Ainsi, Régis Labeaume trouve triste le souhait de Denis Coderre de retourner en politique active, car «des vieux chaussons comme nous, faut que ça claire».
Question no1: Le problème avec les «vieux chaussons», comme les appelle l’ex-maire de Québec, est-il qu’ils soient vieux ou qu’ils soient des «chaussons»?
Question no2: Et les jeunes chaussons, on fait quoi avec eux? Faut-il qu’ils «clairent» la place eux aussi?
Car comme le chantait Brassens: «Le temps n’arrange rien à l’affaire / Qu’on ait vingt ans, qu’on soit grand-père / P’tits cons d’la dernière averse ou vieux cons des neiges d’antan / Quand on est con, on est con.»
Ce n’est pas l’âge du chausson qui pose problème, c’est le chausson lui-même.
VIVE CHAUSSON !
Cela dit, ça dépend de l’époque et du contexte.
Prenez Ernest Chausson.
Compositeur né en 1855 et mort en 1899, Ernest Chausson était – selon le site France Archives – reconnu pour «la haute esthétique de ses ouvrages».
«L’homme, nous dit-on, attirait et subjuguait par sa droiture, sa générosité et son immense culture. Le musicien se doublait aussi d’un humaniste au grand cœur.»
Bref, à l’époque, être un Chausson, c’était quelque chose!
Quand le fils d’Ernest se promenait dans les rues de Paris, les gens se donnaient des coups de coude en disant: «C’est un Chausson!»
Les femmes rêvaient toutes de faire partie du clan des Chausson!
Si ce compositeur n’était pas mort à 44 ans des suites d’un accident de bicyclette, il aurait pu profiter de sa notoriété.
«Regarde le vieux Chausson!», aurait-on dit, admiratif, en le pointant du doigt.
Qui sait? On aurait peut-être même fait pression pour qu’il se lance en politique!
«Ce qu’il nous faut, c’est le vieux Chausson!»
On imagine les slogans: «Chausson, c’est le pied!»
VIEUX À GOGO
Mais, bon, je divague…
Retournons aux propos de Régis.
C’est drôle, mais quand je regarde l’ex-maire de Québec, ce n’est pas un vieux ni un chausson que je vois, mais un fin renard avec de l’expérience.
Assez d’expérience pour ne pas embrasser les lubies de la jeunesse.
Car ce ne sont pas les cheveux blancs des sexagénaires ou des septuagénaires en position d’autorité qui posent problème: c’est lorsqu’ils ont peur de passer pour des «vieux chaussons»!
C’est à ce moment qu’ils dérapent!
Que Dieu nous garde des vieux qui veulent passer pour des jeunes!
Les universités, les musées et les grandes institutions sont remplis d’administrateurs âgés qui ont honte de leur âge, et qui, pour prouver qu’ils sont encore «dans le coup», embrassent toutes les causes à la mode.
Ce sont eux qui sont en train de foutre le système par terre!
Rien de pire qu’un «vieux chausson» qui se prend pour une «botte à gogo»!
Ils font plus de ravages que n’importe quelle horde de petits lapins.
Car ils ont du pouvoir!
Alors, non, cher Régis Labeaume, ce ne sont pas les «vieux chaussons» qui doivent partir. Ce sont les «chaussons», point.
Ceux aux cheveux bruns qui pensent que la jeunesse est une vertu en soi.
Et ceux aux cheveux gris qui se teignent l’intérieur de la tête pour ne pas faire leur âge.
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