LEUR plus beau cadeau de Noël, les rappeurs Lino et Calbo, alias le groupe Arsenik, l´ont eu avec un mois d´avance.
C´est un disque d´or, récompense pour les 100 000 exemplaires vendus de leur premier album, « Quelques gouttes suffisent », sorti au début juin. Le trophée est d´ailleurs encore emballé dans un coin, non loin du sapin qui trône à l´entrée des bureaux du Secteur A, à Sarcelles.
« C´est une consécration, commente fièrement Lino, 23 ans. C´est comme quand tu vas à l´école et que tu as ton bac. » « C´est un aboutissement, renchérit son frère Calbo, 25 ans. Quand on a fait le disque, on visait au moins ça, mais on pensait mettre deux ou trois ans pour y parvenir. » A l´instar des autres chanteurs du Secteur A, collectif de jeunes artistes issus des cités de Garges-Sarcelles et ses environs, le solide duo de Villiers-le-Bel s´est retrouvé, cette année, propulsé sur le devant de la scène.
Une tournée triomphale avec Passi Plus de deux millions d´albums vendus, deux soirs de concert dans la salle mythique de l´Olympia, une tournée triomphale en France aux côtés de Passi, des invitations à gogo, dont une, remarquée, pour l´ouverture de la remise des Hot d´or, pendant le festival de Cannes : la SARL du rap sarcellois est désormais incontournable. « Ã?a va tellement vite qu´on ne peut pas réaliser, assure Lino. On s´en rend juste compte quand on va dans les magasins et que les gens nous reconnaissent. Les invitations, les opportunités de sortir du quartier, on kiffe ça
bien sûr, mais on n´a jamais fait des chansons pour l´argent ou la notoriété. »
« Ã?a fait toujours plaisir d´être reconnu, dit Calbo, mais comme on ne se considère pas comme des stars, on prend ça normalement. Ce n´est pas parce qu´on a fait un disque qu´on va changer, ou alors sur un point : on est beaucoup plus speed qu´avant ! » « Ce n´est pas toi qui change avec le succès, ce sont plutôt les gens autour de toi, souligne encore malicieusement Lino. Quand on a commencé à chanter, on ne pensait pas que ça irait aussi loin, qu´on serait autant diffusés. On trouvait notre façon de raper trop dure, trop particulière. »
Parvenus en haut de l´affiche, les Arsenik espèrent connaître en 1999 la même réussite avec Bisso na Bisso, le groupe formé avec d´autres rappeurs d´origine congolaise, et pourquoi pas, décrocher un second disque d´or. « Arrivé à ce niveau, tu es obligé de travailler encore plus, de souffler sur les flammes pour maintenir le feu, si tu veux qu´il ne s´éteigne pas », explique Calbo. « Les gens voient qu´on existe, conclut Lino. On ne fait pas connaître nos quartiers en jetant des cocktails Molotov, mais par notre son. C´est positif. »
SARCELLES, VENDREDI 25 DECEMBRE. Sorti au début juin, l´album de Calbo et Lino, alias Arsenik, s´est déjà vendu à près de 150 000 exemplaires. Comme les autres artistes du Secteur A, les deux frères de Villiers-le-Bel sont devenus des figures incontournables du rap français. (Photo LP.)
1998-12-29 11:00:00
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