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L’agressivité au volant : un phénomène en augmentation

L’agressivité au volant : un phénomène en augmentation

Un doigt d’honneur… Qui n’en a jamais vu ? Qui n’en a jamais fait ? Qui n’a pas été tenté de sortir de sa voiture, histoire de balancer ses quatre vérités au conducteur qui grille une priorité ou démarre quelques secondes avant que le feu ne passe au rouge ? Parfois le passage à l’acte peut s’avérer dramatique. Comme à Schilde, près d’Anvers, à l’heure de pointe il y a quelques mois. Deux conducteurs de camionnette qui passent, pour une histoire de priorité, d’un échange d’insultes, à un échange de menaces. Et puis finissent par faire la course pour savoir qui des deux passera devant. Le conducteur le plus âgé, 67 ans, a roulé sur une berme centrale, a heurté le poteau d’éclairage qui s’y trouvait et s’est retrouvé sur la voie opposée. Où il a trouvé la mort, le conducteur d’un bus de ligne n’ayant pu l’éviter.

Il y a deux cas de figure de l’agressivité au volant”, commence Benoit Godart, le porte-parole de Vias, l’ancien IBSR, l’Institut belge pour la sécurité routière. “Lorsque cela reste dans le “verbal”, les injures, les bras ou les doigts d’honneur. Et lorsque cela passe au “non-verbal”, pour en découdre physiquement ou qu’on utilise sa voiture pour agresser un autre usager de la route. Il n’y a pas de chiffres officiels attestant les cas d’agressivité au volant. En revanche, des enquêtes réalisées par Vias permettent d’appréhender le phénomène. On connaît, par exemple quels sont les comportements au volant les plus irritants et qui donnent lieu à de l’agressivité au volant. Ne pas mettre son clignotant, rester sur la bande du milieu etc. La liste est disponible sur le site de Vias… Ce que l’on sait également, c’est que la crise sanitaire a généré des frustrations qui ont eu un impact sur la montée de l’agressivité sur les routes.” Ce sont les violences les plus radicales qui sont en augmentation. L’enquête réalisée par Vias l’an dernier montrait que 7 % des conducteurs déclaraient avoir été victimes de violences physiques perpétrées par d’autres usagers contre seulement 2 % cinq années auparavant.

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Le Belge n’est plus philosophe

Ces chiffres ne trouvent pas d’écho dans les statistiques disponibles au parquet, à la police ou chez les assureurs. Si peu d’éléments objectifs sont disponibles pour quantifier le phénomène, qualifier ses auteurs et expliquer leurs motivations, il nous reste les représentants des usagers de la route. Florine Cuignet est chargée de la politique bruxelloise au sein du GRACQ, le Groupe de recherche et d’action des cyclistes quotidiens, l’ASBL qui représente les cyclistes en Belgique francophone. “Il y a, dans le même temps, des choses qui se passent mieux au fur et à mesure que les aménagements se développent. Mais, globalement le ressenti partagé tant par les représentants des piétons et des cyclistes est que la violence sur la route a augmenté et qu’elle provient plutôt de l’automobiliste. Il semblerait que celui-ci se sente, au sein de son véhicule, dans une “bulle privée”. Et qu’une perturbation extérieure – coup de sonnette, coup de klaxon, geste de la main d’un piéton… – soit donc plus vite perçue comme une agression qui déclencherait en retour de l’agressivité…” Une étude réalisée par la Fondation Vinci au niveau européen, atteste l’existence de cette bulle privée ressentie par 10 % des automobilistes européens en moyenne. Mais 20 % pour l’automobiliste belge…

Devant Groen, Touring voit rouge

Un autre son de cloche résonne chez Touring, l’acteur belge historique du dépannage automobile et de l’assistance voyage. “La première des causes d’énervement qui sort de nos enquêtes, c’est l’utilisation du GSM. Et quand on y réfléchit, ce n’est guère étonnant. Dans un embouteillage, on constate que certains ne redémarrent pas: ils sont sur leur GSM. Si le nombre de voitures sur les routes a augmenté, la société, le monde du travail sont beaucoup plus stressés qu’avant. Voilà qui selon nous explique également l’augmentation de l’agressivité au volant. Mais le road rage, c’est aussi le résultat de l’incompétence des gouvernements successifs en termes d’adaptation des infrastructures et des visions de la mobilité. Et je ne parle pas des hommes ou des femmes. Je parle du système qui n’a fait que s’empirer avec la multiplication des institutions. Comment se retrouve-t-on aujourd’hui avec du jour au lendemain des “pistes cyclables” peinturlurées? Comment expliquer que l’autoroute A12 passe à une bande de chaque côté lorsqu’elle arrive à Bruxelles? C’est étonnant qu’une personne élue seulement avec 4.000 voix ait pu décider cela…”, explique Lorenzo Stefani, le porte-parole de Touring.

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Marie Thibaut de Maisières, la porte-parole d’Elke Van Den Brandt, la ministre bruxelloise de la Mobilité ici visée, réagit. “Je suis un peu choquée que Touring se fasse le porte-voix des chauffards et puise utiliser politiquement le road rage pour critiquer les choix de Bruxellois. L’immense majorité des automobilistes respectent le code de la route et les autres usagers au quotidien. En revanche, les chauffards créent le chaos et mettent tout le monde en danger. Les plans de circulation et les mesures de limitation de vitesse en ville ont justement pour but de sécuriser les voiries et leurs abords pour rendre la ville plus accueillante et sûre.” La porte-parole de la ministre Groen apportera trois explications à l’augmentation du road rage. Une détérioration de la santé mentale à la suite du Covid. L’augmentation de la taille et de la puissance des voitures qui peut donner à certains une sensation de surpuissance et d’immunité. Les vidéos d’exaltation de la violence motorisée que l’on retrouve de plus en plus sur les réseaux sociaux.

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Éviter le point de non-retour

L’agressivité au volant a augmenté : ce problème est de plus en plus abordé par les participants de toutes nos formations”, constate Marilys Drevet, instructrice chez Vias. L’institut Vias a développé, depuis 1996, des modules visant à aider de potentiels participants à résorber certains types de problèmes liés à la sécurité routière. Un module de formation porte spécifiquement sur “l’agressivité”. Il se déroule sur 30 heures et est utilisé par la justice comme mesure de médiation ou comme peine alternative. “Le nombre de participants ne permet pas d’extrapoler représentativement des caractéristiques à l’ensemble des auteurs de violences au volant. Mais nous n’avons que très rarement des femmes en formation. Et trois constantes : les participants considèrent leur voiture comme une extension de leur domicile, le véhicule empêche la communication, celle-ci fait souvent l’objet d’interprétation erronée. Le but minimal de nos 30 heures est d’empêcher que les gens atteignent le point de non-retour en matière d’agressivité au volant. Ce point de non-retour, c’est le moment où on sort de son véhicule. Parce que lorsqu’on sort de sa voiture, pour régler un contentieux, c’est rarement pour s’excuser…

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2023-09-16 09:30:00

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