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Lancement d’un programme de subventions pour la décarbonation de l’industrie par le gouvernement allemand

by Nouvelles
Lancement d’un programme de subventions pour la décarbonation de l’industrie par le gouvernement allemand

Le gouvernement allemand a lancé un programme sans précédent de subventions pour la décarbonation de l’industrie, une initiative phare dotée d’une enveloppe de 23 milliards d’euros et qui s’étalera sur 15 ans.

Berlin entend financer la décarbonation des grands émetteurs industriels grâce à un nouveau système d’enchères, baptisé « contrats de protection du climat » ou « contrat d’écart compensatoire » — qui favorise les entreprises les plus efficaces en la matière.

Grâce à ce nouveau système, « nous encourageons les installations industrielles modernes et respectueuses du climat de demain »a expliqué mardi (12 mars) Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie et de l’Action climatique.

Depuis mardi, les entreprises d’Allemagne, première nation industrielle de l’UE, qui émettent plus de 10 000 tonnes de CO2 par an peuvent concourir pour la première tranche de 4 milliards d’euros, versée sur 15 ans.

Un deuxième appel d’offres de 19 milliards d’euros suivra à l’automne. Les entreprises sélectionnées devront à terme réduire leurs émissions de 90 %.

La majeure partie de la production industrielle du pays, qu’il s’agisse de papier, de produits chimiques ou de ciment, nécessite des combustibles fossiles. Et même si les entreprises peuvent techniquement réduire leur consommation de ces ressources, le coût est parfois trop élevé.

Le système choisi par Berlin permet donc aux entreprises de proposer un prix fictif du carbone qui leur permettrait de rester compétitifs tout en adoptant des méthodes de production plus propres.

Ces offres peuvent aller de plusieurs centaines d’euros pour les secteurs les plus difficiles à décarboner, comme l’acier ou le ciment, à des montants à deux chiffres dans des secteurs de production plus facile à décarboner, comme la production de papier, de confiserie ou la verrerie.

Un fabricant de vitres pourrait par exemple calculer qu’en adoptant un four électrique à hydrogène, il serait sur la bonne voie pour atteindre la neutralité carbone. Mais un tel four peut être deux fois plus cher que ceux fonctionnant au gaz naturel utilisés par la concurrence. Par conséquent, la neutralité climatique ne serait rentable qu’avec un prix du CO2 d’au moins 150 euros par tonne, ce qui représenterait l’offre minimale de l’entreprise.

Tant que le prix du CO2 sur le marché du carbone de l’UE est inférieur au prix proposé, les entreprises recevront un financement du gouvernement. Toutefois, si le prix fictif dépasse le prix du CO2, les entreprises doivent rembourser la différence, ce qui les incite à faire des offres aussi élevées que possible tout en restant réalistes dans leurs estimations.

Les contrats ont une durée de 15 ans et aucune offre d’entreprise ne peut dépasser 1 milliard d’euros en coût total pour le gouvernement. Un plafond de 1,3 milliard d’euros existe pour chaque industrie, comme le papier.

De la recherche à la mise au point

Les scientifiques ont mis au point ce projet en réponse au problème de l’œuf et de la poule dans l’industrie : lorsque les prix du CO2 seront suffisamment élevés, il sera trop tard pour que l’industrie effectue une transition en douceur.

« De la proposition théorique à la réalité politique climatique en sept ans »a commenté Jörn Richstein, l’un des chercheurs qui a proposé l’approche en 2017.

Robert Habeck a souligné qu’à ce jour, aucun autre pays industriel n’a adopté une approche similaire — même si beaucoup étaient intéressés.

« Nous espérons que cette initiative donnera le coup d’envoi de la transition vers une industrie propre, dont nous avons tant besoin, qu’elle conduira à des progrès technologiques et permettra d’éviter plusieurs centaines de millions de tonnes d’émissions de CO2 »a déclaré M. Richstein.

Selon le ministère de M. Habeck, 350 millions de tonnes de CO2 grâce à l’ensemble de l’initiative.

Dans quatre mois, les résultats de la vente aux enchères seront rendus publics. Les entreprises disposeront alors d’un délai de trois ans pour commencer leur processus de décarbonation.

Au cours des trois premières années suivant le début officiel du contrat, elles devront réduire leurs émissions de 60 % et atteindre 90 % la dernière année.

Après cette vente aux enchères pilote de plusieurs milliards d’euros, une deuxième vente verra les entreprises se disputer 19 milliards d’euros — sans aucun plafond sur les offres et les méthodes de captage et de stockage du carbone (CCS) seront autorisées.

Les entreprises des secteurs du ciment et de l’acier, pour lesquels les volumes d’investissement nécessaires à une décarbonation sont élevés, pourraient alors bénéficier d’une nouvelle chance d’obtenir des subventions de l’État. Le deuxième cycle de subventions publiques à l’industrie doit encore être approuvé par Bruxelles.

Auparavant, l’Allemagne s’est engagée à verser 7 milliards d’euros pour aider les quatre grandes entreprises sidérurgiques, à savoir Thyssenkrupp, Arcelor Mittal, Salzgitter et Saarstahl.

Contrairement aux attentes, ces entreprises peuvent bénéficier du programme de contrats de protection du climat pour leurs hauts-fourneaux à charbon actuels, mais pas pour ceux à hydrogène récemment construits.

Des tranches supplémentaires de subventions sont attendues pour 2025 — à terme, le montant total alloué au programme se situe aux alentours de 50 milliards d’euros.
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