Nous sommes encore sous le choc du budget du gouvernement Legault. Ce déficit de 11 milliards s’explique difficilement, malgré le ralentissement de l’économie. Surtout, il annonce des années difficiles.
Même si les principaux intéressés détestent qu’on le dise, la plus grande partie du dépassement provient d’un seul geste: la signature des nouvelles conventions dans le secteur public. Le gouvernement a accordé des augmentations sans précédent, et on sait maintenant qu’il est sorti complètement de son cadre budgétaire pour le faire.
Il paraît que le ministre des Finances Eric Girard était réticent, voire opposé à octroyer ces augmentations avec de l’argent emprunté. La décision finale a émané du premier ministre. Je me demande encore si Eric Girard n’aurait pas dû mettre son siège en jeu. Démissionner plutôt que de signer un budget aussi sanguinolent de déficits.
Critiqués sur le budget, François Legault, son ministre Girard et les autres membres du gouvernement se défendent en affirmant que le gouvernement a fait le bon choix. Il devait payer mieux son personnel, et surtout trouver une voie de passage pour régler ces négociations et éviter d’autres grèves.
Grosse promesse
Au cœur de sa stratégie de défense du budget, le gouvernement nous promet que ces investissements dans la rémunération du personnel permettront au public de bénéficier de meilleurs services. François Legault y croit-il vraiment? Ou a-t-il simplement acheté la paix syndicale?
Meilleure paye aux employés, meilleurs services. Quelqu’un veut prendre un pari? Loto-Québec pourrait nous démarrer un pari sur mise-o-jeu peut-être? Parce que rien n’est moins garanti.
Depuis la finalisation des ententes, nous n’avons pas entendu un seul des leaders syndicaux s’engager envers l’amélioration des services. L’argent versé leur était dû. Plusieurs ont exprimé qu’ils ne sont toujours pas satisfaits. Malgré les milliards supplémentaires, les «vrais problèmes» ne sont pas réglés. Comment mieux préparer le public au fait que rien ne va s’améliorer?
Résultat pas garanti
Les membres du gouvernement Legault font presque pitié avec leur optimisme forcé sur l’amélioration des services. Ils me font penser à celui qui a payé le gros prix pour acheter un médicament miracle et qui essaye de se convaincre qu’il va mieux pour s’éviter la gêne d’avoir gaspillé son argent.
Le danger demeure énorme que nous constations dans deux ou trois ans que le rehaussement des salaires n’aura eu aucun effet sur la qualité des services. Les syndicats de l’enseignement et de la santé continueront tout simplement à dénoncer tout ce qui va mal dans leur réseau respectif. Ce sera la faute des patrons et du gouvernement, quelle qu’en soit la couleur. Pour le patient, pour l’élève, situation inchangée.
Je vous soumets une question: est-ce que l’accès aux médecins s’est amélioré après l’augmentation spectaculaire de leur rémunération?
Sincèrement j’espère me tromper. Une meilleure paye entraîne de meilleurs services? Si ça se produit, je promets une chronique dans ce journal grouillante de mots d’excuses, de félicitations et d’hommages.