La vache qui mugit de plus en plus fort

Il est de plus en plus difficile de se promener dans les rues commerçantes d’une ville espagnole d’une certaine taille sans tomber à un moment donné sur une de ces vaches blanches avec des taches noires « garées » devant une boutique de cadeaux.

Ce spécimen de bœuf – accrocheur, bien sûr – est l’emblème d’Ale-Hop, la chaîne d’établissements qui propose “des produits amusants de sa propre conception à des prix abordables”. Et il croît d’année en année à un rythme record.

En 2023, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 224 millions d’euros (31,18 % de plus qu’en 2022), avec un bénéfice net de 41 millions (31 millions l’année précédente) et 31 nouveaux magasins. La vache meugle plus fort que jamais.

“Le travail acharné et les efforts déployés par l’équipe”, ainsi que des facteurs externes tels que “l’amélioration de l’économie et du tourisme que nous avions tant espérée au cours des trois dernières années”, sont à l’origine de son succès, reconnaît l’entreprise.

En seulement 23 ans, Ale-Hop a bâti un réseau de 300 établissements (la plupart en Espagne et au Portugal mais aussi en Croatie et en Italie) qui emploient 2 000 personnes.

Vicente Grimalt, 73 ans, est l’homme derrière la vache. Il est né à Gata de Gorgos, une petite ville d’Alicante de seulement 6 000 habitants près de Denia.

Fils et petit-fils d’agriculteurs, il a fermé la porte de la campagne pour laisser libre cours à son âme de commerçant, comme il l’a déclaré il y a quelques années au journal en ligne d’Alicante « elperiodic.com ».

Le jeune Vicente, accompagné d’un bon ami, a fait ses armes dans la rue en vendant des produits typiques de sa ville natale – paniers et chapeaux principalement – dans les villes festives de la moitié de l’Espagne.

Ne jamais s’endetter

Il a tiré de nombreuses leçons de cette époque folle, comme celle de travailler sans emprunts ni dettes. Il l’a appris quand, un jour, il s’est endetté plus que d’habitude pour accumuler des marchandises. Cet été-là fut plus pluvieux que d’habitude et les chapeaux étaient à peine suffisants pour résister à la pluie battante.

Plusieurs années plus tard, en 1991, il fonde Clave Dénia SA, l’actuelle société mère d’Ale-Hop. Elle se consacrait à l’importation et à la vente en gros de tous types de produits pour les magasins. Parallèlement, à Denia, avec sa femme, il ouvre un magasin de vente d’articles de cadeaux et de décoration (meubles, vaisselle, voire figurines Lladró…), appelé Clave.

Ale-Hop n’arrivera qu’en 2001, avec l’ouverture du premier magasin dans la rue La Paz à Valence, où ils commencèrent à vendre les plus petits articles les plus vendus à Clave.

Et pourquoi une vache comme revendication ? Grimal dit que l’idée lui est venue lors d’une de ses visites à des foires internationales, lorsqu’il est tombé sur cette curieuse réplique d’un animal qui, pour différentes raisons (“ces couleurs noir et blanc, ça donne du lait, c’est sacré en Inde.. .”), il a trouvé ça “joli”.

Il en a acheté deux pour tester son fonctionnement, et les clients ont rapidement commencé à associer ses magasins à l’animal. L’essor définitif d’Ale-Hop intervient en 2003, avec l’ouverture d’un magasin au cœur de Benidorm.

La formule du succès y était établie : vente de produits originaux, ludiques, à bon prix, et toujours dans des quartiers très fréquentés. Ils ont essayé le modèle de la franchise pendant un certain temps, mais depuis dix ans, ils se concentrent uniquement sur l’ouverture de leurs propres magasins.

La vache d’Ale-Hop devient de plus en plus omniprésente, dans le but de consolider sa présence sur les marchés internationaux où elle opère déjà, et en même temps d’explorer de « nouvelles opportunités ».