Dès le mois de mars 1994, les enquêteurs pensaient tenir les principaux suspects de l’assassinat de Yann Piat. Pourtant, c’est au hasard de leur travail quotidien que va se dessiner une piste plus élaborée dans l’affaire du guet-apens mortel tendu à cette députée du Var abattue par un motard à la sortie de sa permanence à Hyères le 25 février de cette même année.
“Ces deux personnes qui avaient été arrêtées ont fait figure pendant de longs mois de leurre raconte dans Les Voix du crime Jean-Pierre Bonicco, journaliste et auteur du livre Autopsie d’un crime exquis. L’affaire Yann Piat (Bartillat, 1999). Les policiers de Marseille continuaient d’enquêter sur le bar Le Macama. Alors c’était enquête classique, écoutes téléphoniques, filatures, etc. Mais tout ça ne donnait rien, si ce n’est que dans les conversations, on sentait très bien que les gens du Macama, enfin ceux autour du patron du Macama, faisaient attention à ce qu’ils disaient”.
Pourtant, c’est bien dans ce commerce du port de Hyères que se trouve la clé de toute cette affaire, et c’est une banale interpellation qui va y mener les enquêteurs. “Une délinquante hyéroise un petit peu connue des services de police, est arrêtée pour une affaire de chèque volé et croyant s’en sortir – de manière assez irresponsable je dois dire – elle confie aux enquêteurs qu’elle connaît le nom des voleurs de la moto qui a servi à l’assassinat de Yann Piat.”
Alors qu’on a dit que Yann Piat avait été tuée justement parce qu’elle s’opposait à un système (…) finalement, c’est sa mort qui a précipité la chute même de ce système
Ces deux voleurs s’appellent Marco Di Caro et Olivier Tomassonne. De là, les enquêteurs remontent la piste de ce qui va s’appeler “la bande du Macama”. “Ensuite, on rafle tout le monde”, explique Jean-Pierre Bonicco. “Et c’est à partir de là, pendant 48 heures, qu’ils vont procéder aux interrogatoires classiques qui se solderont par la mise en examen des assassins et des complices.”
Au total, sept personnes soupçonnées d’être impliquées dans les groupes mafieux locaux contre lesquels Yann Piat se battaient de son vivant, sont renvoyées devant la Cour d’Assises. En 1998, les deux principaux accusés Gérard Finale accusé d’être le commanditaire du crime, et Lucien Ferri le tireur, sont condamnés à la prison à perpétuité. Ils sont décédés depuis.
Quatre autres participants au commando ont écopé de peine de réclusion moindres et celui soupçonné d’avoir conseillé la stratégie des malfaiteurs a été acquitté. Hyères, elle, reste marquée par cet assassinat, de façon paradoxale.
“Alors qu’on a dit que Yann Piat avait été tuée justement parce qu’elle s’opposait à un système et qu’elle allait le dynamiter, que son arrivée à la mairie de Hyères risquait de tout faire sauter finalement, c’est sa mort qui a précipité la chute même de ce système”, résume Jean-Pierre Bonicco qui souligne que l’élue passée du FN à l’UDF reste la seule femme députée assassinée dans l’exercice de ses fonctions.
>> Les Voix du crime sont avocats ou avocates, enquêteurs ou enquêtrices, proches de victimes, de suspects ou de coupables. Ces témoins-clefs se confient au micro des journalistes de RTL. Des témoignages inédits, qui apportent un éclairage nouveau sur la justice et les grandes affaires criminelles d’aujourd’hui.
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