L’utilisation du numérique pour le suivi des patients suscite quelques craintes, dont le risque de déshumanisation des soins. Deux expériences consacrées au suivi de patients montrent exactement le contraire, à condition que les besoins soient bien identifiés et les moyens mis pour optimiser l’organisation des soins, notamment du côté infirmier.
CAPRI, le suivi infirmier informatisé en oncologie
La première expérience a été menée à l’hôpital Gustave Roussy (Villejuif). Une enquête a d’abord montré que l’échange d’informations entre équipe soignante et patients était l’un des éléments clefs pour améliorer le retour à domicile des patients ayant été traités pour leur cancer à l’hôpital. Les chercheurs ont alors mis au point une application (CAPRI – Cancérologie Parcours de soins Région Île-de-France) qui permet une communication entre les patients et deux infirmières de coordination à temps plein, complétée par des échanges téléphoniques. Pour répondre, les infirmières s’appuient sur 80 arbres décisionnels, mais c’est leur traitement de l’information qui est primordial.
Pour évaluer ce dispositif, les chercheurs ont mené une étude randomisée contrôlée chez 559 patients atteints de différents types de cancers, publiée dans Médecine naturelle. Par rapport aux soins habituels (groupe contrôle), les avantages du dispositif sont nombreux :
Diminution de l’écart entre la dose médicamenteuse initialement prescrite et celle effectivement nécessaire.
Prévention des effets indésirables du traitement.
Diminution des consultations hospitalières et des durées d’hospitalisation (1,5 jours en moyenne).
Diminution des passages aux urgences.
Meilleure satisfaction des patients.
Augmentation du nombre de patients suivis (extrapolé à 125 à 150 par an par infirmière).
Pour les auteurs, “c’est l’ensemble du design qui a fonctionné : l’organisation assumée par les infirmières et l’omniprésence du numérique. Un tel design est issu d’un partage d’expertise clinique et en sciences de gestion”.
Chirurgie ambulatoire : le suivi par SMS
La seconde expérience porte sur le suivi des patients de chirurgie ambulatoire. La Haute Autorité de santé (HAS) recommande que l’équipe de soins les contacte le jour précédent et le jour suivant leur intervention. La pénurie de soignants rend souvent difficile le respect de cet avis, les appels téléphoniques étant très chronophages (en moyenne 6 à 7 heures par jour pour une infirmière suivant 40 patients).
La société Calmedica a créé un logiciel qui passe par l’envoi de SMS aux patients pour communiquer les consignes la veille de l’opération et recueillir des informations sur leur état de santé le lendemain. Les SMS sont rédigés par un robot utilisant des arbres décisionnels. Quand les réponses du patient ne sont pas conformes à ce qui est attendu, une infirmière en est avertie : un point rouge s’allume sur la ligne du tableau de bord correspondant au patient. Cependant, neuf fois sur dix, la réponse logicielle suffit, ce qui économise un temps infirmier considérable. Le temps gagné permet d’améliorer la qualité des soins et de prendre en charge plus de patients. L’utilisation du logiciel par les patients et les soignants est très simple (nul besoin de formation).
Le système fonctionne déjà dans plusieurs hôpitaux et contribue, entre autres, à répondre à la pénurie de soignants.
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2023-11-19 15:33:24