Le Credit Suisse en pleine débâcle : la valeur de la banque en chute libre

Analyse

Collaborateurs, fonds, valeurs, tout disparaît chez Credit Suisse. Les spécialistes des marchés financiers estiment que sa valeur n’est plus que de 5 milliards de francs.

Publié: 20.05.2023, 16:29 Actualisé: 20.05.2023, 17:11

Huit semaines se sont écoulées depuis que le Credit Suisse (CS) a pu éviter le pire grâce à une opération de sauvetage conjointe de la Confédération, la Banque Nationale et l’UBS. Pour certains, cette opération mémorable remonte déjà à longtemps. Mais des cadres supérieurs d’UBS confient: “Le Credit Suisse est en train de fondre entre nos doigts.”

Les gestionnaires font référence à la fuite du personnel et des clients, mais il n’y a pas de faits concrets à ce sujet. Tout ce que l’on sait, c’est que CS a dû faire face à une sortie de capitaux de 61,2 milliards de francs au cours des trois premiers mois de l’année, comme la banque l’a admis lors de la publication de ses résultats trimestriels.

UBS, de son côté, ne rendra compte de l’évolution de ses activités depuis fin mars que le 25 juillet. D’ici là, l’acquisition de Credit Suisse devrait être officiellement finalisée. UBS a parlé de “quelques semaines” jusqu’à la clôture, le “closing”, du deal.

Une chute en Suisse

La vitesse à laquelle la banque de 167 ans est en train d’être absorbée par son éternelle rivale est époustouflante. Mais pour de nombreux employés et clients, le processus se déroule à une lenteur exaspérante. Les collaborateurs ne savent toujours pas qui seront leurs futurs dirigeants, et cela ne concerne pas seulement le personnel de Credit Suisse, mais également celui de l’UBS. De leur côté, les clients de CS ignorent quels services la banque offrira à l’avenir.

Pour les entreprises qui doivent réfléchir à l’avenir de leur relation bancaire, il s’agit d’une question clé. Quant à Credit Suisse, la seule des quatre divisions opérationnelles du groupe à avoir enregistré un bénéfice de 1,5 milliard de francs l’année dernière, des réponses rapides sur la future orientation de la banque sur le marché sont d’une importance vitale.

Lorsque l’UBS a annoncé en mars le rachat de sa rivale, les analystes financiers estimaient encore la valeur de Credit Suisse à environ 15 milliards de francs. Cette évaluation relativement basse tenait déjà compte des problèmes auxquels faisait face Credit Suisse à l’époque. Mais les professionnels des marchés financiers estiment désormais que la valeur de Credit Suisse a fondu à environ 5 milliards de francs suisses. Cela placerait la valeur de la division suisse de la banque au même niveau que celui d’une grande banque cantonale suisse.

Grandes incertitudes chez les collaborateurs

La perte de valeur estimée du Credit Suisse prédit bien entendu une baisse correspondante du volume d’affaires. Reste à savoir si l’avenir confirmera effectivement ce pronostic implicite. Les signaux ne sont pas clairs.

Alors que les managers d’UBS cités au début de l’article s’attendent manifestement à un exode dramatique du personnel de Credit Suisse, un manager également haut placé dans le secteur de la clientèle d’entreprises de CS affirme que dans son domaine, presque personne n’a actuellement de raison impérative de bouger.

“Pour l’instant, nous ne pouvons guère prédire de manière fiable si nous améliorerons effectivement notre propre situation professionnelle en changeant par exemple pour une banque cantonale.”

La direction d’UBS est évidemment consciente de la situation tendue et de la grande incertitude des collaborateurs. Très bientôt, le groupe financier devra informer les employés de la composition des niveaux de management en dessous de la direction du groupe. Mais pour des raisons juridiques, cela ne pourra se faire qu’après le closing, ce qui augmente naturellement la crainte de la direction d’UBS de voir sa nouvelle filiale perdre encore plus de valeur.

L’action UBS comme balle de match

Il semble que l’action d’UBS soit devenue un objet populaire parmi les soi-disant “vendeurs à découvert”, des spéculateurs qui vendent leurs actions à une date future à un prix inférieur au prix actuel du marché, pariant ainsi sur une baisse des cours.

Il est difficile d’imaginer que ce pessimisme découle de l’évolution attendue des activités en Suisse. Après tout, les principaux risques de la reprise du CS résident dans le bilan de sa banque d’investissement, où une combinaison “toxique” d’engagements coûteux et d’actifs sans valeur est présumée.

En règle générale, de tels portefeuilles ne deviennent vraiment toxiques que lorsqu’ils doivent être vendus en urgence. Cependant, grâce à la solidité de son bilan, UBS devrait avoir suffisamment de temps pour procéder à une réduction prudente du bilan de Credit Suisse. UBS n’a pas seulement repris de Credit Suisse un capital propre supplémentaire d’environ 60 milliards de francs, elle a également obtenu de la Confédération des garanties de couverture des pertes à hauteur de 9 milliards de francs pour le démantèlement du bilan du CS.

De ce point de vue, les deux cadres d’UBS mentionnés expriment davantage leur crainte de possibles évolutions négatives à venir plutôt que la situation réelle au sein de l’entreprise. Cependant, jusqu’à ce que ces questions soient clarifiées, il y aura certainement beaucoup de rumeurs et d’observations individuelles concernant l’exode des clients et des employés de Credit Suisse.

L’incertitude durant de telles périodes amplifie souvent la spéculation et la diffusion d’informations qui ne sont pas toujours complètes ou précises. Il est donc important d’attendre les annonces officielles et les informations afin d’obtenir une image plus claire de la situation réelle.

(Traduit et adapté par Pauline Langel)
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