L’Afrique dans le temps du monde : l’analyse critique de Mamadou Diouf sur l’histoire africaine depuis les indépendances

L’Afrique dans le temps du monde : l’analyse critique de Mamadou Diouf sur l’histoire africaine depuis les indépendances

Dans son récent essai intitulé “L’Afrique dans le temps du monde”, le professeur sénégalais Mamadou Diouf, basé à l’Université Columbia de New York, offre une réflexion critique sur le rôle de l’histoire africaine depuis les indépendances, comme il l’expose dans le journal Le Monde du 11 novembre 2023.

Pour Diouf, au fur et à mesure que les centres de recherche africains se développaient dans les années 1950-1960, “l’histoire africaine s’est affirmée en tant que réévaluation d’un passé déprécié par l’Occident impérial, mais aussi en tant que décentrement par rapport à lui”. Elle s’est notamment appuyée sur “d’autres bibliothèques que la sienne, telles que la bibliothèque islamique et celle issue de la réalité historique hybride que le sociologue britannique Paul Gilroy a appelé « l’Atlantique noir »”. Ce concept visait, selon les termes de Mamadou Diouf, “la réinstallation de l’Afrique à une place pionnière dans le temps du monde”.

Ces travaux historiques s’inscrivaient dans une tradition plus large visant à “relire le passé des peuples noirs pour « revendiquer au présent [leur] dignité”, cite Diouf. Il ajoute que pour les Africains, “reprendre la main sur les écritures de son histoire, [c’était] réclamer une parité culturelle, créative, historiographique, et revendiquer un récit de l’universel enfin découplé de l’impérialisme occidental”.

Dans son ouvrage, Mamadou Diouf passe en revue les principaux courants historiques africains tels que ceux de Dakar, Ibadan et Dar es-Salaam. Il évoque également les figures marquantes de la discipline comme l’historien sénégalais Cheikh Anta Diop. Il analyse également les grands débats, notamment sur la place de la colonisation et de la traite négrière, ainsi que sur l’importance de l’oralité.

En conclusion, Diouf estime que l’histoire africaine cherche désormais moins à raconter l’histoire de l’Afrique que celle de “l’humanité en Afrique”. Inscrire le continent “dans le temps du monde” permettrait selon lui de “replacer des fragments de communautés culturelles dans une nouvelle tapisserie de la civilisation humaine”.

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