Aujourd’hui, les mêmes débats agitent la classe politique autour, cette fois, du système de missiles Taurus, d’une portée de 500 kilomètres. Kiev en fait la demande depuis mai 2023 afin de frapper les troupes russes au-delà de l’actuelle ligne de front. Or, comme pour les Leopard, Olaf Scholz bloque et se retrouve en minorité au sein de sa coalition. Une partie des députés sociaux-démocrates sont en effet favorables à une telle livraison, tout comme l’ensemble des partenaires écologistes et libéraux, ainsi que le principal parti d’opposition, l’Union chrétienne-démocrate (CDU/CSU). Entre Varsovie et Berlin, les Leopard de la discorde: “Le gouvernement polonais moralise et émotionalise le débat”.
Des spéculations sur son refus
La pression sur Olaf Scholz est montée d’un cran ce jeudi 22 février avec une série de débats au Bundestag. Les chrétiens-démocrates y ont déposé une motion demandant, entre autres, une livraison expresse de cet équipement à Kiev. “Quel est le problème avec les Taurus ?” a demandé le député CDU Johann Wadephul, au sein de l’hémicycle. “Nous ne savons toujours pas pourquoi ce système n’est pas livré. L’opinion publique en Ukraine et en Allemagne a le droit de savoir. Nous attendons une réponse du chancelier !”, a-t-il lancé.
De fait, Olaf Scholz et son porte-parole évitent d’expliquer les raisons de cette absence de réponse aux autorités ukrainiennes. Ils rappellent, en revanche, faire déjà beaucoup pour l’Ukraine, avec 28 milliards d’euros débloqués depuis deux ans. “L’Allemagne est le deuxième contributeur militaire après les États-Unis” constate sans cesse le chancelier, en appelant ses voisins européens à s’engager davantage. Les spéculations sur son opposition au Taurus sont donc nombreuses. Guerre en Ukraine: “Les chars américains Abrams livrés à l’Ukraine brûleront”. Olaf Scholz pourrait craindre qu
ces missiles atteignent le territoire russe et entraînent indirectement l’Allemagne dans une guerre. Un argument qui ne tient pas pour Marie-Agnes Strack-Zimmermann. Cette élue libérale (FDP), membre de la coalition gouvernementale, a fait un pied de nez au chancelier, hier, en approuvant la motion déposée par l’opposition, et finalement rejetée.
“Game changer” ou arme clé ?
L’absence de communication et l’entêtement d’Olaf Scholz – à qui revient la décision finale en matière de livraison d’armes – irritent nombre d’élus de la majorité. Dans une motion nettement plus consensuelle, la majorité parlementaire a appelé jeudi le gouvernement à tout faire pour soutenir l’Ukraine. Si le terme Taurus n’apparaît pas, le texte évoque des “systèmes d’armes étendues supplémentaires”. Cette formulation vague signifie-t-elle l’envoi de Taurus ? Chacun y va de son interprétation. “Une chose est claire”, estimait l’élue sociale-démocrate Gabriela Heinrich. “Nous n’avons pas de ligne rouge, et à ce stade, le chancelier n’a pas dit non au Taurus. Il est par ailleurs faux de croire qu’un seul système d’armement peut changer la donne en Ukraine”, estimait-elle devant ses collègues députés.
“Game changer” ou pas, le Taurus pourrait en tout cas jouer un rôle clé selon nombre d’experts. “Même un nombre limité de Taurus pourraient infliger des dommages substantiels aux infrastructures militaires et logistiques critiques de la Russie situées au-delà de la ligne de front. Cela l’obligerait à ajuster l’ensemble de son dispositif militaire”, estime Andras Racz, de la Société allemande de politique étrangère (DGAP). C’est aussi ce que rappelait le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le week-end dernier lors de la Conférence sur la sécurité de Munich.
#Même #nombre #limité #ils #pourraient #infliger #des #dommages #substantiels #Olaf #Scholz #réticent #sur #lenvoi #des #missiles #Taurus
publish_date]