2024-10-25 01:00:00
Narges Mohammadi, lauréat du prix Nobel de la paix, emprisonné en Iran et gravement malade, se voit apparemment refuser tout traitement médical. Elle a été accusée de « propagande anti-État » et incarcérée dans la tristement célèbre prison d’Evin à Téhéran. Comment va-t-elle ?
Elle est en prison depuis novembre 2021 pour des condamnations liées à sa campagne contre la peine de mort et l’obligation du hijab en Iran. La Fondation Narges m’a raconté qu’ils y ont été violemment agressés il y a un mois et qu’ils souffrent encore aujourd’hui. De plus, un rapport d’angiographie soumis à la prison en mars a indiqué une récidive d’un blocage dans l’artère principale de son cœur. Elle en avait déjà souffert en 2021, et maintenant il y avait des complications. Elle a besoin de soins médicaux urgents. Cependant, le régime iranien refuse qu’elle soit transportée à l’hôpital.
Comme Narges Mohammadi, vous êtes également une opposante féministe. Parce que vous êtes accusé de terrorisme en Turquie, vous vivez en exil en France. Qu’est-ce qui vous relie les uns aux autres ?
Ni elle ni moi ne venons d’un pays comme l’écrivaine britannique Virginia Woolf. Mais nous sommes des femmes libres. Elle est libre, même en prison. Il y a quelques mois, elle a réussi un effort majeur pour rendre visible l’apartheid de genre en s’adressant à sept femmes à travers le monde. J’ai eu la chance d’être choisi par elle. Notre conversation a fait l’objet d’un numéro spécial du magazine bimensuel Société publié en collaboration avec l’association de journalistes « Reporter sans Frontières » en septembre. Nous sommes sœurs, je les admire. Même si elle est en prison, elle m’a posé de nobles questions. Il faut réfléchir davantage, écouter, remettre en question, discuter et parfois se déconstruire afin de construire ce lien fort avec les autres femmes. C’est de cela qu’il s’agit : se confronter aux difficultés sociales et politiques des autres. C’est un gros effort, encore et encore.
Comment peut-il être possible de défendre avec véhémence les femmes, les prisonniers politiques et les minorités ethniques dans de telles circonstances, notamment en prison ?
Il faut inventer des actions surprenantes qui peuvent déclencher de nouveaux processus : pacifistes, durables et artistiques. Nous devons perturber davantage. La continuité est importante et la visibilité.
Selon la Fondation Narges, Mohammadi a appelé depuis sa prison le 7 octobre pour mettre fin à la guerre au Moyen-Orient. Pouvez-vous imaginer comment on peut réussir à rassembler le courage ?
Narges Mohammadi est une femme heureuse. Le bonheur qui vient de l’amour lui donne le pouvoir de la vie. Ce sentiment trouve son épanouissement le plus fort dans l’expérience de la solidarité. Elle porte donc le fardeau de l’oppression. Votre clarté analytique, votre autonomie de réflexion et votre sensibilité sont sources de courage pour les autres. En m’envoyant ses questions depuis la prison, elle a aussi stimulé mes forces. Quand je pense à eux, je me sens encore plus habilité à m’engager à créer un monde dont nous serons fiers.
Narges Mohammadi avait exprimé sa solidarité avec la journaliste Dina Ghalibaf, accusée d’avoir accusé les forces de sécurité de violences et d’agressions sexuelles sur Internet lors d’une précédente arrestation. Que signifie pour vous la solidarité des femmes ?
Avec notre émancipation, nous dépendons les uns des autres. En unissant nos voix, notre intelligence et en mettant en commun nos ressources, nous pouvons faire la différence. Pour y parvenir, nous devons surmonter les frontières, les murs et les difficultés. La solidarité, c’est bien, mais nous y sommes aussi obligés.
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