La ville frontalière de Kirkenes et son histoire chamboulée par la guerre en Ukraine

La ville frontalière de Kirkenes et son histoire chamboulée par la guerre en Ukraine

En Norvège, la ville de Kirkenes, frontalière avec la Russie, voit son histoire chamboulée depuis le début de la guerre en Ukraine.


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Le poste-frontière de Kirkenes, entre la Russie et la Norvège, en juin 2013. (CORNELIUS POPPE / AFP)

L’Arctique norvégien connaît comme un retour de guerre froide en cette fin d’année 2023. À seulement 250 km de la base navale qui abrite la plus puissante flotte russe et ses sous-marins nucléaires, la ville frontalière de Kirkenes, en Norvège, avait beaucoup prospéré grâce aux échanges et à la coopération avec la Russie. Or, depuis le début de la guerre en Ukraine, tout a changé, ou presque, dans cette ville qui représente la dernière frontière terrestre de l’espace Schengen encore ouverte aux touristes russes munis d’un visa.

Depuis octobre 2023, ils ne peuvent plus passer en voiture mais seulement en bus. Des restrictions qui s’ajoutent aux sanctions et chamboulent un peu plus le quotidien de cette ville, qui pendant 30 ans avait misé sur la coopération avec son grand voisin.

“Ça affecte beaucoup l’économie de la ville”

A quelques jours de Noël, ce jour-là, il est 13h, il fait -15 degrés, la nuit polaire est tombée et les commerces tournent au ralenti. “On a beaucoup moins de clients russes, ça affecte beaucoup l’économie de la ville” témoigne un homme. “Les Russes ont peur que la frontière ferme complètement, c’est ce qu’ils me disent” ajoute une femme.

Sur les 3 500 habitants de Kirkenes, 400 ont un passeport russe. 10% des habitants de la région ont des origines en Russie. Aux abords de la patinoire, Ailo, 32 ans, en témoigne. “On a des amis, des voisins, des enfants… Ma génération a grandi avec les Russes, ils font partie intégrante de la communauté. Il y a des débats, mais on est tous d’accord pour condamner l’invasion de l’Ukraine”, assure-t-il.

“Il est essentiel de maintenir de bonnes relations avec la Russie”

Ces derniers mois, de plus en plus de dissidents qui ne veulent pas rejoindre le front se sont installés ici. L’ancien maire, Rune Rafaelsen, a été la cheville ouvrière de la coopération transfrontalière : “Ici, c’est le centre géopolitique de la Norvège, là où se trouvent les vrais défis.” Il défend le fait que les bateaux de pêche russes continuent de s’amarrer et de se ravitailler au port malgré les sanctions. “Ce n’est pas pire que les nombreux pays européens qui achètent toujours du gaz à la Russie. Il est essentiel de maintenir de bonnes relations avec la Russie pour gérer la pêche en mer de Barents. C’est la cuisine de l’Europe !” s’exclame l’ancien maire.

Dans la taïga et sur la rivière gelée, les 200 km de frontière sont matérialisés par de simples plots et des bouées en été. En face, la Russie est barricadée derrière un grillage barbelé, muni de capteurs. Rolf Randa est garde-frontière à la retraite : “On a pour habitude de dire qu’on a un point commun avec les gardes frontières russes, on regarde tous à l’est. C’est leur principale mission : que leurs concitoyens ne s’enfuient pas en Norvège.” Plus de trente ans après la chute du mur de Berlin, l’avenir de la ville se joue à l’ombre d’un nouveau rideau de fer.

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