Dans la Trouée d’Arenberg, on ne gagne pas Paris-Roubaix, mais on peut le perdre. Ce secteur situé à plus de 95 km de l’arrivée est souvent le spectacle de nombreuses chutes et se révèle crucial dans l’Enfer du Nord. Le peloton y entre de manière très nerveuse, dépassant les 60 km/h après une fausse pleine descente où la route se rétrécit considérablement. La mise en place d’une chicane a suscité de nombreuses réactions.
C’est une blague ?
Dans le peloton, le champion du monde, ultra-favori et tenant du titre, Mathieu van der Poel a réagi sur X (twitter) : “C’est une blague ?“. Et il n’est pas le seul. Mais le président du syndicat des coureurs à l’initiative du changement, Adam Hansen, affirme au Nieuwsblad que la demande émane du peloton. “Un certain nombre de coureurs ont insisté pour qu’une solution soit trouvée. J’ai alors contacté l’ASO (l’organisateur de la course). Dans un premier temps, l’idée ne les a pas séduits, mais ils étaient prêts à coopérer si les coureurs étaient d’accord. J’ai donc donné la possibilité aux coureurs de voter et une majorité s’est prononcée en faveur de cette solution”.
La sécurité avant tout
Avec ce dispositif, Adam Hansen souhaite avant tout assurer la sécurité des coureurs, qui a été mise à mal ces derniers temps, à l’image de la terrible chute lors de la course À travers la Flandre. “Il est vrai que nous déplaçons un peu le danger, mais nous augmentons le contrôle que les coureurs ont sur ce point. Ils prennent ce genre de virage tous les jours, mais pas pour entrer dans les bois de Wallers. En y entrant à une vitesse beaucoup plus basse, cela réduit le risque de chutes dangereuses.”
Les organisateurs de Paris-Roubaix annoncent du changement avant la Trouée d’Arenberg : “En ce moment, les coureurs sont sacrément traumatisés”
Une solution qui n’est pas optimale, la faute au temps
Les délais de cette annonce, qui a été officialisée à quatre jours seulement du départ, étonnent aussi. Mais tout cela a été traité dans l’urgence, ce qui explique le placement de la chicane juste après le passage à niveau (qui se situe à une cinquantaine de mètres avant l’entrée du secteur). “Pour l’année prochaine, nous avons déjà des solutionsdéclare Salvatore Catiglione, le maire de Wallers. Aujourd’hui, il faut gérer l’urgence, qui est de passer par des aménagements de sécurité juste avant l’entrée de la Trouée. Pour l’année prochaine, nous avons quelques pistes qui sont déjà à l’étude, pour mettre en place quelques aménagements qui se feront sans doute avant le passage à niveau. Mais le temps nous a manqué pour mettre en place cette déviation dès cette année.”
De son côté, le directeur de course Thierry Gouvenou, bien que totalement d’accord avec la demande, remet en question d’autres facteurs. “Pour le moment, on demande aux organisateurs de mettre des pansements sur ce problème, mais à long terme, il va falloir réfléchir à la réglementation du matériel et peut-être aussi au comportement des coureurs.”
Pour avoir failli y perdre une jambe, je suis sans doute le mieux placé pour juger. Ce n’est absolument pas nécessaire.
Vainqueur en 1996, 2000 et 2002, Johan Museeuw n’a pas manqué de réagir, lui aussi, au Nieuwsblad. En 1998, il avait été victime d’un grave accident suite à une lourde chute dans cette fameuse tranchée. Elle lui a presque coûté une amputation après une fracture ouverte de la rotule gauche, qui s’est infectée. “Pour avoir failli y perdre une jambe, je suis sans doute le mieux placé pour juger, explique le Lion des Flandres, vainqueur en 1996, 2000 et 2002. L’organisation crée deux fois plus de stress pour les coureurs : une première fois pour être devant à la chicane, une deuxième fois pour tourner à la sortie de la chicane. Et je suis le premier à plaider en faveur d’une sécurité accrue. Mais je trouve que ce n’est absolument pas nécessaire ici. Car le problème se situe sur les pavés, pas devant. Je préfère rouler à grande vitesse plutôt qu’à petite vitesse sur les pavés. Maintenant, il y a un sprint jusqu’à la chicane, j’espère qu’ils ne tomberont pas là. Apprendre à se positionner sur une section pavée est aussi quelque chose qu’il faut maîtriser en tant que coureur.
Ce n’est pas la première fois que des changements sont opérés. L’année après l’accident, ils avaient emprunté le secteur dans l’autre sens. Mais selon le maire de Wallers, cette alternative n’est pas envisagée. “La prendre dans le sens inverse, comme en 1999, fait perdre le charme de la course. Selon moi, il faut garder le charme de cette Trouée d’Arenberg et l’ambiance que nous avons ici.” Dimanche, nous saurons si cette chicane aura joué sur le destin du vainqueur de Paris-Roubaix 2024.
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