Le chorégraphe Mourad Merzouki veut reprendre pieds à Saint-Priest

Le chorégraphe Mourad Merzouki veut reprendre pieds à Saint-Priest
Mourad Merzouki, danseur et chorégraphe dans la ferme Berliet, à Saint-Priest (Rhône), le 3 février 2023.
Mourad Merzouki, danseur et chorégraphe dans la ferme Berliet, à Saint-Priest (Rhône), le 3 février 2023.

Quand le chorégraphe portugais Tiago Guedes, nouveau directeur de la prestigieuse Maison de la danse de Lyon – et, par ce fait, à la tête de la Biennale de Lyon –, lui a dit : « C’est chouette, on va pouvoir faire plein de choses ensemble »Mourad Merzouki un aigre : « Oui… Pas tout de suite. Il va me falloir un peu de temps pour digérer. » Lui, l’enfant du pays, qui avait fait pratiquement ses premiers pas dans la prestigieuse maison, en était persuadé : le poste lui reviendrait naturellement. Il n’a pas compris qu’il lui échappe, et enrage encore d’avoir vu une croisade se monter en coulisses contre sa candidature.

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Mourad Merzouki, c’est « 31 créations en trente ans, jouées 4 000 fois dans 70 pays à travers le monde, 2 millions de spectateurs, 1 200 artistes, techniciens… »égrènent ad libitum ses aficionados. De fait, nommé il y a treize ans à la tête du Centre chorégraphique national (CCN) de Créteil, créateur du festival Karavel en métropole lyonnaise et de l’important Kalypso en Ile-de-France, le chorégraphe est salué comme le plus grand pourvoyeur (avec Angelin Preljocaj) de public pour la danse.

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« Un grand artiste, nous sommes d’accord. Mais un gestionnaire très critiquable… » : en 2022, alors que le danseur déposait son dossier de candidature pour la Maison de la danse, un coup de fil – dont l’interlocuteur souhaitera qu’on l’anonymise – laisse perplexe. Mourad Merzouki a « un dossier » qui circule, nous explique-t-on : plagiat, harcèlement moral, enrichissement personnel… Pour étayer ces accusations : une longue liste de personnes à contacter.

Certaines histoires s’avèrent anciennes et connues. Mourad Merzouki en est toujours convenu : l’arrivée à Créteil ne s’est pas faite dans la douceur. On lui imposait, plaide-t-il, des gens et des conditions de travail et de salaire avec lesquels il n’était pas d’accord. Il s’est battu. Mais d’autres décrivent une ambiance de travail difficile, des relations tendues, une absence d’écoute, voire des propos violents : « Il est mégalo et très jaloux »dit l’un des témoins. « C’est un personnage dual. Il y a la version solaire et puis il y a la version obscure, il pense que le monde entier est contre lui »confie un autre. « Archi disponible avec le public, les politiques, les journalistes, il est dur avec son équipes’énerve-t-on ailleurs. Déstabilisant : il peut vous insulter un jour et revenir le lendemain avec un bouquet. »

Souffre-douleur ou bourreau

La souffrance au travail est une question de plus en plus sensible dans le spectacle vivant. Il est loin, le beau cliché de la troupe de saltimbanques où tout le monde faisait tout sans cadre ni protection sociale. Désormais, le dépassement physique, les horaires à rallonge, les querelles narcissiques ne passent plus. En l’occurrence, c’est la multiplicité des témoignages qui interroge. Problème : dans ce monde d’ego, on a vite fait de devenir tour à tour souffre-douleur ou bourreau. Or, en dehors des témoins sur la liste fournie, on recueille également d’autres sons de cloche. « Qui a martyrisé qui ? », nous glisse-t-on. Les uns disent blanc, les autres disent noir…

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