Le cyclisme toujours coincé entre le commentaire doux et le questionnement dur – The Irish Times

À environ 2 km de l’un de mes manèges locaux, juste à l’endroit où la route sortant de Glencullen et traversant les montagnes de Dublin approche de son point culminant à Glendhu, il y a un gros rocher de granit avec une simple inscription gravée sur sa face.

O’Connell’s Rock

23 – juillet 1823

C’était ici, il y a exactement 200 ans ce dimanche, que Daniel O’Connell s’adressait à un rassemblement de masse de personnes venues cueillir les douces baies noirâtres du fraughan, la version sauvage de la myrtille qui pousse dans les endroits vallonnés.

Cinq mois auparavant, après une réunion à Glencullen House, O’Connell avait formé l’Association catholique et avait saisi cette opportunité pour prêcher le soutien à l’émancipation, de tels événements spontanés devenant connus sous le nom de réunions monstres.

Plus tard, en 1825, sa fille Ellen a épousé Christopher FitzSimon, également de Glencullen House, et c’est toujours amusant de saluer ce rocher chaque fois que nous passons. Surtout quand son anniversaire arrive.

D’accord. C’est mon commentaire cycliste doux de style Eurosport à l’écart. Vous connaissez ces parties chaque fois qu’il y a une accalmie dans le Tour de France, et Carlton Kirby et Sean Kelly font appel à Jonathan Harris-Bass pour partager un peu d’histoire locale, ou mieux encore quelques recettes locales. Ils sonnent toujours délicieux.

Il est compréhensible qu’ils veuillent interrompre cinq heures de commentaires de course en direct avec des vignettes aussi inoffensives ; étant donné le malaise familier avec lequel ce Tour s’est déroulé au cours des 21 derniers jours, il serait préférable qu’ils l’équilibrent avec des questions plus difficiles.

Il y a des restrictions évidentes à ce qu’ils peuvent demander et ne pas dire en direct (et qui sait dans quel sens la tête de Kelly tremble). Ce n’est pas nécessairement leur travail d’expliquer l’inexplicable.

Pourtant, bien avant l’avant-dernière étape de samedi, les 133 km montagneux de Belfort au Markstein, ce Tour a posé quelques questions difficiles. En particulier lorsque Jonas Vingaard, le coureur danois de 26 ans qui travaillait encore il y a cinq ans dans une usine de poisson pour aider à garder ses rêves cyclistes vivants, a doucement écrasé l’opposition lors du contre-la-montre de 22,4 km de Passy à Combloux.

Avant cette étape, Vingaard devançait Tadej Pogacar de 10 secondes. À l’arrivée, il avait encore ouvert une minute et 38 secondes sur le Slovène, une marge tout simplement surprenante sur seulement 22,4 km de route, vallonnée ou non.

« D’une autre Planète », titrait le lendemain L’Équipe – dont vous devinez probablement qu’il se traduit par « D’une autre planète ». Pas nécessairement en évitant le questionnement difficile étant donné que la dernière fois qu’ils ont utilisé celui-ci concernait Lance Armstrong.

Ou, “Mais comment fait’il?” a demandé Aujourd’hui dans le titre – une question directe: “Comment a-t-il fait?”

Le magazine Velo est allé un peu plus loin encore: «Sans hyperbole, le contre-la-montre que Jonas Vingegaard a exécuté lors de l’étape 16 était sans doute la plus grande performance de contre-la-montre de l’histoire du cyclisme. Cela inclut toutes les époques, les coureurs, les ascensions et les retours. Il était difficile de croire le chronométrage en direct alors que les résultats s’affichaient en bas de l’écran.

C’était certainement le contre-la-montre le plus impressionnant depuis que Pogacar lui-même est devenu majeur pour remporter le Tour 2020, à 21 ans et 364 jours, le plus jeune vainqueur de l’histoire d’après-guerre – battant son compatriote Primoz Roglic de près de deux minutes.

Plus tôt, Velo avait également noté: «Les chiffres de puissance du Tour de France de cette année sont les plus élevés de l’ère moderne du cyclisme. 7w/kg pendant 20 minutes est la nouvelle norme pour les prétendants au GC, et bon nombre de ces performances surviennent après 3500kJs de travail, à 1000-2000 mètres au-dessus du niveau de la mer et à des températures de plus de 30°C (86+°F).

C’est beaucoup de science du sport pour une phrase, la puissance dans ce cas étant le taux auquel l’énergie est utilisée par le cycliste sur un temps donné, et facilement mesurée en watts, comme l’électricité de votre foyer. Il semble que Vingaard pourrait vous aider à réduire considérablement votre facture mensuelle.

Il a également un Vo2max rapporté de 97, lorsqu’il est testé en tant que junior, l’un des plus élevés de l’histoire du sport, même si je mettrais un point d’interrogation à côté de cela.

Mercredi, après avoir de nouveau écrasé Pogacar sur le très vallonné Col de la Loze, Vingaard a dû faire face à de durs interrogatoires.

“Je peux dire, du fond du cœur, que je ne prends rien”, a-t-il déclaré. “Je ne prends rien que je ne donnerais pas à ma fille et je ne lui donnerais certainement pas de médicaments.”

Dimanche dernier, il a également déclaré: «Pour être honnête, je comprends parfaitement le scepticisme. Nous devons être sceptiques, avec ce qui s’est passé dans le passé, sinon cela se reproduirait.

Depuis 2021, l’Agence internationale de contrôle (ITA) gère les tests dans le cyclisme, et mercredi, ils ont confirmé que Vingaard avait subi quatre tests antidopage au cours des deux derniers jours, dont un une heure avant le début de la 17e étape de mercredi.

À peu près à la même époque, Raphael Faiss, directeur du Centre de recherche et d’expertise en sciences antidopage de l’Université de Lausanne, répondait à des questions sur Reuters au sujet d’un nouveau médicament stimulant le sang, le Roxadustat, conçu à des fins anti-anémiques et interdit dans le sport.

Roxadustat n’est pas nouveau, il existe depuis le début des années 2010, mais n’est disponible que sur le marché asiatique. Il est également détectable depuis 2017, mais a une demi-vie d’élimination de 10 à 16 heures, ce qui le rend particulièrement difficile à détecter pour les contrôleurs antidopage.

L’ancienne championne de tennis de Wimbledon et de Roland-Garros Simona Halep a déjà été provisoirement suspendue depuis octobre 2022 après avoir été testée positive pour Roxadustat à l’US Open l’année dernière ; elle a fermement nié avoir sciemment pris la substance interdite.

Dans la série Tour de France Unchained sur Netflix, il y a de vieilles images de Vingaard, lorsqu’il travaillait dans cette usine de poisson, jusqu’à l’été 2018, tournées par la chaîne de télévision danoise DR en 2017 pour une série sur de jeunes stars sportives prometteuses. Il a combiné des départs à 4 heures du matin au port de Hanstholm avec ses courses et son entraînement jusqu’à l’été 2018.

Maintenant, il entre dans l’avant-dernière étape du Tour avec une avance de sept minutes et 35 secondes sur Pogacar et une marge de 10:45 sur le Britannique Adam Yates en troisième. Selon le déroulement de samedi, Vingaard pourrait bien gagner par 10 minutes, ce qui serait la plus grande marge de victoire depuis que Jan Ullrich a gagné par plus de neuf minutes en 1997.

Nous savons tous comment les choses se sont terminées pour Ullrich, et compte tenu de toute l’histoire du cyclisme, il est peut-être inévitable que chaque vainqueur du maillot jaune se sente coupable par une association avec son passé. Le Tour de cette année ne fait pas exception, n’est-ce pas ?