2024-01-12 16:10:26
Le brossage quotidien des dents est associé à une incidence réduite de pneumonie nosocomiale (HAP), en particulier chez les patients sous ventilation mécanique. Cette pratique est également associée à une mortalité plus faible en unité de soins intensifs (USI), à des admissions plus courtes en USI et à une dépendance plus courte au ventilateur. Ce sont les résultats d’une méta-analyse publiée dans JAMA Médecine Interne. Les politiques hospitalières doivent réévaluer l’importance de l’hygiène bucco-dentaire même, ou peut-être surtout, dans les situations où l’attention est concentrée ailleurs.
Microbiote buccal et poumons
Les HAP résultent en grande partie de l’aspiration de micro-organismes présents dans la cavité buccale. En fait, le microbiote oral comprend environ 700 espèces de bactéries, champignons, virus et protozoaires. Il existe un lien connu entre la santé bucco-dentaire et le développement de la pneumonie, et une hygiène bucco-dentaire rigoureuse fait partie des recommandations pour prévenir les PAD. Mais les méthodes à utiliser pour garantir une bonne hygiène n’ont pas été déterminées. L’utilisation de bains de bouche à base de chlorhexidine est débattue car il n’existe aucune preuve qu’il prévienne la pneumonie et parce que certaines études ont suggéré un lien entre la chlorhexidine et des taux de mortalité plus élevés.
Le brossage des dents est potentiellement plus efficace qu’un antiseptique pour réduire le microbiote buccal, car son action mécanique détruit la plaque dentaire et autres biofilms. Pourtant, les lignes directrices se sont très peu concentrées sur le brossage comme mesure de prévention des infections nosocomiales, ce qui signifie que chaque hôpital a sa propre façon de faire.
Quelles données montrent
Selina Ehrenzeller, MD, et Michael Klompas, MD, MPH, du Département de médecine des populations de l’Université Harvard à Cambridge, Massachusetts, ont mené une analyse systématique de la littérature pour identifier des études cliniques randomisées dans lesquelles il a été démontré que le brossage quotidien des dents affectait le risque de PAD chez patients adultes hospitalisés. Quinze études répondaient aux critères d’inclusion et ont été utilisées pour la méta-analyse. La taille effective de la population était de 2 786 patients.
Le brossage quotidien des dents était associé à un risque inférieur de 33 % de PAD (risque relatif [RR], 0,67) et un risque 29 % plus faible de mortalité en soins intensifs (RR : 0,81). La réduction de l’incidence de la pneumonie était significative pour les patients recevant une ventilation mécanique invasive (RR : 0,68), mais pas pour les patients ne recevant pas de ventilation mécanique invasive. Le brossage des dents pour les patients en soins intensifs était associé à moins de jours de ventilation mécanique (différence moyenne, −1,24 jours) et à une durée de séjour plus courte en soins intensifs (différence moyenne, −1,78 jours). Un brossage deux fois par jour plutôt qu’à intervalles plus fréquents était associé à des estimations d’effets similaires. Aucune différence n’a été observée dans la durée du séjour dans les différents sous-services des soins intensifs et dans l’utilisation d’antibiotiques liés au brossage quotidien des dents.
Opinion d’expert
“Cette étude représente une contribution passionnante à la prévention des infections et renforce l’idée selon laquelle le brossage des dents de routine est un élément essentiel des soins standard chez les patients ventilés”, a écrit Rupak Datta, MD, PhD, professeur adjoint de maladies infectieuses à l’Université de Yale à New Haven, Connecticut, et spécialiste de la résistance aux antimicrobiens en milieu hospitalier, dans un commentaire de l’étude. Selon Datta, il existe encore une incertitude quant à l’importance de cette pratique dans la prévention des HAP non ventilées, car les enquêteurs n’ont pu identifier que deux études avec des patients non ventilés répondant aux critères d’inclusion. D’autres études seront nécessaires pour aider à standardiser le brossage des dents chez les patients hospitalisés en général. “À mesure que la littérature sur les PAD évolue”, a conclu Datta, “l’hygiène bucco-dentaire pourrait jouer un rôle indispensable, semblable au lavage des mains, dans la prévention et le contrôle des infections nosocomiales”.
Cet article a été traduit de Univadis Italiequi fait partie du réseau professionnel Medscape.
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