2024-05-08 01:42:35
La Lancette
Le domicile comme déterminant social fondamental de la santé. Faire du logement une intervention prioritaire de santé publique est un impératif moral. La santé de nos communautés en dépend (1).
Le fait que nos maisons soient inextricablement liées à notre santé n’a rien de nouveau. « On aurait pu imaginer que la science et le bon sens finiraient par apprécier l’importance de telles considérations », peut-on lire. une lettre sur le logement et la santé publié le La Lancette en 1922. L’accès à un logement convenable est reconnu comme un droit humain fondamental par la loi. Pourquoi alors continuons-nous à permettre à tant de personnes de vivre dans des conditions de logement insalubres ? La Division de statistique des Nations Unies estime qu’en 2022, plus d’un milliard de personnes vivaient dans des bidonvilles urbains ou dans des conditions s’apparentant à des bidonvilles, et ce chiffre devrait tripler d’ici 2050. L’indice de logement convenable de la Banque mondiale met en évidence de fortes disparités, un tiers des logements dans les économies émergentes ne répondant pas aux normes d’adéquation. L’urgence d’atteindre l’objectif de développement durable 11.1 – garantir l’accès de tous à un logement adéquat, sûr et abordable d’ici 2030 – est claire, mais nous sommes loin du but.
Nous savons qu’un logement insalubre est corrélé à de mauvais résultats en matière de santé. UN Revue systématique ont constaté que les améliorations apportées au logement, telles que : assurer une ventilation adéquate, un contrôle de l’humidité, un chauffage-refroidissement et une isolation pour atténuer l’humidité, la moisissure, la pollution de l’air intérieur et l’exposition à des températures extrêmes, réduisent le risque de maladies respiratoires, de maladies cardiovasculaires, de cancer et de santé mentale. problèmes. Les conditions de logement insalubres ne sont pas propres aux économies émergentes. Dans Belgique , entre 1991 et 2020, un logement inadéquat était associé à près d’un décès sur cinq. Les problèmes de logement affectent de manière disproportionnée les populations vulnérables, perpétuant les inégalités en matière de santé selon le sexe, la race, l’origine ethnique, la dépossession et le handicap. En 2021, 53% des Inuits qui vivait au Nunavut, un territoire éloigné du nord du Canada, vivait dans des logements surpeuplés, avec des familles de huit personnes partageant un logement de deux chambres. Bien que le Lignes directrices de l’OMS sur le logement et la santé promouvoir un logement adéquat pour améliorer la santé, de nombreux gouvernements tardent à agir.
Malgré les preuves, l’amélioration du logement est rarement une priorité dans la réflexion mondiale en matière de santé publique. Les contraintes financières expliquent sans aucun doute l’inaction dans certains contextes : construire et entretenir des logements sûrs nécessite un engagement et des investissements à long terme. En outre, d’importantes lacunes subsistent dans la disponibilité des données, ce qui empêche une pleine compréhension de l’ampleur du problème et empêche l’élaboration de politiques appropriées. Une partie de cette inaction provient d’un simple manque de volonté politique. Les gouvernements qui ont donné la priorité au logement ont constaté des avantages rapides et profonds. L’approche Logement finlandais D’abord , par exemple, met à disposition de petits appartements des personnes ayant des problèmes financiers, de santé mentale ou de toxicomanie, et assure leur entretien. Cette approche a réduit le sans-abrisme à long terme de 71 % entre 2008 et 2020 et a par conséquent entraîné une diminution des visites aux urgences, des hospitalisations et des séjours hospitaliers plus courts parmi les bénéficiaires. De toute évidence, les investissements à long terme dans le logement représentent une intervention de santé publique efficace.
Les philosophies fondées sur les droits sous-tendent de telles interventions. Pour promouvoir le respect du droit au logement pour tous, en août 2023, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit à un logement convenable a appelé à une action urgente pour lutter contre le sans-abrisme et le logement inadéquat dans le monde entier, soulignant la nécessité de politiques globales, d’un financement accru et d’une approche fondée sur les droits de l’homme. Il sera essentiel de développer une solide coordination entre les secteurs – santé publique, soins de santé, politique du logement et organisateurs communautaires. Les décideurs politiques doivent faire de l’accès à un logement adéquat un déterminant clé de la santé et considérer le logement comme une intervention fondamentale de santé publique.
Les agents de santé ont un rôle essentiel à jouer. Bien qu’il existe des approches de dépistage pour aider à identifier l’instabilité du logement, les outils permettant d’évaluer les mauvaises conditions de logement font défaut. L’élaboration de ces stratégies permettrait aux prestataires de soins de santé d’identifier les logements insalubres ainsi que d’évaluer d’autres déterminants de la santé, tels que le tabagisme et la consommation de substances, et de connecter les patients aux systèmes et aux ressources. L’accès à un logement adéquat et fiable facilite la continuité des soins et permet aux personnes de sauvegarder et de donner la priorité à leur propre santé et à leur bien-être ainsi qu’à ceux de leur famille.
En tant que droit humain, le logement mérite une plus grande priorité. Le soutien, notamment celui des secteurs médical et de la santé publique, doit conduire à un changement systémique. Alors que la population urbaine devrait plus que doubler d’ici 2050, combinée à la hausse des coûts du logement, à l’aggravation du changement climatique, aux conflits en cours et aux catastrophes naturelles, le besoin de logements adéquats continuera de croître, creusant les inégalités en matière de santé. Faire du logement une intervention prioritaire de santé publique représente non seulement une opportunité cruciale, mais aussi un impératif moral. La santé de nos communautés en dépend.
- Éditorial, Lancet, Vol 403, 4 mai 2024, 1723. Notre traduction, comme titre et sous-titre. Le logement- un déterminant social négligé de la santé,
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