2024-11-15 21:29:00
Guido Réni, Atalante et Hippomène,1615-18 environ, Olio su tela, 297 x 206 cm, Madrid, Musée national du Prado | Photo : © Musée national du Prado, Madrid
Mais le conte d’Atalante n’est pas seulement un défilé de belles peintures : à sa base se trouve l’histoire de la culture bolognaise entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle, lorsque la ville, juste après Rome dans l’époque pontificale, État, était un fervent laboratoire de science, d’art et de littérature, dont les chemins s’entremêlent harmonieusement. L’échange entre peintres et poètes est particulièrement vivant et fructueux : ces derniers non seulement célèbrent la beauté des peintures dans des vers à succès, mais sont aussi amis, collectionneurs, clients, intermédiaires et promoteurs des artistes. Le cas de Guido Reni est extraordinaire : à partir de la composition dédiée par Giovan Battista Marino au Massacre des Innocents – un retable de chapelle qui se transformera vite en icône de la poésie profane ! – la quantité de vers et de recueils consacrés à Reni en fera l’un des artistes les plus acclamés de son vivant.
Guido Reni (Bologne, 1575-1642), Massacre des Innocents, 1611, huile sur toile, 268 × 170 cm. Bologne, Galerie nationale d’art de Bologne, inv. 439
Ce sont souvent les poètes eux-mêmes, bien introduits dans les cercles de la culture romaine grâce au réseau des académies, qui font la renommée des peintres bolognais dans la Ville éternelle. Cela arrive aussi à une peintre, Lavinia Fontana : les poètes bolognais célèbrent avec admiration son talent, construisant l’image d’une artiste indépendante qui travaille pour le pontife et pour les cours européennes. L’exposition apporte un nouvel éclairage sur sa peinture Judith avec la tête d’Holopherne et raconte des histoires sur les toiles aimées et collectionnées par les écrivains, mais présente aussi le revers de la médaille : celui des poètes qui ne se contentent pas de se faire représenter ou louer par leurs amis peintres, mais décident de reprendre eux-mêmes le pinceau. .
Parmi les cinq sections de l’exposition, celle consacrée au chef-d’œuvre de Reni se démarque Atalante et Hippomènetiré non par hasard d’une œuvre poétique, le Métamorphose par Ovide. Grâce à une invention picturale exceptionnelle, Reni a rendu célèbre un mythe jusqu’alors peu représenté en peinture : celui de la princesse réticente au mariage qui défie ses prétendants de la vaincre dans la course dans laquelle, en chasseresse habile, elle prétend être invincible. Hippomène pourra s’imposer avec l’aide d’Aphrodite, qui lui fournit des pommes d’or cultivées dans le Jardin des Hespérides. Au point culminant de l’action, Atalante se penche pour ramasser les fruits laissés tomber par Hippomène et est rattrapée par le jeune homme : un instant figé à jamais par Reni à travers le chiasme croisé des jambes au point central de la toile. Les deux personnages émergent puissamment au premier plan du paysage nocturne, avec des corps diaphanes et parfaits, calqués sur l’étude du relief antique de Rome.
Guido Reni, Atalante et Hippomène, 1620-1625. Huile sur toile, 191 x 264 cm. Musée et Forêt Royale de Capodimonte I Avec l’aimable autorisation du MIC-Ministère de la Culture, Musée et Forêt Royale de Capodimonte
Deux versions de ce bijou sont connues depuis longtemps : l’une a été enregistrée pour la première fois seulement en 1802, achetée sur le marché pour la collection du roi Ferdinand IV de Bourbon et aujourd’hui conservée au Musée Royal de Capodimonte. Le second, provenant de la collection du marquis génois Giovan Francesco Serra di Cassano, a trouvé sa place dans les collections royales d’Espagne et est conservé à Madrid au Musée national du Prado. Pendant trois mois à Bologne, il sera possible d’admirer les deux, ainsi que d’autres versions encore discutées par la critique : une véritable série réalisée pour des clients illustres et probablement liée entre elles par un lien académique, comme le révèle la citation du mythe dans leAdonis de Marino, qui semble avoir été écrit en regardant l’un de ces tableaux.
“Avec cette exposition, le travail de recherche et de valorisation de la Pinacothèque sur son propre patrimoine se poursuit, commencé avec l’exposition sur Canova et les origines du musée, poursuivi avec l’exposition sur la Renaissance bolognaise et avec celle sur Guerchin et son atelier”, a-t-il déclaré. commente Maria Luisa Pacelli, co-commissaire de l’exposition et directrice de la Pinacothèque nationale de Bologne jusqu’au 31 octobre : « Dans ce cas aussi, le développement du projet d’exposition a été l’occasion de réfléchir sur le parcours du musée dédié aux œuvres de Guido et de ceux de ses contemporains, à tel point qu’après l’événement, la réorganisation de cette section de la Galerie d’Art est prévue. Au-delà des objectifs de perspective, après les expositions récemment consacrées à Guido Reni par de grands musées italiens et étrangers, l’importance de cette exposition réside dans le fait de retracer et d’actualiser un thème crucial pour comprendre le peintre et sa renommée et, plus généralement, pour éclairer la dynamique qui a contribué à la grande saison artistique de Bologne entre la fin du XVIe et le début du XVIIe siècle”.
Lavinia Fontana (Bologne, 1552 – Rome, 1614), Judith à tête d’Holoferne, vers 1600, huile sur toile, 196 × 143 cm avec cadre. Bologne, Fondation Opéra Pia Davia Bargellini inv. 55
#conte #dAtalante #Guido #Reni #exposé #Bologne #Bologne
1731911305