La vaccination intraveineuse par le BCG contre la tuberculose a-t-elle un avenir ?

La vaccination intraveineuse par le BCG contre la tuberculose a-t-elle un avenir ?

La tuberculose (TB) reste la maladie bactérienne ayant le plus grand impact dans le monde, avec près de 10 millions de nouveaux cas chaque année, ainsi que la mort malheureuse de 1,5 million de personnes chaque année. À de précédentes occasions, j’ai mentionné qu’il existe divers efforts pour remplacer ou renforcer le seul vaccin disponible aujourd’hui contre la tuberculose : la bactérie atténuée (ne provoque pas de maladie chez les personnes immunocompétentes) Mycobacterium bovis Bacillus Calmètte-Guèrin, connu sous le nom de BCG.

Parmi les principales limitations du BCG figurent :

  1. Il a une efficacité de protection variable contre la tuberculose pulmonaire, qui survient dans 80 % des cas.
  2. La durée de l’immunité conférée par la vaccination intradermique par le BCG est estimée à environ 20 ans ou moins.
  3. Concrètement, le BCG est considéré comme un vaccin unique, alors qu’en fait il en existe au moins 15 variantes. De plus, environ 5 versions différentes du BCG sont appliquées dans le monde, dont il a déjà été démontré qu’elles diffèrent dans leur capacité à induire une réponse immunitaire dans les cellules sanguines obtenues à partir de donneurs vaccinés (ex vivo), ce qui suggère que cela pourrait avoir un impact sur différentes capacités à protéger contre la tuberculose.

Aujourd’hui, le vaccin BCG est appliqué au moyen d’une injection intradermique. La voie naturelle d’infection par Mycobacterium tuberculosis étant aéroportée, différentes études ont évalué l’hypothèse selon laquelle l’utilisation de la vaccination par cette voie et l’imitation de la voie d’accès régulière du pathogène à l’homme conduiraient à une meilleure protection contre la maladie. En raison du temps comme de l’espace, en plus d’être le modèle de recherche le plus proche de nous, je mentionnerai seulement que divers travaux menés chez des primates non humains ont montré, de manière générale, qu’il y aurait une meilleure protection contre la tuberculose lors de l’administration du BCG par voie aérienne par rapport à la vaccination actuelle par voie intradermique. Cependant, dans certains cas, l’amélioration a été marginale, ce qui conduit à la nécessité évidente d’ajouter des considérations éthiques (les effets indésirables éventuels chez les personnes seront-ils accrus si le BCG est immunisé par voie aérienne, par rapport à l’intradermique ?) aux questions pratiques (¿ comment atteindre une administration réussie de la dose sans causer d’inconfort majeur aux personnes recevant le BCG par voie aérienne ?) afin de déterminer si cette voie d’administration pourrait réduire les dommages causés par la tuberculose. Il existe déjà des études sur des modèles plus petits (souris et cobayes) où des tentatives ont été faites pour réduire la virulence résiduelle du BCG via l’élimination des lipides de surface ou des modifications génétiques qui atténuent davantage ce vaccin, comme notre candidat, BCGΔBCG1419c, bien sûr, sans perdre leur efficacité protectrice, mais au contraire, mieux protéger contre la tuberculose.

Face à cet état de fait dans le domaine de la recherche sur l’amélioration de la protection conférée par le BCG, et reprenant des études datant d’un demi-siècle, un autre groupe a récemment comparé, chez les primates non humains, la protection contre la tuberculose conférée par le BCG appliquée par diverses voies : intradermique (en 2 doses différentes), aérosol et intraveineuse. De manière assez frappante, la vaccination par le BCG par voie intraveineuse a entraîné la meilleure protection contre la maladie, à la fois pulmonaire et disséminée. Des études ultérieures ont contribué à suggérer divers facteurs de la réponse immunitaire comme déterminants possibles de la protection. Le sentiment de regain d’optimisme concernant la vaccination par le BCG intraveineux était tel que, de l’avis de divers experts, une pause s’impose afin de considérer, entre autres facteurs nécessaires avant d’arriver à de nouvelles études cliniques, au moins les questions suivantes :

  1. Les effets indésirables possibles chez les personnes seront-ils accrus si le BCG est immunisé par voie intraveineuse, par rapport à la voie intradermique ? Chez les primates non humains, diverses réactions généralement mineures et tolérables se sont produites. Cependant, il faut garder à l’esprit le fait que les rapports à ce jour incluent des résultats issus de conditions contrôlées (une seule souche de BCG testée parmi plusieurs utilisées chez l’homme, une seule souche de Mycobacterium tuberculosis qui ne reflète pas nécessairement la variété de ces maladies circulantes globalement, un seul type de primates non humains – les singes rhésus – qui ne reflètent pas l’hétérogénéité observée chez l’homme).
  2. Qu’adviendra-t-il de la protection contre la tuberculose si des personnes de différents pays sont vaccinées par voie intraveineuse et sont infectées par des souches de Mycobacterium tuberculosis de virulence variable ?
  3. Qu’adviendra-t-il des directives fixées par les autorités de régulation de chaque pays ? Quels pays accepteraient que des études cliniques y soient menées ?

Sans aucun doute, la discussion de ces questions entre chercheurs, entreprises pharmaceutiques et organismes de réglementation mérite d’être menée afin d’être clair sur la meilleure ligne de conduite afin de promouvoir une meilleure santé et une meilleure prise en charge de cette maladie.

2023-07-13 03:33:00
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