le drame des tirs au but de la finale Italie-Brésil”

Le football artisanal des années 90

Avec le recul, cette finale a véritablement été l’un des derniers défis du championnat du monde du XXe siècle, avec un football encore naïf et artisanal, malgré la pression des chaînes de télévision. Les Azzurri d’Arrigo Sacchi étaient arrivés à Pasadena après avoir joué les matchs précédents sur la côte Est, entre New York, Washington et Boston, pour gagner l’affection des émigrés italiens qui avaient reconstruit leur vie sur ces terres.

Arrigo Sacchi, avouons-le, n’a pas recueilli beaucoup de soutien en tant qu’entraîneur, après Alfredo Bearzot et Azeglio Vicini, il a été le premier entraîneur italien à ne pas venir de la Fédération. Riche, charismatique et diviseur, il est originaire de Milan, le Milan des invincibles de Silvio Berlusconi, et ce lien lui restera toujours gravé comme une marque de fabrique. Ensuite, il a eu ces idées du football total, de la primauté de l’équipe sur l’individu, qui n’ont pas suscité la sympathie des Italiens, surtout de ceux qui ont grandi avec les idées tout aussi idéologiques de Gianni Brera et d’autres plus ou moins commentateurs illustres.

Des théories presque anthropologiques qui privilégiaient la défense à l’attaque, arrivant à l’admirable synthèse selon laquelle il vaut d’abord mieux ne pas les prendre. Ce qu’en fin de compte, en raison de la fatigue imminente et des nombreuses blessures, Sacchi l’a également fait, à sa honte indélébile.

L’été chaud de la première Italie de Berlusconi

Pour conclure, il faut rappeler que l’été 1994 a également été “chaud” en Italie. Et pas seulement pour la météo. Silvio Berlusconi, leader de « Forza Italia », et nouveau Premier ministre depuis environ deux mois, a accueilli le G7 à Naples en juillet. Devant les grands du monde, Silvio n’avait jamais été aussi déchaîné. Boosté également par la victoire extraordinaire (4-0) de son Milan en finale de Ligue des champions face à Barcelone.

Après ce succès, Berlusconi a également tenté d’étouffer l’élan de Tangentopoli en confiant au ministre Alfredo Biondi un ensemble de mesures restrictives en matière de justice (enfin, quelle nouveauté…) appelées plus tard le décret “sauver la corruption”. « Un décret qui nous empêchera de traiter les crimes sur lesquels nous avons enquêté jusqu’à présent » ont répondu Antonio Di Pietro et l’ensemble du groupe de « Mani Pulite » en présentant leur démission.