La tragique fin de Kurt Cobain: le suicide de l’icône du rock

« Je me déteste et je veux mourir » : « Je me déteste et je veux mourir » était le titre original du troisième et dernier album de Nirvana, finalement rebaptisé « In Utero » et sorti fin 93. Kurt Cobain, 27 ans, chanteur du groupe, s’est suicidé jeudi à son domicile de Seattle, États-Unis, État de Washington. Une balle dans la tête.

Son corps a été retrouvé vendredi par un électricien venu travailler dans sa résidence. Aux côtés de Cobain, une carabine et une lettre de sa main. La mort violente de son chanteur fait entrer Nirvana dans la légende. Celle des destinées tragiques à l’odeur de poudre et de soufre mêlés. Une histoire comme le rock sait en inventer.

Kurt Cobain restera la figure d’un mouvement auto-proclamé « grunge »

Chevelure filasse péroxydée, grands yeux de noyé, Kurt Cobain restera la figure d’un mouvement autoproclamé « grunge » (la crasse). Mal-vivre, ennui, dégoût, lassitude et hargne : la musique de Nirvana a su catalyser les tourments d’une jeunesse en panne de futur. À défaut de guide, une génération d’adolescents blancs américains se retrouve aujourd’hui flanquée d’une icône, un mythe comme le furent avant lui Jimi Hendrix, Brian Jones ou Jim Morrison.

Gloire et chaos

L’histoire de Nirvana débute au crépuscule des années 80, sur le label local Sub-Pop : le single « Love Buzz/Big Cheese » paraît en octobre 1988, préfigurant la sortie du rageur album « Bleach » l’année suivante. Guitare en avant et voix râpeuse, Kurt Cobain mène sa troupe sur les chemins d’un rock puissant et renaissant, fait de mélodies camouflées sous un déluge de décibels. Le groupe donne dans la foulée son premier concert français au Fahrenheit d’Issy-les-Moulineaux… devant 214 spectateurs.

1990 et Nirvana quitte l’indépendant Sub-Pop pour rejoindre Sonic Youth sur la major Geffen Records. Après avoir usé cinq batteurs, le trio se stabilise, avec le Croate Krist Novoselic (basse) et Dave Grohl (batterie). Les nouvelles compositions de Cobain se font plus mélodiques ; et pour Geffen Records, la chanson, « Smells like Teen Spirit » n’a pas que le parfum de l’adolescence : elle sent aussi le jackpot. Nirvana ravit le cœur des ados de la terre entière et vend cinq millions d’albums « Nevermind ».

Mal à l’aise dans son habit de rock star, Cobain endosse malgré lui le costume de victime du showbiz : le mot « grunge » est devenu un encombrant « phénomène de mode », la presse à scandale fait ses choux gras de l’héroïnomanie avouée de la nouvelle idole et de son épouse californienne Courtney Love, chanteuse du groupe Hole.

Viré de scène aux Grammy Awards pour avoir chanté, devant le gratin de l’industrie musicale US, « Rape Me » (« Viole-moi ») au lieu de leur gentil tube « Teen Spirit », Nirvana enchaîne déclarations sulfureuses, concerts chaotiques, mais aussi prises de position politique, comme pour casser l’image lissée concoctée par MTV.

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Rome, puis Seattle

« J’ai failli me tuer chaque jour pendant cinq ans, mais je n’ai jamais été aussi heureux qu’en ce moment »

« What is wrong with me ? » (« Qu’est-ce qui ne va pas avec moi ? »), s’interrogeait Cobain dans « Radio Friendly unit », un des titres de « In Utero ». À 26 ans, le chanteur devient le père d’une fillette baptisée Frances en hommage à Frances Farmer, ancienne vedette de Hollywood (elle aussi native de Seattle) qui avait subi une lobotomie après avoir été envoyée dans un hôpital psychiatrique.

Mi-93, Nirvana part en tournée. « J’ai failli me tuer chaque jour pendant cinq ans, mais je n’ai jamais été aussi heureux qu’en ce moment », confie Kurt Cobain au magazine anglais « New Musical Express ». « J’espère seulement que je ne serais jamais heureux au point de devenir ennuyeux, je pense que je serais toujours suffisamment névrosé pour pouvoir faire quelque chose de bizarre », ajoute-t-il.

Le 4 mars dernier, la tournée de Nirvana avorte : surdose de somnifères. Cobain est hospitalisé à Rome. Il passera un jour dans le coma, avant de regagner son domicile de Seattle où il se donnera la mort à peine plus d’un mois après.

Peu avant l’annonce de son décès, sa mère, Mme Wendy O’Connor, avait déclaré qu’elle était sans nouvelles de son fils depuis six jours, ajoutant qu’elle craignait le pire. « Maintenant, il est allé rejoindre ce club stupide », lançait-elle, faisant référence aux chanteurs de rock, morts prématurément.