Le maire de New York, Eric Adams, et la présidente du FC Barcelone, Joan Laporta, ont honoré l’équipe qui a brillé lors de la toute première tournée du club en Amérique en 1937 et a joué quatre matchs d’exhibition au Hamilton Metz Field (alors Commercial Field), à Brooklyn.
Lors de l’événement, des enfants de la région (âgés de 12 à 14 ans) évoluant à la Barça Pro Academy de New York sous le nom de South Bronx United ont lu les noms de tous les joueurs de l’équipe de 1937 afin de se souvenir d’eux et de la longue histoire du club aux États-Unis. Le bureau new-yorkais du club a créé ce souvenir dans le cadre des célébrations du 125e anniversaire du FC Barcelone, alors que l’équipe entame sa tournée dans trois villes américaines, jouant des matchs à Orlando, Baltimore et New York/New Jersey pendant la pré-saison. Les directeurs Miquel Camps, Xavier Puig et Joan Soler étaient également présents à la cérémonie.
Eric Adams, maire de New York :
« Le football mondial a sa place dans la ville du monde. Nous sommes ravis d’accueillir le FC Barcelone à New York pour commémorer son tout premier match exhibition aux États-Unis, qui a eu lieu ici même à Brooklyn. Alors que nous attendons avec impatience la finale de la Coupe du monde de la FIFA en 2026 et l’ouverture du premier stade de football de New York pour le NYCFC en 2027, nous revenons également sur la riche histoire du football de notre ville et sur notre rôle dans la tournée qui a permis aux superstars de Cruyff à Ronaldinho en passant par Messi de mener les Blaugrana à la gloire et d’inspirer les enfants du monde entier. »
Le président du FC Barcelone, Joan Laporta :
“La première fois que le FC Barcelone a mis les pieds sur le sol américain, c’était en 1937 à New York, un moment crucial pour la survie du club au milieu de la guerre civile espagnole. Notre équipe a joué ici, au Hamilton-Metz Field, au cœur de Brooklyn, qui était un stade de baseball connu à l’époque sous le nom de Commercial Field. À New York, le Barça a été reçu comme un authentique ambassadeur de la démocratie, comme un symbole de l’identité catalane et de la liberté dans la lutte contre le fascisme. Sans cette tournée, considérée comme l’un des moments les plus importants de l’histoire de Barcelone, elle n’existerait peut-être pas. Au nom du Barça, merci beaucoup à New York City pour son hospitalité historique !”
Conseiller municipal Francisco Moya :
« C’est un honneur de participer à ce moment, non seulement en tant qu’élu, mais aussi en tant que joueur de longue date et membre du plus grand club de football du monde ! En tant que personne qui considère Barcelone comme sa deuxième maison, c’est un privilège d’honorer le FC Barcelone avec une proclamation municipale, célébrant le 87e anniversaire de son premier match aux États-Unis. Cet événement commémore non seulement une étape historique, mais reconnaît également l’engagement continu du club en faveur du développement des jeunes et du changement social dans notre ville. »
La tournée qui a sauvé le club
La tournée du FC Barcelone au Mexique et aux États-Unis en 1937 est considérée comme l’une des initiatives les plus importantes de l’histoire de Barcelone, car elle a considérablement accru le profil international du club à une époque où l’Espagne souffrait de la guerre civile, et elle a permis au club de générer des revenus pour le soutenir pendant la période d’après-guerre.
Depuis sa fondation en 1899, le FC Barcelone est devenu un symbole de l’identité catalane pour sa défense publique des droits des Catalans. La forte position du club contre le fascisme a conduit les Blaugranas à se voir offrir l’opportunité de représenter le gouvernement républicain espagnol, ainsi que la Generalitat de Catalunya, afin de renforcer mondialement les valeurs républicaines dans la lutte contre le fascisme. À la fin des années 1930, l’économie du FC Barcelone était en difficulté en raison des efforts de guerre et du manque de concurrence. L’organisation elle-même était également la cible des rebelles fascistes qui ont exécuté le président du FC Barcelone, Josep Sunyol, au début de la guerre en 1936. Pour toutes ces raisons, le Barça a refusé de jouer la Copa de la República espagnole de 1937 et a plutôt envoyé une équipe d’expédition de vingt joueurs en Amérique pour sa première tournée de pré-saison aux États-Unis.
