“Nous jouons au football pour eux, pour Gaza, pour notre cause” : en plein conflit entre Israël et le Hamas, le défenseur de l’équipe de Palestine Mohammed Saleh participe à la Coupe d’Asie en gardant en tête les siens et tous les Gazaouis sous les bombardements.
Ce joueur de 30 ans n’avait pas eu de nouvelles de sa famille depuis deux jours lorsqu’il a foulé la pelouse de l’Education City Stadium de Doha, dimanche, pour l’entrée en compétition de son équipe contre l’Iran. “Ils vivent dans une tente sur un terrain vague… Que Dieu les aide” témoigne-t-il auprès de l’AFP à l’issue de la rencontre perdue 4-1.
Sa maison a été détruite et ses proches ont erré d’abri en abri alors que le conflit entre Israël et le Hamas vient de dépasser les 100 jours. Peu avant le début de la Coupe d’Asie au Qatar, Saleh a appris que son oncle, sa tante et leurs enfants avaient été tués. “Aujourd’hui, ma famille est soumise à une guerre d’extermination” assure-t-il.
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils. Quelque 250 personnes ont été prises en otage et 132 sont toujours à Gaza, dont au moins 25 auraient été tuées, selon les autorités israéliennes. Une centaine a été libérée en vertu d’une trêve fin novembre.
En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Dans la bande de Gaza, le conflit a fait 24.100 morts, principalement des femmes, adolescents et enfants, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas, mouvement islamiste qualifié d'”organisation terroriste” par Israël, les États-Unis et l’Union européenne.
“Désolé pour la défaite”
Le conflit sanglant, qui a provoqué une catastrophe humanitaire pour les 2,4 millions d’habitants de la bande de Gaza et réduit une grande partie du territoire à l’état de ruines, a plané au-dessus du match de dimanche joué devant plus de 27.000 supporters venus de tout le Moyen-Orient, arborant le traditionnel keffieh, des drapeaux et des écharpes aux couleurs de la Palestine et scandant des slogans pro-palestiniens ou anti-israéliens.
Le stade a exulté lorsque la Palestine a marqué son seul but juste avant la pause. Malgré ce soutien sans faille, l’Iran l’a logiquement emporté. “Désolé pour la défaite” Mohammed aurait tellement aimé offrir une victoire à son peuple et notamment aux enfants : “Nous jouons au football pour eux, pour Gaza, pour notre cause” .
L’équipe palestinienne a été contrainte de s’entraîner à l’étranger pour préparer sa troisième Coupe d’Asie. Malgré la distance qui le sépare du conflit, Mohammed Saleh connaît bien les dangers auxquels les Palestiniens sont confrontés, pour avoir vécu les conflits à Gaza en 2008, 2012 et 2014, et “frôlé la mort d’un cheveu”.
Objectif qualification
Lui qui a joué pour plusieurs clubs égyptiens, dont le dernier est Al-Ittihad d’Alexandrie, a appris le foot à Gaza. Le stade de Yarmouk, où il a joué plus jeune, a été “transformé en camp d’accueil pour les familles”.
L’équipe de Palestine se tourne désormais vers son prochain match contre les Émirats arabes unis avec pour objectif d’arracher la qualification. “Nous jouerons pour gagner et dédier ce match aux martyrs” insiste le défenseur.
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Pour le président de la fédération palestinienne de football, Jibril Rajoub, il est inévitable que la guerre affecte l’équipe. “Il y a des joueurs dont les familles ont été martyrisées…” mais “cette équipe est le symbole le plus noble de notre identité nationale”.
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