Le conflit en mer Rouge et l’inflation | Entreprise

Le conflit en mer Rouge et l’inflation |  Entreprise

2024-01-14 07:50:00

La géopolitique intervient à nouveau dans la dynamique de l’économie, et ce à travers son aspect le plus sensible, à savoir l’inflation. Une année 2024 était attendue sans turbulences majeures en termes de prix, facilitant la convergence vers des niveaux proches de l’objectif de la BCE en fin d’année, ce qui constitue un terrain favorable à l’assouplissement tant attendu de la politique monétaire.

Les données les plus récentes concordaient avec ce scénario bienveillant : le mois de décembre s’est clôturé sur un IPC stable, comparé aux hausses qui prévalent habituellement pendant la période de Noël. La modération du panier a également été renforcée, grâce à la légère baisse des prix des denrées alimentaires (un dixième de point de moins sur le mois, ramenant le taux interannuel à 6,7%, bien loin du taux à deux chiffres soutenu par les familles jusqu’à l’automne). . En revanche, la désinflation s’est généralisée : une composante de l’IPC sur trois, soit le double de celle de janvier dernier, a déjà un taux d’inflation inférieur à 2 %. A l’inverse, l’inflation dépasse 6% pour une composante sur quatre, soit la moitié de celle de début 2023.

Au-delà des aléas mensuels, la tendance a été favorable, compte tenu de la hausse de moins de 2% observée sur l’ensemble du quatrième trimestre (en taux trimestriel annualisé). La trajectoire ayant été la même dans la zone euro, la possibilité d’une baisse des taux d’intérêt au cours des prochains mois a été envisagée.

Cependant, le risque de débordement du conflit entre Israël et la Palestine jette un froid sur ces perspectives encourageantes. Face à l’intensification des attaques des Houthis contre les navires marchands circulant dans la mer Rouge, la réaction militaire d’une coalition de pays dirigée par les États-Unis ne s’est pas fait attendre et menace de provoquer des représailles de la part de l’Iran et d’autres alliés des milices chiites. Il en résulte une paralysie de la navigation dans une zone stratégique pour l’économie mondiale par laquelle transite entre 10 et 20 % du commerce mondial de marchandises.

On estime que, dans sa tentative de contourner cette région, le transport entre l’Asie et l’Europe subit entre deux et trois semaines de retard, ce qui entraîne une forte augmentation des coûts. Selon l’indice des prix Freightos, les tarifs de fret sur cette route ont grimpé de 242 % au cours des deux derniers mois. Une ampleur qui, si elle se prolonge dans le temps, risque d’interrompre le processus de désinflation : selon les estimations du FMI basées sur l’expérience passée, doubler le coût des transports génère une augmentation de l’IPC de six dixièmes.

Heureusement, l’offre excédentaire de conteneurs constitue un facteur atténuant. Compte tenu de la faiblesse du commerce mondial, la demande est inférieure d’environ 20 % à l’offre de conteneurs, un déséquilibre qui peut atténuer l’impact de l’augmentation des délais de transport – mais pas l’annuler.

Les hostilités menacent également de déstabiliser les marchés de l’énergie. Certains des pays concernés étant de grands exportateurs d’hydrocarbures, les prix ont commencé à souffrir et le prix du baril de Brent a déjà dépassé les 80 dollars. L’impact est encore gérable, mais beaucoup dépendra de l’évolution de la conflagration et de son ampleur.

Cependant, dans l’hypothèse d’un conflit concentré dans le temps, la désescalade de l’IPC devrait se poursuivre. L’annulation partielle des réductions de TVA et autres taxes mises en œuvre après la guerre en Ukraine aura des effets spécifiques, mais sans interrompre le chemin de la désinflation. Cependant, dans un scénario de tensions géopolitiques accrues, les prix finiront par réagir, avec le double inconvénient d’éroder le pouvoir d’achat malmené des ménages et de limiter la marge de manœuvre de la BCE pour réduire les taux d’intérêt. L’économie, à nouveau sur le fil.

CIB

Les énergies fossiles restent l’un des principaux talons d’Achille de la désinflation. Dans l’hypothèse d’un prix du pétrole stable autour de ses niveaux actuels, une hausse de l’IPC de 3,2% est attendue pour l’ensemble de 2024, soit trois dixièmes de moins que l’année dernière. De son côté, l’IPC sous-jacent (hors énergie et produits frais) tomberait à 2,9%, soit moins de la moitié de celui de 2023. Dans un scénario où le prix du pétrole monte à 100 dollars, le taux d’inflation annuel moyen serait de 3,7%, et l’inflation sous-jacente serait de 3,3 %.

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