2024-01-31 17:45:58
Da série française « Port sans pitié » est un thriller policier d’un seul tenant, qui demande un bel équilibre de matière, une certaine température, un sens de la rapidité dans le montage et une forme solide. L’accent est mis sur la famille d’un docker qui est horrifié depuis des années par le trafic croissant de drogue. Son père avait déjà parlé d’une marée montante dont aucun mur ne pourrait un jour se protéger, et voici que les premières vagues déferlent sur le grutier debout Pierre Leprieur (Olivier Gourmet).
Le soir même où il rentre chez lui épuisé et simule sa joie lors d’une fête surprise pour son soixantième anniversaire, son fils Simon (Panayotis Pascot) et un ami sont arrêtés par la police. Ils avaient testé les limites d’une voiture de sport avec de la drogue cachée à l’intérieur. Pire encore : la voiture provenait de l’inventaire du deuxième fils de Pierre, Jean (Pierre Lottin), qui fait le commerce des véhicules importés.
Il ne faut donc que quelques minutes aux policiers pour perquisitionner l’appartement de la famille Leprieur. Elle a visiblement quelque chose à voir avec la drogue – ce que Pierre n’a pas le droit de savoir, tandis que son enfant préférée, l’avocate Emma (Margot Bancilhon), tente de réduire les conséquences juridiques de cette excitation. Le début passionnant d’une histoire difficile et émouvante.
Une voix au seuil de l’au-delà
Votre moment fort : votre narrateur Pierre, un gars terre-à-terre au ventre solide et au caractère endurci de syndicaliste qui n’a pas que des amis dans l’entreprise, est envoyé dans la nuit noire avec un sac sur la tête à la fin du premier épisode et le tournage. Néanmoins, la voix du mort reste dans le public : « Je suis partout et nulle part. » Elle décrit l’histoire qui suit les événements postérieurs au meurtre et intègre parfois des flashbacks, pour ainsi dire au seuil de l’au-delà. Ce qui ne semble pas du tout faux. C’est juste ce que c’est. Bien sûr, vous remarquerez aussi plus tard une astuce optique : un véritable théâtre d’ombres qui se déroule en arrière-plan d’une scène clé.
L’univers des dockers dans lequel se déroule la série semble également authentique, sans vouloir d’emblée livrer une étude du milieu. D’une part, cela est probablement dû au fait que les sociétés de production françaises ont encore une idée assez précise de ce que sont les travailleurs. D’autre part, le casting : l’acteur belge Olivier Gourmet s’est fait connaître pour les films des frères Dardenne comme « La Promesse », il a reçu le Prix du cinéma européen en 2002 pour le maître menuisier dans « Le Fils » et a récemment joué , entre autres, le logisticien vieillissant Dans le drame personnage « Le prix du travail » d’Antoine Russbach, il est détruit par le système même auquel il venait de consacrer sa vie.
Gourmet a failli sortir quelqu’un comme Pierre de sa manche, même si sa colère cette fois rappelle fortement la colère refoulée du responsable RH au chômage (Éric Cantona) dans la série « Perte de contrôle ». D’autres visages ont également été tirés de la réalité, depuis des personnages secondaires et des figurants anonymes jusqu’au visage de Christophe (Philippe Rebbot), un fumeur à la chaîne échoué, un personnage de gangster qui sait allumer un feu d’un simple claquement de doigts. C’est le frère imprévisible de Pierre. Il y a bien des secrets de famille dans « Port sans pitié », du nom du nom historique du port, « Le Hable de Grâce ». Certainement un ou deux de trop. Mais le réalisateur Vincent Maël Cardona (« Les Magnétiques ») réussit à mettre en valeur les points forts du scénario de Maxime Crupaux et Baptiste Fillon et à balayer les faiblesses sous la table.
La caméra mérite des éloges particuliers, même s’il faut beaucoup assombrir son propre salon pour en profiter dans cette série : l’œil du drone de Brice Pancot, qui survole à plusieurs reprises la mer de conteneurs et de machines dans le port, est un délice qui s’estompe couleurs et lampes lumineuses au crépuscule. Et parfois, il regarde simplement d’en haut une voiture traversant une rue noire dans l’obscurité de la nuit : les phares s’allument brièvement, puis les petits feux stop – et l’obscurité tout autour. L’ambiance que cela crée est aussi mélancolique et menaçante que l’ambiance du présent, dans laquelle de tels drames trouvent leur résonance lorsqu’ils racontent le déclin de l’espace protecteur de la famille.
Port sans pitié est diffusé à partir d’aujourd’hui à la médiathèque Arte et le jeudi 8 février à 21h40 sur Arte.
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