L’Afrique, nouvelle ligne de front entre l’Occident et la Russie

2024-08-21 20:58:10 Le président russe Vladimir Poutine, les dirigeants africains et les chefs de délégation posent pour une photo de famille lors du deuxième sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg le 28 juillet 2023.

« Camarade président Vladimir Poutine. » Le capitaine Ibrahim Traoré, béret rouge vissé sur la tête et musculeuse serrée dans un treillis léopard, rend hommage à son hôte avant de lancer une tirade anti-impérialiste. L’image durable du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu à Saint-Pétersbourg le 28 juillet 2023 est la collusion entre le jeune officier burkinabé, visage du coup d’État survenu 10 mois plus tôt à Ouagadougou, et le patron attentionné du Kremlin. « Nous partageons la même histoire dans le sens où nous sommes tous deux des pays qui ont le plus contribué à la révolution. [Russians and Africans] « Sont les peuples oubliés du monde », a proclamé le leader putschiste d’un ton solennel, avant de conclure par un « La patrie ou la mort, nous vaincrons » applaudi par un Vladimir Poutine enthousiaste.

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Il faut se rendre à l’évidence : la présence russe en Afrique n’est plus un fantasme. Elle n’est plus le mirage qu’on croyait initialement être, le produit fictif d’une guerre de l’information. Elle est désormais une réalité géopolitique, omniprésente sinon durable, une redistribution des cartes entre les puissances au sud de la mer Méditerranée. Au Soudan, au Niger, en Libye, au Burkina Faso, au Mali, en République centrafricaine (RCA) ou à Madagascar, Moscou tisse depuis 2017 et 2018 une toile d’influence au service de son nouvel agenda de confrontation avec l’Occident, sur fond de guerre en Ukraine qui ravive le clivage Est-Ouest.

La mort dans un accident d’avion, le 23 août 2023, d’Evgueni Prigojine, le chef de Wagner, le groupe paramilitaire qui fut l’arme secrète de la pénétration russe en Afrique, n’y a pas changé grand-chose. Un an plus tard, le Kremlin continue de déplacer ses pions. La seule différence est qu’il le fait désormais ouvertement. Loin de nier depuis toujours les signaux d’alarme tirés par les gouvernements occidentaux, la Russie de Poutine ne masque plus ses actions. Son ministère de la Défense a – pour l’essentiel – repris en main « l’empire » construit par Prigojine, notamment sur le continent africain.

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Un officier de haut rang comme Yunus-bek Evkurov, vice-ministre de la Défense, se déplace sans cesse dans les capitales africaines pour peaufiner les accords de sécurité. Hormis au Mali et en RCA, l’appellation Wagner a quasiment disparu des groupes russes en Afrique, remplacée par un Africa Corps, dont le nom est surprenant : l’Afrika Korps était le corps d’armée de l’Allemagne nazie qui opérait de l’Égypte à la Tunisie, sous le commandement du maréchal Erwin Rommel, de 1941 à 1943.

Reste à savoir si ce « clone » pourra égaler l’efficacité de l’ancien joyau de Prigojine – un complexe multiforme mêlant atouts militaires, économiques, politiques et médiatiques. Si l’ancien chef de Poutine a pu percer, c’est justement parce que l’autonomie croissante de Wagner, qui lui a finalement été fatale après sa mutinerie de juin 2023, l’a libéré des contraintes de la hiérarchie officielle. Le retour à un contrôle centralisé sous la bannière de l’Africa Corps sera-t-il aussi réussi ?

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