La Suisse et le débat sur le changement d’heure : enjeux et perspectives

La Suisse et le débat sur le changement d’heure : enjeux et perspectives

La Suisse suit le rythme de l’Europe

En Suisse, comme dans près de 70 pays à travers le monde, le changement d’heure est une pratique qui a été introduite en 1981. La France l’avait déjà adopté en 1976, tout comme le reste de l’Europe, dans le but d’économiser de l’électricité : en passant à l’heure d’été, on profite davantage de la lumière naturelle du matin en été au lieu de devoir s’éclairer le soir.

En Suisse, l’heure d’été a été introduite non pas pour économiser de l’énergie, mais pour harmoniser l’heure de notre pays avec celle des pays voisins, selon les indications du Conseil fédéral en 2010. Lors du référendum du 28 mai 1978, la Suisse avait clairement rejeté le concept de l’heure d’été.

Aujourd’hui, les avantages du changement d’heure sont largement remis en question. Les économies d’énergie seraient minimes, surtout avec la généralisation de l’éclairage à basse consommation. Les longues heures d’ensoleillement en soirée réduisent le besoin d’éclairage, mais ce décalage crée également une demande en énergie le matin dans l’obscurité.

La climatisation complique également les calculs : l’heure d’été encourage l’utilisation de la climatisation dans les foyers en soirée, mais permettrait tout de même d’économiser une heure de climatisation en fin de journée dans les bureaux, selon cette étude du Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche, publiée en mars 2023.

Impacts sur la santé

Étant donné que les questions d’énergie ne sont pas résolues, ce sont désormais les arguments liés à la santé publique qui dominent le débat. L’heure d’été entraîne-t-elle une fatigue supplémentaire ou offre-t-elle l’opportunité de faire du sport en soirée? Les perturbations du rythme biologique peuvent-elles causer des problèmes de sommeil, d’appétit ou d’humeur?

Il est difficile d’analyser ces phénomènes, qui peuvent également être attribués aux changements de saison. Il en va de même pour la présumée augmentation des infarctus ou des accidents de la route. L’Office fédéral de la statistique (OFS), contacté à ce sujet, évoque des “difficultés méthodologiques” qui rendent tout simplement impossible de mesurer l’impact du changement d’heure.

“L’effet du changement d’heure ne peut guère être isolé, car il est masqué par d’autres effets”, explique de son côté Jürg Niederhauser, de l’Institut fédéral de métrologie (METAS). “Le simple fait que le changement d’heure au printemps tombe un dimanche pendant le week-end de Pâques, avec un temps très beau ou très mauvais ce jour-là, a déjà des effets importants (par exemple, un temps très beau entraîne une forte circulation de motos sur la route et donc plus d’accidents, etc.).”

La fin du changement d’heure annoncée

En 2019, le Parlement européen a approuvé une proposition visant à abolir le changement d’heure. Prévue en 2021, cette abolition est désormais en attente d’une décision du Parlement, repoussant ainsi son application. “Ce projet de fin du changement d’heure n’est plus à l’ordre du jour et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche”, a confirmé la France mi-mars.

Les États européens devront néanmoins un jour décider s’ils abolissent ou non le changement d’heure, et choisir le fuseau horaire qui serait alors adopté : l’heure d’hiver (heure “normale”) de manière permanente ou l’heure d’été de manière permanente. En Suisse, on attend et espère que les pays voisins parviendront à se mettre d’accord.

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