Translated by
Marguerite Capelle
Published on
23 Feb. 2024
Ces temps-ci, aucun défilé milanais ne compte autant que celui de Prada, dont les créateurs puisent dans l’histoire de la mode et du design, sans jamais se répéter.
Cette saison, le duo formé par Miuccia Prada et Raf Simons a travaillé une armada de tissus, silhouettes et symboles hautement reconnaissables, mais en les mixant de façon si inattendue qu’ils donnent naissance à quelque chose de neuf. C’était en fait la collection la plus contemporaine qu’on ait vu cette année.
L’élément clé, c’est une série de robes et robes-manteaux, d’apparence classique mais virant lingerie sur le dos, ou encore se laissant pousser des jambes de pantalon. Des jupes qui semblent confectionnées à partir de blazers masculins portés la tête en bas, ultra stylées grâce à l’excellence de la coupe, et souvent associées à des vestes croisées de cadre exécutif.
De façon contre-intuitive, le résultat produit est assez romantique : des femmes de caractère en quête d’amour, qui trouvent l’âme sœur dans un fantastique manteau de soie froissée, une robe du soir branchée, et des coupes classieuses.
« On travaille à partir de fragments de l’Histoire, pour apprendre. Tout nous intéresse, de la mode à la politique, en passant par l’art. Reprendre un morceau du passé, ça n’a rien de conservateur : c’est libérateur », expliquait Miuccia après le défilé, entourée de près de 40 rédacteurs de modes, qui tendaient le cou pour enregistrer ses réponses murmurées sur leurs téléphones portables.
Des fragments de tissus, aussi, comme ces superbes fourreaux ouverts composés de bouts de rubans, associés à des bottes hussardes et des casques de cavalière, le tout toujours en ruban. L’idéale pour une fête arty, ou une soirée dansante.
L’invitation du duo – un carton rectangulaire sur lequel se découpe la lettre P, dans une police blanche sucrée et romantique – donne l’impression qu’on va assister à un bal. Comme le faisait remarquer Miuccia, c’est d’ailleurs un symbole pour toutes les femmes, même si l’élégance chic et choc qu’elle propose suggère que la mode sert également à les émanciper.
Il y avait même un nouveau blouson de baseball décliné en brun usé ou en écru, les deux rebrodés d’un P 13, variation sur l’année de naissance de la maison Prada. Mais comme le disait Miuccia : « Avec les chiffres et les logos, je ne cherche jamais à faire passer un message ! »
Une astuce mode bien sentie : les tops arboraient des ceintures à œillets au creux du bras, pour mieux tenir une série de nouveaux sacs, un look qui risque fort de lancer une véritable tendance. Le défilé avait lieu dans un espace au sol vitré, sous lequel on apercevait un petit ruisseau, des rives moussues, des feuilles mortes et des galets.
Le style monte d’un cran avec une fantastique série de chapeaux – capitaines de bateau hirsutes, officiers d’artillerie, gendarmes de la sécurité routière en civil. Des silhouettes variées, jusqu’au blouson motard le plus ajusté qui soit, avec un col montant.
Et enfin le point d’orgue : d’ondoyants manteaux en calicot technique, col cheminée, dans des formes amples façon années 1950 – encore un look qui sera sûrement copié par des créateurs moins doués. C’est l’image même d’une élégance contemporaine, mais qui puise loin dans le passé.
« On avait en tête la beauté, l’amour, celui de la mode, de l’histoire ou de la musique », ajoutait Raf, juste avant l’apparition d’une nuée de stars du cinéma, de la toute menue Emma Watson à la grande Gwendoline Christie.
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