2024-06-18 10:44:59
C’est un cri de dénonciation, mais aussi d’espérance, qui vient d’une Église qui s’efforce être authentiquement synodalparticipative, missionnaire et inculturée
La mission en Amazonie a le goût d’un Évangile annoncé, témoigné et vécu non pas « la tête dans le sable » comme le font les autruches. Dans la formation intégrale que nous donnons aux responsables locaux – laïcs, prêtres et séminaristes – nous essayons de garder un pied dans la Parole et un autre dans la situation historique et géographique marquée par l’injustice et le manque de perspectives, surtout pour les plus jeunes. Comme indiqué dans divers documents, de Santarem (1972) àl’évangile de la joie (2013), en passant par Aparecida (2007), il s’agit de relancer un modèle d’« Église en sortie » vers les périphéries géographiques et existentielles, en poursuivant une évangélisation libératrice, inculturée et synodale, où tout le Peuple de Dieu est sujet et co-acteur actif. -responsable de l’évangélisation et où les gens sont formés à un ministère étendu, avec les femmes et les jeunes comme protagonistes. Le modèle de l’Église est celui d’une « pyramide inversée et à multiples facettes », par opposition à cette pathologie encore présente aujourd’hui qu’on appelle le cléricalisme.
Les séquelles de l’ère Bolsonaro se font malheureusement encore sentir dans l’air : après les événements tragiques de janvier 2023, avec l’assaut contre les institutions démocratiques du Brésil, certains groupes sociaux et évangéliques néo-pentecôtistes se sont unis contre le gouvernement actuel du président Luiz Inácio. Lula da Silva. L’objectif est d’endiguer tout processus démocratique par une sorte de prédication fondamentaliste basée sur la théologie idolâtre de la prospérité qui est exactement à l’opposé de l’Évangile et de la doctrine sociale de l’Église, inspirée par des dictatures militaires hyperlibérales et oppressives notamment envers les pauvres. , les leaders sociaux et les militants des droits humains et sociaux. En d’autres termes, le « bolsonarisme » n’a pas encore disparu.
Les Églises d’Amazonie, fidèles à l’Évangile de la vie, en communion avec le Pape François et toute l’Église universelle, veulent former des communautés authentiquement synodales, missionnaires et inculturées avec un « visage amazonien », en espérant un jour avoir elles aussi leur propre rite. , comme l’espérait le pape François dans la Lettre Chère Amazone.
Dans cette Église, j’apprends moi aussi à suivre le rythme des pauvres qui, contrairement au cynisme et à l’apathie qui règnent en Europe et dans le nord du monde, sont ici pleins d’espérance dans un autre monde possible tel que Dieu l’a rêvé. C’est pourquoi j’apprends d’eux, je me laisse évangéliser par eux, j’essaie d’écouter plus que d’enseigner et en même temps je m’efforce d’offrir ces outils intellectuels qui nous permettent de démasquer la réalité de l’exclusion et de leur rendre la Parole. refusé depuis si longtemps. Il s’agit en quelque sorte d’appliquer l’enseignement de Don Lorenzo Milani en Amazonie, avec une théologie dialogique, interculturelle, transculturelle, ouverte à la multiplicité des savoirs, comme l’a bien indiqué le Pape François dans le Vla joie de la réalité
Apprendre des peuples originels, c’est aussi proposer un style profondément écologique, respectueux de l’action communautaire et symbolique, à travers des rites, des symboles et des mythes qui, comme l’a si bien dit le cardinal Felipe Arizmendi, responsable de la pastorale indigène en Amérique latine, peuvent être pleinement intégrés dans le théologie de l’Église, en atténuant ces aspects nettement logocentriques et en relançant un type de théologie contextuelle plus fidèle aux peuples autochtones.
L’avenir de l’Église et de la planète viendra du Sud du monde et du modèle écologique des peuples originels qui, avec leur “o bem viver” (“bien vivre”), s’opposent au modèle capitaliste extractiviste qui crée tant de problèmes. pour notre “Maison commune”.
Le pape François nous l’a également rappelé avec force, tant dans le Loué oui que dans Louons Dieudans lequel il nous met en garde et nous encourage à agir immédiatement et efficacement, en changeant nos modes de vie et en construisant une économie circulaire et des « biens communs ».
C’est beau et encourageant de voir comment l’évêque et les prêtres d’ici se rendent régulièrement à l’intérieur de la forêt, dans les périphéries urbaines ou dans les bidonvilles; il est réconfortant d’assister à l’ordination de plus de 70 diacres permanents et à la mise en place du lectorat et de l’acolyte des animateurs communautaires ; cela fait chaud au cœur de voir les jeunes protagonistes des processus pastoraux.
Même la nouvelle de l’échec de la ratification, en novembre dernier par le Parlement brésilien, de la loi qui empêche la soustraction des territoires indigènes donne de l’espoir : quelque chose de nouveau se produit, la politique au Brésil s’engage à arrêter l’inexorable déforestation et à protéger en grande partie les populations. de l’Amazonie.
Un point sensible reste cependant la question des énergies fossiles sur laquelle Lula n’a pas voulu prendre position lors de la dernière COP28 à Dubaï, aux côtés d’autres producteurs de pétrole. Avec le Réseau Ecclésial Pan-Amazonien (Repam), nous nous sommes engagés à réaliser une formation généralisée qui sensibilise les citoyens à l’urgence d’une écologie intégrale qui est authentique si elle part d’une conscience purifiée par l’individualisme et infectée par ce que Saint Jean-Paul II appelait le « structures du péché ».
Seule une Église fidèle à l’Évangile et à la prophétie de Vatican II, seule une Église pauvre et pour les pauvres, seule une Église de paix prête à payer pour ses choix, comme l’avait si bien dit Mgr Luigi Bettazzi, pourra représenter cela. « sentinelle du matin » qui annonce de nouvelles aubes.
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