Lancement de la production de métaux irradiés sur le site nucléaire de Civaux pour la Défense nationale

Lancement de la production de métaux irradiés sur le site nucléaire de Civaux pour la Défense nationale

Sébastien Lecornu, accompagné de deux membres de la direction d’EDF, a atterri en hélicoptère en milieu d’après-midi ce lundi sur le site nucléaire de Civaux. Un rendez-vous qui ne figurait pas à son agenda officiel. Ce soir, ils annoncent conjointement le lancement d’une production de métaux irradiés, destinés à compléter nos armes de dissuasion.

Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, était en ce lundi 18 mars après-midi de passage pour visiter les installations nucléaires de la centrale de Civaux. Il s’agissait d’une visite technique “qui était dans les tuyaux” depuis un moment, nous avait-on expliqué du côté de la préfecture de la Vienne.

Bien que ce déplacement était absent de son agenda et qu’aucun journaliste n’y avait été convié, le ministre des Armées était donc bien là en visite officielle, avec Cédric Lewandowski, directeur exécutif d’Electricité de France (qui représente le PDG d’EDF, empêché aujourd’hui) et son adjoint, Etienne Dutheil, directeur de la production nucléaire d’Electricité de France.

Fin janvier, le site de production électrique a fait l’objet d’un grand exercice de sûreté nucléaire.

Une visite qui intervient dans un contexte de tension accrue entre la France et la Russie à propos de la guerre en Ukraine.

Une réunion, à huis clos, avec des élus du territoire, a complété leur programme en préfecture de Poitiers en début de soirée.

À l’issue, le ministre et les directeurs d’EDF ont fait des annonces importantes. La centrale de Civaux va être mise à contribution pour produire des métaux irradiés destinés au Commissariat à l’Energie Atomique.

C’est un objectif de Défense qui était en projet depuis une bonne dizaine d’années, depuis les années 1990 d’après l’AFP, qui passe en phase opérationnelle. Une demande d’autorisation est en cours d’instruction auprès de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, probablement examinée courant septembre 2024. L’objectif visé est de réaliser un premier test lors d’un arrêt de tranche en 2025.

Une telle implication d’une centrale nucléaire civile dans l’industrie de la Défense est inédite dans notre pays. Le dispositif n’est cependant pas une totale nouveauté puisque pratiqué aux États-Unis par une centrale nucléaire gérée par la Tennesse Valley Authority. Il s’agit de la plus grande entreprise d’électricité américaine, et des équipements les plus récents.

C’est à ce titre que la centrale de Civaux a été retenue, c’est l’équipement nucléaire le plus jeune du parc français, et à ce titre, celui qui a la plus grande longévité possible à ce jour.

Avec l’appui du CEA, un service d’irradiation va donc œuvrer à Civaux. Seront insérés, dans le cœur des réacteurs, parmi le combustible habituel, des matériaux contenant du lithium. Ils resteront en place pour tout un cycle (16 mois environ), puis déchargés dans des conteneurs, et transférés au CEA en vue de produire du tritium. “C’est un gaz rare indispensable aux armes de la dissuasion”, nous précise le communiqué du ministère.

Le ministre a insisté sur ce point : “La dissuasion s’inscrit dans le temps long”. Ce procédé va permettre à la France de disposer d’un moyen redondant pour sécuriser les apports militaires en tritium. “Le projet engagé aujourd’hui vise à permettre aux personnes en charge de notre Défense dans 10 ou 15 ans à disposer du plus de moyens possibles, pour conserver toutes les options ouvertes.” a déclaré Etienne Dutheil, reprenant les propos du Ministre.

Pour l’instant, seul le CEA est producteur de tritium en France. Une convention sera signée entre l’Etat, le CEA et l’ASN pour encadrer ce dispositif, ainsi qu’un contrat entre EDF et le ministère des Armées pour établir la rémunération de cette activité. Activité anecdotique par rapport à la production d’électricité (et à l’impact marginal sur le volume d’énergie) qui restera la mission principale de la centrale de Civaux.

Pour avoir la redondance la plus robuste possible, les deux réacteurs de la Vienne seront concernés à terme par cette activité d’irradiation.

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