Le mardi 18 mai 1937, l’expédition Blaugrana commença son voyage en train jusqu’au port atlantique français de Saint-Nazaire, à l’embouchure de la Loire. Le voyage de Barcelone à la frontière avec la France était périlleux en pleine guerre. En effet, sur le point d’atteindre Portbou, la dernière ville de Catalogne avant de traverser la frontière avec la France, le train dut s’arrêter pendant des heures dans un tunnel à cause d’un raid aérien sur Gérone, dans le nord de l’Espagne, alors qu’elle était bombardée par les fascistes. Une fois le Club arrivé à Saint-Nazaire le 24 mai, l’équipe commença un voyage de 16 jours vers l’autre côté de l’Atlantique, arrivant sur la côte du Mexique le 8 juin.
Quatre matchs aux États-Unis
En Amérique du Nord, le FC Barcelone fut accueilli comme un ambassadeur du parti républicain, plus que comme une simple équipe de football. En fait, l’équipe fut chaleureusement accueillie au Mexique par le président Lázaro Cárdenas et son peuple, qui manifestèrent un fort soutien à la cause républicaine espagnole. Au début, le Mexique était la seule destination, mais le FC Barcelone étendit sa tournée aux États-Unis car, fin août 1937, un groupe de représentants de l’American Soccer League se rendit au Mexique pour offrir à Rossend Calvet, chef de l’expédition blaugrana, la possibilité que le Barça joue quatre matchs à New York. Calvet accepta la proposition en échange de cinq mille dollars, ce qui permit au Barça de se rendre pour la toute première fois aux États-Unis.
La présence du FC Barcelone à New York devint une grande attraction et les médias locaux rapportèrent que l’équipe fut évaluée à plus de 250 000 dollars à partir de ce moment, ce qui augmenta l’intérêt pour les voir jouer en direct. Le premier match eut lieu au cœur de Brooklyn, sur un terrain de baseball connu à l’époque sous le nom de Commercial Field (608 Lefferts Ave,), contre l’équipe de la Ligue américaine de football, Brooklyn Hispano, devant 6 000 personnes. Le FC Barcelone remporta ce match par 2-4 et l’ambassadeur républicain espagnol aux États-Unis, Fernando de los Ríos, fut invité à apparaître sur la photo avec l’équipe avant le match. Cette photo fut censurée par le régime de Franco après la guerre en Espagne.
Le Barça a également remporté le match suivant contre l’équipe de New York (3-4), en American Soccer League (0-2) et contre une équipe de football de la communauté juive (0-3), qui s’est joué de nuit sous les lumières, ce qui était très rare à l’époque. Lors du match 2 contre l’équipe de football de New York, l’une des barres transversales du but s’est cassée et est tombée, interrompant le match pendant 15 minutes. Heureusement, personne n’a été blessé. Des années après la tournée, l’attaquant du FC Barcelone Josep Escolà, a noté qu’il était très difficile de marquer contre l’équipe américaine malgré le fait qu’elle n’avait pas beaucoup d’expérience face à des équipes de football professionnelles comme le Barça. Selon Escolà, cela n’était pas dû à leurs tactiques défensives, mais au fait que les matchs se jouaient sur des terrains de baseball avec des monticules de lanceurs.
En fin de compte, les résultats furent le moins important de cette tournée. Les gains furent bien plus importants : le prestige international du FC Barcelone en tant qu’ambassadeur de la liberté d’un pays qui luttait contre le fascisme. Le bénéfice financier de la tournée de 1937 fut de 461 799,10 pesetas (12 500 USD), qui furent conservées dans une banque à Paris pendant toute la durée de la guerre. Des fonds essentiels qui permirent à l’organisation de se rétablir après la guerre.
Seule la moitié de l’expédition est revenue
Dans la situation dramatique dans laquelle se trouvaient la Catalogne et l’État espagnol à cause de la guerre, des joueurs comme Ventolrà, Urquiaga, García, Gual, Iborra, Pedrol et Tache décidèrent de ne pas rentrer à Barcelone et de s’installer au Mexique. Les joueurs Balmanya, Escolà et Zabalo restèrent en France. La moitié de l’équipe de l’expédition retourna à Barcelone, déchirée par la guerre : le délégué Rossend Calvet, l’entraîneur Patrick O’Connell, le thérapeute de l’équipe Àngel Mur, le gardien Modesto Amorós et les joueurs Argemí, Babot, Bardina, Rafa, Pagés et Munlloch.
