2025-01-03 21:17:00
Damas (Syrie)La plus haute délégation de l’Union européenne à ce jour, composée de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock et de son homologue français Jean-Noël Barrot, s’est rendue ce vendredi en Syrie, signe d’un regain d’intérêt diplomatique à Damas depuis la chute de Bachar al-Assad. Une envie qui ne se limite pas aux pays occidentaux. Le même jour, le nouveau ministre syrien des Affaires étrangères, Assad al-Shaibani, a effectué son premier voyage international à Riyad, signe que l’Arabie saoudite souhaite jouer un rôle influent dans la Syrie post-Assad.
Après avoir atterri tôt le matin, la première étape de la tournée syrienne de Baerbock et Barrot en Syrie s’est déroulée à la prison de Sednaya, devenue un symbole des atrocités commises par le régime d’Al-Assad. Plus tard dans l’après-midi, ils ont rencontré le nouvel homme fort du pays, Ahmed al Shara, à qui ils ont transmis la volonté européenne d’aider à la transition en Syrie.
“Mon voyage aujourd’hui – en compagnie de mon homologue français et au nom de l’UE – est un signal clair adressé aux Syriens. Un nouveau départ entre l’Europe et la Syrie, entre l’Allemagne et la Syrie, est possible”, a déclaré Baerbock dans un communiqué public. Dans le texte, Baerbock, qui a également rencontré des membres de la société civile, évoque le passé radical de la milice Shara, affiliée à Al-Qaida jusqu’en 2017, mais note qu’il perçoit « leur volonté de modération et d’être « comprise ».
De son côté, Barrot, qui a exprimé son espoir que le nouveau moment politique aboutisse à une Syrie « souveraine, stable et pacifique », a rencontré les plus hauts représentants de plusieurs églises chrétiennes de Syrie. L’établissement de bonnes relations avec les pays occidentaux est une priorité pour les nouvelles autorités de Damas, qui ont demandé la levée des strictes sanctions économiques imposées au pays.
Preuve d’un renouveau démocratique
Cependant, les dirigeants européens et américains ont déjà exigé des preuves solides que le nouveau gouvernement sera inclusif, représentatif et respectera les droits des minorités. Cette dernière condition suscite des susceptibilités en Syrie. “Je suis désolé, mais poser la protection des minorités comme condition est un comportement colonial. C’était déjà un prétexte pour intervenir à l’Est”, raconte l’écrivain Yasin Haj Salej, revenu en Syrie après une décennie d’exil. “L’aide doit être versée sans conditions”, ajoute-t-il.
Plusieurs pays de la région ont également contribué à la frénésie diplomatique que connaît Damas. Outre la Turquie, qui soutient depuis des années les milices rebelles, l’Arabie saoudite s’est clairement engagée à établir des liens étroits avec le nouveau gouvernement. Alors que le ministre syrien des Affaires étrangères Al-Shibani conduisait vendredi une délégation comprenant le ministre de la Défense et le directeur des services de renseignement à Riyad, un quatrième avion transportant l’aide humanitaire saoudienne a atterri en Syrie dans une sorte de “pont aérien” de solidarité. D’autres monarchies du golfe Persique, le Qatar en tête, ont également envoyé des délégations et acheminé de l’aide humanitaire.
L’ouverture de bonnes relations avec les pays du Golfe est particulièrement importante pour la nouvelle élite dirigeante de Damas, notamment en raison de la pénurie d’essence dont souffre le pays, et qui est pour l’instant approvisionnée grâce à la contrebande en provenance du Liban. L’Iran, allié historique du clan Assad et grand adversaire de Riyad, a fourni jusqu’à 90 % du pétrole brut consommé par la Syrie, mais a cessé de le faire depuis le 8 décembre dernier. C’est précisément le fait d’occuper l’espace laissé par la Russie et l’Iran, et d’en empêcher la Turquie, pays non arabe, qui explique l’empressement des pays du Golfe à établir des liens avec le gouvernement syrien.
En revanche, deux autres pays importants de la région, l’Égypte et les Émirats arabes unis, ont fait preuve d’une attitude beaucoup plus tiède à l’égard des nouveaux dirigeants syriens. Très hostiles à l’idéologie islamiste, ni le Caire ni Abou Dhabi n’ont encore envoyé d’émissaire à Damas. Israël en est un bon exemple, puisqu’il a mené des centaines de bombardements en Syrie depuis début décembre. La dernière, jeudi soir, dans les environs d’Alep.
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