établies, a déclaré le Dr Holly Middlekauff, cardiologue et professeur de médecine et physiologie à la faculté de médecine David Geffen de l’UCLA.
“Il n’est pas largement connu ni largement accepté que la colère précipite les crises cardiaques”, a déclaré Middlekauff, qui n’a pas participé à l’étude. “Cette étude offre une plausibilité biologique à cette théorie, selon laquelle la colère est mauvaise pour vous, qu’elle augmente votre tension artérielle et que nous constatons une altération de la santé vasculaire.”
Et cela pourrait attirer l’attention de certains patients, a-t-elle ajouté.
Duran a averti que l’étude en laboratoire est une étude fondamentale et que des recherches supplémentaires sont nécessaires. Par exemple, les scientifiques ne savent pas exactement comment la colère altère la dilatation des vaisseaux sanguins. “Ce serait pour une étude future”, a-t-elle déclaré.
Dans l’article, les chercheurs suggèrent que plusieurs facteurs pourraient être à l’œuvre, notamment les changements provoqués par les hormones du stress, l’augmentation de l’inflammation et l’activation du système nerveux autonome, qui régule les processus involontaires comme la fréquence cardiaque, la pression artérielle et la respiration.
De plus, les chercheurs ont intentionnellement sélectionné des participants en bonne santé, sans maladie cardiaque ni autre maladie chronique susceptible de fausser les résultats. Bien que cela constitue une force de l’étude, c’est aussi une limite, car les résultats peuvent ne pas s’appliquer aux personnes âgées malades.
“Ce n’était que la première étape”, a déclaré Rebecca Campo, psychologue et directrice de programme au National Heart, Lung and Blood Institute, qui a financé l’étude.
Les recherches futures devraient porter sur « les populations atteintes de maladies cardiovasculaires, de diabète et les personnes vivant en milieu rural et appartenant à des minorités ethniques et raciales ».
Middlekauff a déclaré que la plus grande limite de l’étude est qu’elle a examiné un accès de colère provoquée.
“J’aimerais voir une étude sur un groupe de personnes chroniquement en colère et voir quelle est leur fonction vasculaire”, a-t-elle déclaré.
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