La traque des trafiquants de drogue dans les “forêts de la drogue” en Italie

La traque des trafiquants de drogue dans les “forêts de la drogue” en Italie

Dans le nord de l’Italie, le marché de la drogue s’étend désormais aux abords des forêts, tout en infectant certains quartiers des centres-villes, à l’image de la Suisse. Les trafiquants, qui offrent un service de livraison aux résidents des campagnes, n’hésitent pas à utiliser des armes pour défendre leur territoire et effrayer les habitants.

Dans la province verdoyante et montagneuse de Varèse, située près du Tessin, une unité spéciale des carabiniers italiens patrouille intensivement la région. Ces hommes, vêtus de treillis et coiffés d’un béret rouge, sont équipés pour affronter des terrains hostiles. Leur spécialité est de traquer les chefs de la mafia dans les maquis de Calabre et Sicile, entre autres.

“Nous avons pour tâche de patrouiller les zones forestières, comme celle-ci, et, si nécessaire, d’arrêter les trafiquants. Notre expertise réside dans notre capacité à intervenir dans des endroits escarpés et difficiles d’accès. Nous sommes habitués à faire face à des situations dangereuses”, a déclaré un carabinier de l’unité spéciale Baschi Rossi lors d’une interview pour La Matinale de la RTS. Ces forces ont été appelées en renfort dans le nord de l’Italie pour rechercher les campements des dealers installés dans ce que l’on appelle désormais les “forêts de la drogue”.

Des bandes de trafiquants, principalement des jeunes clandestins maghrébins selon la police italienne, se cachent dans les bois où ils dissimulent les doses récupérées par leurs clients en bordure de la forêt. Le type de drogue, la quantité, le prix, tout est organisé via WhatsApp. Le point de rencontre est généralement marqué d’un signe peint par les dealers le long d’une route de campagne, loin des grandes villes, tel un sinistre “drive-in” du trafic de drogue.

Les habitants de la province de Varèse, avec ses vastes étendues boisées ponctuées d’étangs, vivent dans la peur en raison de ces trafics. Les morts et les blessés graves résultant d’altercations avec les dealers armés témoignent de leur dangerosité, estiment les résidents.

“Ils sont là, dans ces bois, derrière nous. Là-bas aussi. Ils sont partout. Il y a trois ou quatre ans, les choses étaient relativement calmes. Mais ils sont devenus agressifs, ils nous chassent, nous insultent, nous lancent des pierres. Une voiture arrive, le dealer sort du bois, il passe la drogue. Ça ne dure que quelques secondes. Que pouvons-nous faire ? Rien, car c’est risqué. Les forces de l’ordre sont déjà intervenues. Mais un mois plus tard, les dealers reviennent. Et ça recommence”, décrit une habitante.

“Je n’ose plus aller en forêt seule. Si je m’y promène, c’est avec mes chiens ou une autre personne, jamais seule. Absolument pas !”, déclare une autre.

“Il y a des passionnés de randonnée qui ont peur parce qu’ils savent que ces individus n’ont rien à perdre. Vous vous baladez, mais vous ne savez jamais à quoi vous attendre”, se plaint un client du bar de la place, appelé Ganna. “Lorsqu’ils les attrapent, ils sont libérés le lendemain. Mais ils devraient être éliminés… Assez ! C’est mon point de vue ! Sinon, le problème persistera !”, s’indigne un autre.

Plus bas dans la vallée, dans le village de Varèse, le commandant des carabiniers se réjouit des opérations de démantèlement menées ces derniers jours. “Avec l’unité des chasseurs, nous avons arrêté 20 individus et signalé 18 personnes. Soixante-dix-huit campements ont été démantelés. Nous avons saisi trois kilos de stupéfiants ainsi que près de 10 000 euros et des francs suisses”, se félicite le colonel Gianluca Piasentin.

Selon les enquêteurs italiens, la présence de francs suisses est la preuve que les clients viennent également du Tessin. “Le trafic dans les forêts a créé une offre de proximité avec des drogues disponibles près de chez soi, dans des zones éloignées des grands centres comme Milan, tout en offrant aux trafiquants un abri naturel grâce à la forêt. Nous pensons que ces deux facteurs ont favorisé le développement de ce phénomène, malgré les efforts considérables déployés pour l’entraver”, explique le colonel.

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