2024-02-12 18:32:49
AGI – Il bombardement qui a détruit l’abbaye de Montecassino, le 15 février 1944, est accueilli avec un sentiment de libération et d’enthousiasme par les soldats alliés déployés sur les pentes, qui voient dans cet édifice un ennemi de pierre à vaincre, un obstacle à la percée de la ligne Gustav et des défenses allemandes. La valeur symbolique a été amplifiée par la propagande alliée dont les correspondants militaires de guerre ont filmé les ravages du lieu sacré sous tous les angles possibles. Tout avait été fait pour épargner l’abbaye, mais le traducteur d’une dépêche allemande avait confondu le mot “Abt”, abbé, avec l’abréviation de “Abteilung”, département militaire, déduisant qu’à l’intérieur des murs il y avait “c’étaient les soldats du maréchal Albert Kesselring à la place de Mgr Gregorio Diamare. Lorsque les Alliés se rendirent compte de cette tragique erreur, les bombardiers étaient déjà partis en mission et il n’était plus possible de les arrêter.
Les corrections et ajustements du front dans ce secteur répondirent aux tactiques défensives de Kesselring, frustrant les efforts continus des attaquants. Le atterrir à Anzio (22 janvier 1944, opération Shingle) n’avait pas donné les résultats escomptés et avait failli aboutir à un désastre. Les Gustav tiennent et dans la vallée de Liri près de Cassino, le 14e corps blindé du général Frido von Senger et Etterlin bloque la route de Rome en utilisant les massifs des Apennins, la conception fluviale et les ouvrages fortifiés créés, gagnant du temps dans les combats le long de la Ligne. de l’hiver. L’abbaye de Montecassino, d’en haut, veillait sur les misères des hommes et les tragédies de la guerre, dominant la scène de la guerre.
Le lieu sacré avait été fondé par San Benedetto en 529. Le roi gothique Totila l’avait visité en pèlerinage, mais les Lombards l’avaient rasé en 591, quarante ans après la mort du fondateur. L’abbaye avait été profanée et détruite à nouveau en 883 par les Sarrasins (la reconstruction n’eut lieu que soixante-dix ans plus tard) et n’aurait même pas été épargnée par le tremblement de terre de 1349. À Montecassino, les trésors culturels de l’Antiquité avaient été sauvés, comme le œuvre de Virgile, et a conservé l’héritage du classicisme grâce à l’ordre bénédictin qui, en 1866, avait réussi à éviter la suppression de plusieurs ordres monastiques décidée par le gouvernement du Royaume d’Italie.
Dans la fureur de la Seconde Guerre mondiale, cette oasis de paix et de spiritualité était perçue par les soldats alliés comme une barrière impitoyable et insurmontable qui exigeait un tribut continu de sang et empêchait la percée du Gustav. La frustration face aux échecs sur le front a poussé de manière irrépressible vers la décision de détruire l’abbaye, considérée à tort comme un point d’observation allemand implacable à signaler le moindre mouvement sur le champ de bataille et à déclencher des contre-attaques, avec des tirs d’artillerie ciblés et des affrontements d’infanterie. Le général néo-zélandais Bernard Freyberg n’en doutait pas et demanda à plusieurs reprises, pour finalement l’obtenir, le disque vert après le tapis de bombardements.
Le commandant en chef Dwight Eisenhower, avant de débarquer en Sicile, avait écrit au général George Marshall qu’il fallait user de toutes les précautions dans un pays muséal comme l’Italie pour « éviter la destruction » d’œuvres d’art « inamovibles », mais pour autant qu’elles n’entravaient pas les opérations militaires. Et il avait précisé à tous les commandements, le 29 décembre 1943 : « Nous combattons dans un pays qui a beaucoup contribué à notre patrimoine culturel, un pays riche en monuments qui depuis leur création témoignent de l’essor d’une civilisation qui est la nôtre. ” Nous sommes obligés de respecter ces monuments dans la mesure où la guerre le permet. Si nous devons choisir entre détruire un édifice célèbre ou sacrifier nos soldats, la vie de nos hommes compte infiniment plus que l’édifice. Mais le choix n’est pas toujours aussi clair. ” Dans de nombreux cas, les monuments peuvent être sauvés sans nuire aux opérations. ”
Ce n’était pas le cas de l’abbaye de Montecassino. Le compétent général Senger, antinazi et anglophile sans le cacher, était un laïc bénédictin (il avait pris les ordres mineurs) et donc particulièrement sensible à la signification spirituelle, culturelle et morale de l’abbaye. Il avait fait tout ce qui était possible et impossible pour sauver les trésors gardés par les moines, y compris l’ancienne bibliothèque d’une valeur incommensurable, et la propagande allemande avait longtemps insisté sur le travail salvateur des Allemands (en taisant évidemment que sur certaines œuvres d’art il avait le Reichsmarschall Hermann Goring, collectionneur et pilleur compulsif, a mis la main dessus). Malgré ce que prétend la propagande alliée pour justifier les échecs, et notamment l’agence Reuter, il n’y a pas un seul soldat allemand dans l’abbaye.
L’abbé Mgr Gregorio Diamare l’avait déclaré publiquement et par écrit, et l’ambassadeur d’Allemagne près le Saint-Siège, Ernst von Weizsacker, l’avait réitéré à trois reprises (7 novembre et 23 décembre 1943 ; 12 janvier 1944). Le général Senger, pour qui l’éthique et « l’honneur du soldat et du chrétien » ne sont pas un détail négligeable, avait également fait délimiter un périmètre d’un rayon de 300 mètres interdit aux soldats allemands, même blessés, conformément à un décret explicite. désir du Vatican.
Le général Francis Tuker, commandant de la 4e division indienne, faisait pression sur le Néo-Zélandais et protestant Freyberg pour qu’il rompe cette absurde « Trêve de Dieu » et procède à un bombardement aérien pour anéantir l’abbaye. Le 15 février est le jour où l’église est dédiée à sainte Scholastique, sœur jumelle de saint Benoît de Norcie. La veille, les avions bimoteurs alliés ont largué des milliers de tracts adressés aux « amis italiens » réfugiés dans le monastère, leur ordonnant de partir car les avions largueraient les bombes le lendemain. L’abbé Diamare, octogénaire, vient de terminer de célébrer la messe devant cinq moines et quelques centaines de civils. Il est 9h45 : 142 B-17 Flying Fortress, 47 Mitchell et 40 Marauders vomissent 400 tonnes de munitions par vagues.
Les caméras alliées positionnées sur les pentes du Mont Cassin filment ce martyre d’explosions et de nuages de fumée qui n’épargneront que la crypte. Quand la poussière se dissout, l’abbaye n’est plus là. Les parachutistes allemands occupent les décombres qui deviennent une forteresse : Montecassino Festung. Le 15 mars, toute la zone de Cassino sera visée par plus de trois cents B-24 et B-17, puis par 250 autres bombardiers lourds de la 15e Force aérienne, mais l’infanterie aura le mot décisif. Les soldats du général Władysław Anders hissèrent le drapeau polonais sur les ruines de l’abbaye conquise le 18 mai, remportant la quatrième et dernière bataille. L’Osservatore Romano écrivait alors à propos du Mont Cassin : « de ses décombres fumants surgit un reproche et un avertissement à notre malheureuse génération qui, dans la violence haineuse qui la choque, détruit des œuvres plus sublimes que la vertu et le génie n’ont pu le faire. s’élever en l’honneur de Dieu avec l’appel incessant vers Lui des rachetés”. La Ville éternelle, Rome, n’accueillera les Alliés en libérateurs qu’à la veille du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944.
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