2024-08-28 01:03:07
Le bruit est mauvais pour le cœur et risque d’augmenter le risque de crise cardiaque. C’est la conclusion à laquelle aboutissent deux études récentes sur les conséquences du chaos qui caractérise particulièrement la vie dans les grandes villes. Le « bruit » de la circulation, celui des travaux en cours, les sirènes et les klaxons, les cris et le bruit de la vie nocturne. La bande-son des métropoles qui ne dorment jamais pourrait représenter plus qu’une simple gêne pour les oreilles des habitants.
Selon deux nouvelles études menées dans différentes agglomérations européennes, la pollution sonore urbaine risque aussi d’être l’ennemie du cœur. Les auteurs des travaux, présentés à l’occasion du Congrès de la Société Européenne de Cardiologie Esc 2024 à Londres, mettre en avant « un impact négatif important » sur la santé cardiaque. L’une des deux études, menée en Allemagne, montre comment un excès de bruit en ville pourrait augmenter considérablement le risque d’infarctus du myocarde précoce chez les jeunes présentant de faibles facteurs de risque traditionnels.
Les autres travaux menés en France se sont plutôt concentrés sur ceux qui avaient déjà eu une crise cardiaque, trouvant une “forte association entre l’exposition au bruit urbain, notamment la nuit, et un plus mauvais pronostic 1 an après le premier infarctus du myocarde”, comme l’explique les auteurs.
Cœur et bruit, ce que disent les scientifiques
L’étude allemande « Decibel-Mi » a porté sur 430 patients résidant à Brême âgés de 50 ans et moins, hospitalisés pour infarctus aigu du myocarde dans un centre cardiaque local. Les auteurs démontrent que ces patients de moins de 50 ans étaient exposés à des niveaux de bruit plus élevés que la population générale.
Et ils suggèrent que l’inclusion de l’analyse des facteurs de bruit dans les modèles de prévision aide identifier précisément les personnes les plus à risque, conduisant à une prévention plus ciblée. Dans l’étude, les patients présentant un infarctus du myocarde et un score indiquant un faible niveau de facteurs de risque traditionnels, tels que le tabagisme ou le diabète, ont montré une exposition au bruit significativement plus élevée que ceux ayant un score élevé sur les facteurs de risque traditionnels. Selon les experts, cela montre à quel point les modèles d’évaluation traditionnels peuvent sous-estimer le risque cardiovasculaire chez les jeunes autrement considérés comme à faible risque. En intégrant l’exposition au bruit dans ces modèles, l’évaluation devient plus précise, assurent-ils.
L’étude française « Envi-Mi » a plutôt collecté des données de la base de données de l’observatoire français Rico sur 864 patients hospitalisés pour infarctus aigu du myocarde et qui ont survécu au moins 28 jours. A 1 an de suivi, 19 % d’entre eux avaient présenté un événement cardiovasculaire indésirable majeur (Mace) : décès cardiaquehospitalisation pour insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde récurrent, revascularisation d’urgence, accident vasculaire cérébral, angine de poitrine ou angine instable. Les niveaux d’exposition sonore quotidiens mesurés au domicile de chaque patient (niveau sonore moyen en décibel A égal à 56 sur 24 heures et 49 la nuit) ont été considérés comme modérés et représentatifs d’une grande partie de la population européenne. Ce que les auteurs ont observé, c’est qu’il y avait une augmentation de 25 % du risque d’événements cardiovasculaires majeurs pour chaque augmentation de 10 décibels A (dBa) du bruit la nuit, quels que soient la pollution de l’air, les niveaux socio-économiques et d’autres facteurs de confusion.
“Ces données fournissent certaines des premières indications permettant de savoir si L’exposition au bruit peut influencer le pronostic – conclut l’auteur de l’étude Marianne Zeller, Université de Bourgogne et Hôpital de Dijon, France – Si elle est confirmée par des études prospectives plus vastes, notre analyse pourrait aider à identifier de nouvelles opportunités pour les stratégies de prévention secondaire basées sur l’environnement, y compris les barrières antibruit pour les patients à haut risque d’infarctus du myocarde”.
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