La culture lausannoise a évité de peu une résolution écologique acceptée par le Conseil communal à l’automne dernier et labelisée verte, dont le syndic de la ville a finalement décidé de se débarrasser. On peut se réjouir de cette décision.
Voici les raisons de cette éviction. La résolution, qui ne faisait qu’une phrase, demandait aux institutions culturelles subventionnées par la ville de Lausanne de respecter quatre recommandations.
“Comment expliquer qu’un spectacle aurait lieu à 15h, quel que soit le jour?”
La première recommandation était de réduire leur consommation d’énergie. Sur ce point, il n’y a pas de problème, toutes les entreprises et tous les habitants sont invités à diminuer leur consommation d’énergie, bien que cela se révèle plus difficile que prévu, en particulier pour l’électricité.
La deuxième recommandation était d’adapter la température des lieux accueillant le public. Cela pourrait permettre de supprimer les vestiaires, les spectateurs étant invités à garder leurs manteaux ou leurs vestes en manteau de glace dans la salle. Toutefois, il n’a pas été précisé si tous les artistes, tels que les musiciens, les cantatrices ou les acteurs, pourraient jouer dans les mêmes conditions.
La troisième recommandation consistait à privilégier les horaires correspondant aux heures de lumière naturelle en hiver. Autrement dit, un couvre-feu, fin des spectacles après 17h-18h, alors que c’est la pleine saison pour les représentations en salle. Comment expliquer aux travailleurs – qui sont encore nombreux dans le canton de Vaud – que leur spectacle préféré aurait lieu vers 15h, quel que soit le jour?
La résolution ne prévoyait pas cela. Il n’a pas non plus été précisé comment on aurait annoncé aux jeunes que leurs manifestations nocturnes préférées devraient avoir lieu en plein jour. Cela reviendrait à les confiner, mais on sait qu’ils ont aimé cette situation pendant la pandémie !
Fermeture d’esprit
La quatrième recommandation était de privilégier les œuvres artistiques en circuit court et la création locale. Il ne manque pas de talents locaux à Lausanne, de troupes et d’orchestres de toutes sortes, d’artistes de toutes sortes reconnus sur la scène nationale et internationale, ou qui ne demandent qu’à s’épanouir dans leur ville. Mais cette recommandation s’inscrit dans une logique de fermeture d’esprit, la pire politique possible dans le domaine culturel.
Au fait, à quelle distance – 30, 50, 100 km – la production n’est-elle plus locale et ne correspond plus à la politique de «privilégier» ? Quelle que soit la raison, demander une réduction de l’offre culturelle n’est jamais bon signe. L’appauvrissement qui en résulterait serait rapidement nuisible dans d’autres domaines de la société. Bien que, après réflexion, on peut aujourd’hui s’adonner à une autre culture la nuit : celle des pommes de terre sur les terrains de golf.
– Une idée écologique : le couvre-feu culturel
Des recommandations difficiles à appliquer ont été proposées pour les institutions culturelles de Lausanne.
Olivier Feller