L’Allemagne, paradigme de la crise européenne

2024-09-07 01:14:11

La débâcle électorale des partis de la coalition gouvernementale sociale-démocrate allemande-Verts-libéraux lors des élections du 1er septembre dans les Länder de l’Est de Thuringe et de Saxe et la progression significative de l’extrême droite et de la gauche radicale reflètent le niveau élevé de mécontentement social.

L’attention portée par les politiques et les médias à la question de l’immigration sert à cacher les véritables racines de ce mécontentement : inégalités croissantes, perte de pouvoir d’achat, détérioration des services publics, coût du logement, déclin économique et industriel et retour à une politique d’austérité, alors que l’Allemagne et les autres pays de l’Union européenne (UE) ont plus que jamais besoin d’une politique industrielle, technologique, de défense et d’investissements publics déterminée pour ne pas prendre encore plus de retard sur les États-Unis et la Chine.

L’Allemagne est un paradigme de la crise socio-économique et politique dans laquelle s’enfonce l’UE, en raison de l’inertie et de la passivité de nombreux dirigeants européens qui, comme l’a souligné en avril le sauveur de l’euro et ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, continue de vivre avec les règles et la mentalité du « monde d’hier ».

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En Thuringe, les trois partis de la coalition gouvernementale allemande n’ont réussi à totaliser que 10 % des voix. Les sociaux-démocrates du chancelier Olaf Scholz sont arrivés cinquièmes avec 6,1% des voix, tandis que les Verts et les Libéraux n’ont remporté aucun siège au parlement du Land. Malgré un taux de participation très élevé de 73,6 %, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) d’extrême droite a remporté le scrutin avec 32,8 % des suffrages. Les deux partis de gauche radicale – la nouvelle coalition Aliança Sahra Wagenknecht (BSW) et L’Esquerra (Die Linke) – totalisent 28,9%, tandis que les conservateurs de la CDU obtiennent 23,6%.

En Saxe, la CDU l’a emporté de justesse avec 31,9%, suivie par l’ultra AfD avec 30,6%. La troisième place, comme en Thuringe, revient à la nouvelle alliance de gauche BSW avec 11,8%. Les deux forces de la gauche radicale cumulent 16,3% des suffrages, bien au-dessus des suffrages recueillis globalement par les trois partis de la coalition gouvernementale (13,3%). À l’échelle mondiale, en Allemagne, les sondages placent l’AfD comme la deuxième force du pays avec 18 % des voix, devant les sociaux-démocrates (SPD) avec 15 %. Lors des élections européennes de juin, l’AfD était déjà la deuxième force la plus votée (15,9%), devant le SPD (13,90%).

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L’Allemagne est le troisième pays de l’UE où la répartition des richesses est la plus inégale après la Suède et la République tchèque, selon les données du Global Wealth Databook 2023 de l’Union des banques suisses (UBS). Les 10 % des ménages allemands les plus riches détiennent 63 % de la richesse totale du pays. Les augmentations de salaires en Allemagne n’ont pas compensé la perte de pouvoir d’achat due à la hausse de l’inflation en 2022-2023 et les inégalités salariales s’aggravent dans le pays, selon le rapport Benchmarking Working Europe 2024 (CASE) de l’Institut syndical européen.

Aux critiques concernant les graves carences en matière de santé et d’éducation se sont ajoutées la congestion, la détérioration et le dysfonctionnement du réseau ferroviaire dus au manque d’investissement provoqué par la politique d’austérité de la chancelière Angela Merkel. En outre, dans les États d’Allemagne de l’Est, l’agitation des citoyens est aggravée par la conviction que ces derniers et leurs territoires sont traités comme des citoyens de seconde zone 34 ans après la réunification.

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L’économie allemande traverse une crise profonde avec quatre trimestres consécutifs avec un produit intérieur brut (PIB) annuel inférieur au même trimestre de l’année précédente et avec 209.000 chômeurs de plus en juillet qu’un an plus tôt, selon Eurostat. La production industrielle est inférieure de 4,1 % à celle d’il y a un an, l’activité de construction a encore chuté de 4,4 % par an et la confiance des investisseurs est à son plus bas niveau depuis huit ans. Le groupe Volkswagen envisage de fermer deux usines en Allemagne et le géant chimique BASF délocalise sa production hors du pays, tout comme Infineon, le plus grand fabricant allemand de semi-conducteurs.

Dans ce contexte, les ajustements budgétaires et les coupes dans les investissements, imposés par le ministre des Finances, le libéral Christian Lindner, semblent être la recette d’un désastre socio-économique et politique, avec la particularité qu’il est le partenaire mineur de la coalition gouvernementale et Son parti, le FDP, n’a le soutien que de 5% des électeurs, selon les sondages.



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