Le cri de désespoir de Roberto Kovac ne doit pas rester sans lendemain: un appel à l’action pour le basket suisse.

Le cri de désespoir de Roberto Kovac ne doit pas rester sans lendemain: un appel à l’action pour le basket suisse.

Basket-ballLe cri de désespoir de Roberto Kovac ne doit pas rester sans lendemain

Le capitaine de l’équipe suisse de basket, Roberto Kovac, ne regrette pas sa sortie médiatique intense. Giancarlo Sergi et Erik Lehmann de la fédération veulent comprendre. Une réunion est prévue lundi.

Publié le 23 juillet 2023, 23:38

Verra-t-on à nouveau Roberto Kovac porter le maillot de l’équipe suisse ? Rien n’est moins sûr.

BASKET-BALL FIBA

Son entraîneur, Ilias Papatheodorou, n’est pas venu à la rencontre avec les médias. Il avait un avion à prendre et est parti pour Zurich. Roberto Kovac, quant à lui, avait été demandé sur l’estrade. Parce qu’il est un joueur et une voix importante pour l’équipe suisse, qui est décimée par les blessures et les absences et dont il est le capitaine. Mais après une nouvelle déception face au Danemark et après l’humiliation subie en milieu de semaine au Kosovo, le Tessinois n’avait aucune envie de jouer la comédie devant les journalistes. Alors il a d’abord refusé. Puis il a vu une opportunité pour dire tout haut ce que beaucoup murmurent souvent tout bas. “Je vous préviens. Je vais tout révéler”, aurait-il dit.

Quelques minutes plus tard, assis à table, l’arrière du Fribourg Olympic n’a pas mâché ses mots : il a notamment exprimé sa “honte de perdre contre des nations de merde”, le “manque de respect pour le maillot” et le manque de leadership qu’il constate chez ses dirigeants (“Quelle est la ligne directrice, le projet ? Où sont les joueurs ?”). Ses yeux se sont remplis de larmes lorsque le modérateur a demandé quelle direction prenait le basket suisse. “Il faut poser ces questions aux personnes concernées, a-t-il répondu. Vous pouvez demander à (Giancarlo) Sergi. Non, pardon, il voulait aller au Ballet.”

“On ne peut pas diaboliser un mouvement de 25 000 personnes. Les émotions, ça se gère.”

Giancarlo Sergi, président de Swiss Basketball

Le président de Swiss Basketball est aussi le directeur général du Béjart Ballet Lausanne depuis l’été dernier. Moins actif au niveau opérationnel au sein de la fédération en raison de ses nouvelles fonctions, Sergi reste néanmoins très présent en coulisses, selon certaines sources. Après la sortie médiatique historique de Kovac, il a passé son dimanche pendu au téléphone. “Je ne sais pas du tout ce qui lui est arrivé, nous a-t-il confié. Je comprends la frustration de Roberto et sur le fond, ce qu’il a dit est discutable. Mais sur la forme, pardon, mais il n’a pas été bon. On ne peut pas diaboliser un mouvement de 25 000 personnes comme ça. Les émotions, ça se gère.”

Contacté dimanche midi, Erik Lehmann a qualifié cela de “grosse maladresse”. “Je pense que Roberto ne pensait pas un mot de ce qu’il a dit, a répondu le secrétaire général de la fédération et bras droit de Sergi. Il venait de vivre un match très difficile sur le plan personnel (ndlr : le joueur l’a admis) et a parlé sous le coup de la frustration. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous allons discuter avec lui. Il n’est pas possible de faire une sortie contre-productive de ce genre en plein milieu d’une fenêtre internationale (ndlr : la Suisse a un autre match samedi à Fribourg et le 2 août). Cela déstabilise tout le monde. Et comment peut-on dire que les autres nations sont de la merde ?”

“C’est comme si quatorze ans de frustration et d’impuissance sortaient d’un coup.”

Roberto Kovac, capitaine de l’équipe suisse

En repos dimanche, à Fribourg, Kovac assume chaque mot qu’il a prononcé pendant ces minutes surréalistes. “Je me suis un peu calmé depuis hier (ndlr : samedi). Mais je pense tout ce que j’ai dit”, nous a-t-il affirmé, après avoir reçu entre 70 et 80 messages de soutien de la part du milieu du basket suisse. Des présidents, des managers d’équipe, d’anciens entraîneurs et même des joueurs lui ont écrit. Tout le monde m’a dit que j’avais raison de parler comme ça. C’est comme si quatorze ans de frustration et d’impuissance sortaient d’un coup.”

Dans son courroux, samedi, Kovac a laissé entendre que ses dirigeants lui avaient promis une équipe avec certains de ses meilleurs joueurs cet été. “Je n’avais pas envie de venir, mais on nous a dit que Clint (Capela) et Anthony (Polite) seraient en Grèce pour le stage de préparation. Ils mentent aux entraîneurs et aux joueurs”, a-t-il déclaré. “Anthony est blessé et nous avons des IRM pour le prouver”, se défend Lehmann. “Quant à Clint, il était fortement envisagé qu’il vienne. Je n’ai jamais fait de promesse définitive, j’ai toujours dit que nous ferions en sorte qu’il soit là. C’est lui qui a annoncé lui-même sa décision à Meyrin lorsque la sélection était déjà rentrée de Grèce.”

Le mal est fait, et pas qu’un peu. Ce lundi, Kovac doit s’entretenir avec Sergi et Lehmann, entre autres. “J’ai peut-être joué mon dernier match sous le drapeau”, disait-il en colère il y a quarante-huit heures. Sera-t-il sanctionné d’une amende, suspendu, ou même écarté définitivement ? “Je veux lui parler en homme à homme. L’objectif n’est pas de le sanctionner”, annonce Sergi. “Nous voulons surtout comprendre”, renchérit Lehmann. Faut-il voir enfin le début d’un dialogue plus profond entre les dirigeants, les meilleurs joueurs du pays, et les clubs également ? “Oui, il faut provoquer cette réunion avec toutes les parties. Le processus est en cours”, ajoute Sergi.

L’état d’urgence est déclaré. Parce que ce week-end, le basket suisse a touché le fond. Il doit y avoir un avant et un après le coup de colère de Roberto Kovac. “Je demande juste de l’honnêteté”, réclame-t-il. Puissions-nous être entendus.
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