« Marie-Claire Chevalier, dont le combat pour le droit à l’avortement a été porté par Maître Gisèle Halimi devant le tribunal pour enfants de Bobigny le 11 octobre 1972, s’est éteinte », a annoncé ce mercredi sur Twitter Éric Mathais, procureur de la République de Bobigny. À l’unisson, Stéphane Troussel (PS), le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, a rendu hommage « à la combattante du droit à l’IVG (NDLR : interruption volontaire de grossesse) et à disposer de son corps, défendue par la grande Gisèle Halimi. Afin de rappeler à tous cet engagement inscrit au cœur des valeurs républicaines de notre société. »
Devenue Michèle, pour préserver son anonymat, Marie-Claire Chevalier est morte le 23 janvier dans le Loir-et-Cher à l’âge de 66 ans, des suites d’une longue maladie. Comme le montrent ces témoignages, ce décès a un retentissement très particulier en Seine-Saint-Denis. En 1972, Michèle s’appelait encore Marie-Claire. Elle n’avait que 16 ans et elle fut au cœur d’un procès historique.
Elle fut défendue par un grand nom de la cause des femmes, Gisèle Halimi, décédée l’été dernier. L’adolescente était jugée au tribunal de Bobigny pour avortement. Un acte illégal à l’époque. Elle avait été violée puis avait été dénoncée par son violeur après un avortement clandestin. Sa mère et trois autres femmes furent traduites en justice pour complicité ou pratique de l’avortement.
La passerelle qui porte son nom est actuellement fermée
Le procès de Marie-Claire s’est mué en combat politique. Un combat mené de haute lutte par Gisèle Halimi. L’avocate décrochera son acquittement et ouvrira la voie à la loi Veil qui dépénalisera l’avortement en 1975.
La Seine-Saint-Denis avait décidé d’immortaliser ce symbole. Comme le rappelle Éric Mathais sur son compte Twitter, « une passerelle menant au tribunal judiciaire se nomme passerelle Marie-Claire ». Le procureur poursuit : « Comme un écho à ce décès, la passerelle est temporairement fermée aujourd’hui. Elle rend néanmoins hommage à Mesdames Chevalier et Halimi, immortalisant leur lutte et inspirant l’ensemble des acteurs de la Seine-Saint-Denis impliqués dans ce combat. »
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Afin de rappeler à tous cet engagement inscrit au cœur des valeurs républicaines de notre société, la passerelle menant au tribunal judiciaire de Bobigny se nomme la passerelle « Marie-Claire » pic.twitter.com/DQ8DMMD1eU— Eric MATHAIS, procureur de BOBIGNY (@Procureur93) 26 janvier 2022
Depuis le 23 décembre, des barrières en interdisent l’accès « en raison d’un état de délabrement », avait indiqué le maire de Bobigny Abdel Sadi (PCF). Il avait considéré que l’ouvrage présentait « un grave danger » pour les personnes qui l’empruntaient.
Édifiée en 1995, cette passerelle s’est détériorée au fil des ans. L’État, le Département et la Ville se renvoyaient la balle au sujet des travaux. Début janvier, « l’État a reconnu qu’il était le propriétaire », indique le directeur général des services de la Ville de Bobigny.
En raison d’une convention État-Ville, c’est la mairie qui se chargera des premiers travaux d’urgence, à savoir le remplacement des lambourdes, les poutrelles qui soutiennent le plancher. « Ces travaux n’interviendront pas avant plusieurs mois », précise la Ville. Le coût de la rénovation structurelle est estimé à plus d’un million d’euros.
2022-01-26 11:00:00
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