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l’avenir incertain des magasins et salariés de Michel Ohayon

by Nouvelles

Les 26 magasins placés en procédure de sauvegarde depuis un an -après la liquidation de Camaïeu et les déboires de Go Sport et Gap France, autres enseignes que détenait l’homme d’affaires bordelais- pourraient basculer en redressement judiciaire faute d’homologation.

L’avenir d’un millier de salariés des Galeries Lafayette est suspendu à l’examen par le tribunal de commerce de Bordeaux, mercredi, du plan de continuation d’activité proposé par Michel Ohayon pour les 26 magasins qu’il détient en province. Ceux-ci, placés en procédure de sauvegarde depuis un an -après la liquidation de Camaïeu et les déboires de Go Sport et Gap France, autres enseignes que détenait l’homme d’affaires bordelais- pourraient basculer en redressement judiciaire faute d’homologation. Le tribunal mettra sa décision en délibéré ou statuera dans la foulée de l’audience.

La semaine dernière, l’intersyndicale CFDT/CFE-CGC/CGT/FO/CFTC représentant le personnel a émis un avis défavorable sur le plan. Selon une source proche du dossier, la direction a riposté lundi matin en lançant un sondage interne pour que les salariés se prononcent “individuellement”. Les mandataires judiciaires, eux, n’ont pas souhaité s’exprimer avant l’audience de mercredi, c’est-à-dire avant que les créanciers de la société Hermione Retail ne prennent position. À commencer par son principal fournisseur, le groupe des Galeries Lafayette, auquel cette filiale de la Financière immobilière bordelaise (FIB) – holding de Michel Ohayon – avait racheté 22 magasins en 2018. Quatre autres l’ont été en 2021 via d’autres entités.

Un passif de 153 millions d’euros à fin 2023

Les 26 magasins totalisent environ 1.000 salariés à Agen, Amiens, Angoulême, Bayonne, Beauvais, Belfort, Besançon, Caen, Cannes, Chalon-sur-Saône, Chambéry, Dax, La Roche-sur-Yon, La Rochelle, Libourne, Lorient, Montauban, Niort, Rouen, Saintes, Tarbes et Toulon, ainsi qu’à Tours, Pau, Rosny-sous-Bois et Coquelles près de Calais. “On est très inquiets pour nos emplois, beaucoup n’en dorment pas car la situation peut tourner à la catastrophe”, souligne Muriel Scanzi, déléguée CFDT, alors qu’un salarié d’Hermione Retail sur quatre a plus de 55 ans – les femmes représentant 85% du personnel.

“Nous sommes subordonnés à la position qu’adoptera le groupe Galeries Lafayette”, juge l’avocat du comité social et économique central (CSEC) de l’entreprise, Me Stéphane Kadri. Celui des Galeries Lafayette n’a pas donné suite, de même qu’un conseil de la FIB. Selon les syndicats, le plan destiné à sortir de la procédure de sauvegarde, qui court jusqu’au 22 février, prévoit une cession du magasin de Pau et table sur un abandon de 70% des créances pour réduire le passif qui atteignait 153 millions d’euros à fin 2023. Il table aussi sur une croissance de 11% de l’activité en 2024.

“Ça fait un an qu’ils nous répètent les mêmes choses, qu’ils vont augmenter le chiffre d’affaires pour générer de la marge et rembourser leurs dettes, mais on va faire comment? Ça fait cinq ans qu’on en perd, du chiffre d’affaires”, avait fustigé une autre représentante des salariés en janvier.

Bilan de la situation de la FIB

En 2023, les ventes ont été inférieures de 10% au budget et “la trésorerie n’est restée positive que par un report de paiement des cotisations Urssaf”, abonde l’intersyndicale qui dit avoir alerté sur l’activité “face aux ruptures d’approvisionnement”. Elle dénonce aussi les frais de gestion facturés par Hermione People and Brands, branche de la FIB qui chapeaute les magasins, et les loyers prélevés par d’autres filiales propriétaires des murs. Augmenté de 40% lors du rachat en 2018, le plan de continuation prévoit de les réduire mais insuffisamment, estime l’expert économique mandaté par le CSEC.

“Les salariés ont perdu toute confiance dans leur actionnaire” qui n’a tenu aucun de ses engagements, “ni de près, ni de loin”, conclut l’intersyndicale.

Le tribunal de commerce doit également examiner, mercredi, la situation de la FIB, en redressement judiciaire depuis un an en raison d’un endettement important. Cette holding possède aussi l’hôtel Sheraton à l’aéroport de Roissy, le Trianon Palace à Versailles (Waldorf Astoria) et le Grand Hôtel à Bordeaux (Intercontinental), via d’autres filiales dont Bank of China a réclamé la liquidation judiciaire le 7 février, car elles ne lui ont pas remboursé pour plus de 200 millions d’euros de prêts. La décision est attendue à la fin du mois.

2024-02-13 11:00:00
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