La vente des Sénateurs d’Ottawa : un dilemme à un milliard de dollars

La vente des Sénateurs d’Ottawa : un dilemme à un milliard de dollars

Le processus de vente des Sénateurs a pris une tournure fort intéressante, jeudi, lorsqu’on a appris que Remington Group, à laquelle s’était associé l’acteur Ryan Reynolds, s’est tout bonnement retirée de la course. Il y a quelques semaines à peine, on disait pourtant que cette entreprise était prête à allonger 900 millions pour acheter l’équipe.

Le problème, c’est que les Sénateurs ne valent pas cette somme.

Si les Penguins valaient 900 millions tout récemment, les Sénateurs ne peuvent pas valoir la même chose.

Les Penguins ont vendu presque tous leurs billets au cours des 15 dernières années, ils ont un contrat de télévision locale respectable et ils évoluent dans un aréna presque flambant neuf. Sans oublier le fait que la vente du club comprenait un vaste terrain adjacent, qui permettra au Fenway Sports Group de maximiser son investissement en faisant du développement immobilier.

De leur côté, les Sénateurs tirent le diable par la queue depuis 10 ans. Leur amphithéâtre désuet est situé au bord d’une autoroute de banlieue et une importante partie de leurs revenus est en dollars canadiens.

L’achat de la concession permettra aux prochains propriétaires de faire du développement immobilier au centre-ville d’Ottawa, autour de leur prochain amphithéâtre. Sauf que si les prochains propriétaires doivent allonger 900 millions de plus pour construire ce nouvel aréna, les coûts d’acquisition de l’équipe vont passer à 1,8 milliard.

Et là, ça ne marche plus.

Comme je le soulignais plus tôt, il est donc particulièrement intéressant de voir que les propriétaires de Remington Group, qui sont de prolifiques développeurs immobiliers du sud de l’Ontario, ont décidé de tirer leur révérence. Et quelques jours à peine avant la date limite de dépôt des offres d’achat qui avait été fixée par Galatioto Sports Partners, la banque d’investissement qui supervise la vente de l’équipe.

Selon plusieurs médias qui suivent de près le processus de vente des Sens, comme L’athlétisme et l’Citoyen d’OttawaRemington Group avait demandé qu’on lui accorde une fenêtre d’exclusivité de 30 jours afin de négocier une entente avec la Ville d’Ottawa et/ou la Commission de la capitale nationale (CCN) au sujet de la construction du futur amphithéâtre.

Cette permission leur a été refusée parce qu’elle aurait brimé les autres groupes prêts à acquérir la concession.

N’empêche, en agissant ainsi, les propriétaires de Remington Group ont probablement montré qu’ils sont des gestionnaires prudents et intelligents. Car le scénario qui s’offre aux acheteurs potentiels est l’équivalent d’un piège à homards. Une fois à l’intérieur, il n’est plus possible d’en ressortir.

La valeur réelle des Sénateurs dépend de l’éventuelle existence d’un nouvel amphithéâtre. Il faut donc être inconscient, ou avoir une tolérance au risque particulièrement élevée, pour s’engager à dépenser près de 1 milliard de dollars sans savoir qui paiera cet édifice. Avec 1,8 milliard, vous n’êtes pas loin d’acheter les Maple Leafs de Toronto ou les Rangers de New York.

Le terrain de quelque sept acres qui a été réservé pour bâtir le prochain domicile des Sénateurs est situé dans le secteur des Plaines Le Breton. Or, ce terrain appartient à la CCNqui est un organisme fédéral. Et le fédéral ne subventionne pas la construction de stades et d’amphithéâtres destinés au sport professionnel.

De plus, les dirigeants de la CCN ne s’ouvriront pas les veines pour que les Sénateurs s’établissent sur les Plaines Le Breton. On parle du plus important projet urbanistique des 50 dernières années à Ottawa. Il y a 53 acres à développer à proximité du parlement et ce projet ira de l’avant coûte que coûte.

La possibilité de construire ce nouvel aréna dans un autre secteur d’Ottawa, sur des terrains appartenant à la Ville, existe aussi. Mais le maire Mark Sutcliffe a déjà fait savoir qu’il n’est pas très enclin à utiliser des fonds publics pour construire un aréna au bénéfice d’une entreprise privée.

Au bout du compte, on se retrouve donc dans une situation presque loufoque.

Il y a cinq ou six groupes qui doivent déposer des offres d’achat d’ici le lundi 15 mai pour faire l’acquisition d’une équipe de sport dont ils n’ont aucune idée de la valeur réelle.

Si quelqu’un finit véritablement par débourser 900 millions ou 1 milliard pour acheter les Sénateurs, il sera donc intéressant de voir qui portera le bonnet d’âne à la fin. Un nouveau propriétaire qui se sentira floué, ou les bons citoyens d’Ottawa.
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