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Le deuil collectif des attentats du 17-A doit porter sur 24 morts, pas sur 16 comme on l’a dit – La santé mentale dans les moments difficiles

Le deuil collectif des attentats du 17-A doit porter sur 24 morts, pas sur 16 comme on l’a dit – La santé mentale dans les moments difficiles

2018-08-26 11:01:51

26 août 201826 août 2018

Dans les actes officiels du 17 A, il y a eu des discussions actives et passives sur le deuil de 16 personnes décédées violemment. Cependant, comme on le sait, dans les attentats de Barcelone et de Cambrils l’année dernière, 24 personnes ont été tuées violemment : 16 dans les attentats, 2 dans l’explosion d’Alcanar et 6 terroristes le même jour des attentats. Les chiffres ne s’additionnent pas

En tant que société, le deuil collectif des morts violentes est très compliqué. Il y a un mélange de sentiments très difficile à gérer et à intégrer :

1- Sentiment de rage face à toutes les morts violentes d’êtres humains, qu’elles soient dues au terrorisme ou au contre-terrorisme, aux guerres néocoloniales, au nettoyage ethnique ou à d’autres raisons. Comme il est bien connu aujourd’hui de la psychologie évolutionniste, les humains, comme les autres espèces animales, ont un sens inné de la justice et sont très sensibles à tout ce qui a à voir avec le degré de moralité de nos actions.

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2- la tristesse pour la perte d’êtres chers, de voisins ou simplement de concitoyens qui mobilise l’instinct d’attachement très important non seulement chez l’homme, mais déjà chez tous les mammifères

3- désespoir face au bon fonctionnement de notre communauté et des possibilités de coexistence face à l’usage de la violence dans la vie sociale

Tous ces sentiments sont très difficiles à gérer et ils impliquent de prendre conscience du haut degré de destructivité que peut avoir l’être humain. Les humains partagent l’agressivité avec d’autres espèces animales, mais notre grand développement des fonctions symboliques fait que la haine, la vengeance, l’envie destructrice et une autre série de sentiments très difficiles à gérer et à intégrer s’ajoutent à l’agressivité.

Face à une situation aussi douloureuse et complexe que le deuil d’une mort violente, deux mécanismes de défense très élémentaires sont couramment utilisés, comme le montrent la psychologie cognitive et la psychanalyse.

-dissociation (séparation en deux parties) : qui sépare radicalement le bien du mal, pour qu’ils ne se touchent pas, n’aient aucun rapport. De cette façon, les terroristes, et ceux qui les défendent, restent radicalement séparés de la société : ils sont un mal absolu, inhumain, quelque chose qui ne peut qu’être éradiqué. Mais ce n’est pas la réalité, car, aussi monstrueux soient-ils, ce sont toujours des gens, des citoyens de notre société et nous deviendrions tout aussi monstrueux si notre attitude était de les éliminer à tout prix.

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-déni : vous ne voulez pas voir une partie de la réalité. Ainsi, lorsqu’on parle de deuil pour 14 personnes et non pour 22, l’existence même de ces huit personnes également décédées violemment est niée. On n’en parle pas. Mentalement, on considère que ces personnes et les groupes qui les soutiennent, n’existent pas. De cette façon, personne ne peut se soucier de savoir ce que peuvent ressentir les proches ou les amis de ces personnes, ou quels sont les facteurs de causalité liés à ces violences. Ainsi, il semble que “magiquement” ils n’existent plus en n’y pensant pas.

Ces deux mécanismes psychologiques que j’ai signalés, surtout s’ils sont utilisés de manière massive, ne sont pas une bonne stratégie pour résoudre n’importe quel problème. Quelque chose ne va pas dans notre société quand ces attitudes se répètent

La violence montre des problèmes fondamentaux de notre société, des problèmes difficiles à assumer, et très complexes à analyser car ils sont multifactoriels et dans le monde d’aujourd’hui ce qu’ils prennent ce sont des solutions faciles, magiques, d’un coup de tweet, d’une image. Mais si nous n’analysons pas et ne résolvons pas les causes de ces problèmes, il y a un risque élevé qu’ils deviennent chroniques.

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