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La septicémie : une maladie complexe sans traitement spécifique

La septicémie : une maladie complexe sans traitement spécifique

La septicémie, également appelée sepsis, est une infection généralisée qui se propage dans tout le corps. Et les chiffres sont assez alarmants : dans le monde, près de 30 millions de patients développent chaque année une septicémie et 6 millions en meurent, car elle est mal traitée.

Une maladie complexe sans traitement spécifique

Mis à part les problèmes d’antibiorésistance, on sait bien traiter les infections, mais la septicémie va au-delà de cela. Déjà, ce n’est pas nécessairement causé par une bactérie, cela peut être un virus ou un champignon. De plus, dans la septicémie, l’infection ne se limite pas à un organe – cela, on sait le traiter – mais elle envahit simultanément d’autres organes et a des effets à distance.

C’est pourquoi la gravité de la septicémie ne réside pas tant dans l’infection elle-même que dans la myriade de symptômes et de défaillances qu’elle entraîne progressivement. En termes de traitement, il n’existe aucun médicament spécifique pour traiter cette maladie. Stanislas Faguer, professeur de néphrologie au CHU de Rangueil à Toulouse et chercheur à l’INSERM, explique : “Les médicaments actuels sont principalement des antibiotiques pour traiter l’infection, donc le point de départ, la cause. Mais ensuite, ce sont principalement des traitements visant à attendre l’efficacité des antibiotiques, à attendre la disparition de l’infection et finalement, lorsque l’on a une défaillance d’un organe, par exemple cardiaque, rénale ou respiratoire, on apporte des traitements pour compenser cette défaillance d’organe, c’est-à-dire, par exemple, aider les patients à respirer avec une ventilation mécanique, faire une dialyse lorsque les reins ne fonctionnent plus. Donc nous avons tous ces traitements qui traitent les conséquences, mais nous n’avons pas encore de traitement qui traite réellement la cause, les mécanismes de défaillance des organes, de défaillance respiratoire, cardiaque ou rénale.”

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Augmenter le “bon” cholestérol

On cherche donc activement un médicament qui puisse traiter directement la septicémie, pour cela il faut identifier certaines caractéristiques précises de la maladie. Et ce que l’on sait, c’est que pendant la tempête immunitaire, certains éléments biologiques sont soit en trop grande quantité, soit en trop faible quantité, c’est le cas du “bon” cholestérol, le HDL, et de toute une série de molécules qui lui sont associées.

Attention, je ne dis pas qu’en cas de faible quantité de bon cholestérol, on risque la septicémie… je dis que pendant une septicémie, une diminution de ces marqueurs entraîne un risque de forme plus grave. Alors, est-ce qu’un médicament qui augmente ces taux de bon cholestérol pourrait prévenir l’apparition d’une forme grave de la maladie ? C’est ce qu’ont voulu tester ces scientifiques dans cette nouvelle étude avec un candidat-médicament, le CER-001, créé par Abionyx. Initialement développé pour les crises cardiaques, il a été repositionné pour la septicémie et testé sur des cochons puis sur des humains. Stanislas Faguer explique : “Chez le cochon, lorsque nous injectons ce médicament, nous améliorons la survie, nous réduisons les lésions d’organes, rénales, cardiaques ou respiratoires. Cela passe par une diminution de l’inflammation et des lésions cellulaires.”

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Des résultats positifs chez l’humain

Une étude similaire a été menée chez l’humain. “C’est ce que l’on appelle les essais de phase précoce, une phase 2A, où nous testons à la fois la sécurité et l’innocuité du médicament, mais en parallèle nous commençons à examiner des éléments biologiques et cliniques pour tenter d’identifier des signaux favorables ou défavorables quant à l’efficacité du médicament. Dans cette étude, ce qui était assez clair, c’est qu’au niveau biologique, tous les paramètres habituellement perturbés lors d’une septicémie étaient drastiquement corrigés par l’injection du médicament, comparé à un groupe témoin. Moins d’inflammation, moins de marqueurs d’agression des tissus, en particulier rénaux mais également vasculaires, et finalement l’étude n’a pas un design permettant d’affirmer que le médicament est efficace de manière certaine par rapport à un “gold standard”, mais elle montre clairement que les patients les plus graves connaissent une amélioration rapide, que les patients les plus graves ayant les taux les plus élevés d’inflammation, de toxines. Au final, ces patients voient rapidement leurs paramètres biologiques se normaliser.”

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Ce sont encore des résultats préliminaires, mais le CER-001 est bien toléré et le traitement est assez court, de quelques jours seulement par voie intraveineuse. L’étape suivante est la phase 2b ou 3, une étude de plus grande envergure, en double aveugle, pour comparer si ce candidat-médicament est plus efficace pour traiter la septicémie que les traitements habituels, c’est-à-dire s’il peut améliorer le pronostic des patients ainsi que leurs séquelles à moyen et long terme.
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2023-11-07 09:40:57

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