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La victime d’un viol collectif par des joueurs de hockey raconte son combat

by Nouvelles
La victime d’un viol collectif par des joueurs de hockey raconte son combat

La jeune femme violée à 15 ans par Noah Corson et deux autres joueurs de hockey n’a jamais abandonné malgré les obstacles et le long processus judiciaire, dans l’espoir d’en protéger d’autres et de donner du courage aux victimes pour dénoncer, peu importe le statut de leur agresseur.

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«J’ai mené le combat jusqu’au bout pour en protéger d’autres. Je pourrai enfin tourner la page et reconstruire une nouvelle vie, m’épanouir au travail et dans ma vie amoureuse», confie la victime de Noah-Lee Jetté Corson et deux autres joueurs de hockey mineurs à l’époque.

Le Journal a rencontré la femme, dont l’identité est protégée par la cour, dans un café quelques jours après le verdict. Corson, 25 ans, a été reconnu coupable vendredi dernier d’agression sexuelle avec la participation de tiers.



Le joueur de hockey Noah-Lee Jetté Corson lors de son procès en novembre dernier au palais de justice de Drummondville.


Photo Érika Aubin

Assise à quelques mètres de lui dans la salle d’audience, elle a alors senti «un énorme poids qui est tombé d’un coup».

«Enfin, on m’a crue et entendue», explique celle qui avait 15 ans au moment de l’agression.

Les deux autres mineurs impliqués avaient déjà écopé d’une probation avec suivi de 18 mois devant le tribunal de la jeunesse. Ainsi, on ne peut les nommer.

Presque six années se sont écoulées depuis qu’elle a dénoncé à la police le viol collectif survenu à l’automne 2016. Elle partage aujourd’hui son parcours avec l’espoir d’en encourager d’autres à dénoncer et pour faire réfléchir les jeunes sportifs sur leur comportement.

Peur des conséquences

Avant de prendre la décision de porter plainte, elle s’était imaginé «toutes les pires histoires possibles».

Elle craignait notamment de devoir témoigner à plusieurs reprises, d’avoir oublié trop de détails de la soirée pour être crue par un juge, de se faire traiter de menteuse par les nombreux amis des trois joueurs de hockey.

«Je minimisais ce qui s’était passé. Je me disais que c’était ma faute. Je n’aurais pas dû leur ouvrir la porte [de l’appartement] ou les suivre dans la chambre, j’aurais dû me débattre, se souvient-elle. J’avais même peur de gâcher leur carrière.»

Au moment de l’agression, deux d’entre eux portaient les couleurs des Voltigeurs de Drummondville dans le hockey junior majeur.

«J’ai voulu l’effacer de ma mémoire. Ça s’est reviré beaucoup en anxiété. Je ne sortais plus, aller à l’école était difficile. Je ne mettais pas les mots sur le pourquoi je commençais à avoir peur du monde», relate-t-elle.

Face à face avec sa photo

Mais il y avait constamment quelque chose qui lui rappelait l’agression qu’elle a subie. Comme la fois où elle est tombée face à face avec une affiche géante d’un de ses agresseurs alors qu’elle assistait à un match des Voltigeurs avec son père.

La parution d’un élogieux portrait sur Noah Corson dans un média a été la goutte de trop… surtout que le joueur était déjà accusé depuis deux ans déjà.

Or, la nouvelle concernant ses accusations n’avait pas encore été dévoilée publiquement, et le fils de l’ancien du Canadien Shayne Corson continuait à jouer dans une ligue professionnelle mineure, la East Coast Hockey League, aux États-Unis.

«Ça m’a fait mal, laisse-t-elle tomber au sujet de l’article. Il vivait sa meilleure vie à jouer au hockey et à voyager comme si rien n’était arrivé pendant que moi je souffrais et je vivais avec toutes les conséquences.»

Pendant qu’il était adulé pour sa carrière, elle a été hospitalisée à deux reprises en psychiatrie en raison de tentatives de suicide.

Pour avancer

Aujourd’hui, la jeune femme ressort du processus judiciaire visiblement avec fierté et la tête haute, malgré les longs délais et le stress.

«J’ai parfois cru qu’on avait oublié mon dossier. Mais au final, ça a été bien fait et ça valait la peine d’attendre. Le procès, c’est difficile, mais c’était nécessaire pour avancer et tourner la page», dit-elle avec le recul.

«Je sens que je peux repartir heureuse», ajoute-t-elle en souriant. Elle souligne l’accompagnement des intervenantes et du procureur de la Couronne, Me Marc-André Roy, qui «connaissait le dossier avec les yeux fermés».

Elle espère que les équipes de hockey feront maintenant un bout de chemin en sensibilisant davantage leurs joueurs, notamment sur la notion du consentement.

Le dossier de Noah Corson revient en mai prochain devant le tribunal pour les observations sur la peine.

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