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Le flop de Nouvelle-France : quand un « Titanesque québécois » échoue

Le flop de Nouvelle-France : quand un « Titanesque québécois » échoue

On dit que les critiques sont plus indulgents avec le cinéma québécois. Peut-être, mais cela ne les a pas empêchés de tirer à boulets rouges sur certains films d’ici. Et dans bien des cas, le public n’a pas non plus été au rendez-vous. Notre cinéma compte son lot d’échecs, voire de navets. Le Devoir revient sur l’histoire de ces grandes productions qui ont fait un bide. Une occasion parfois aussi de réhabiliter ces films mal aimés. Ça devait être le “Titanesque québécois”, d’autant que la chanson thème n’était interprétée par nulle autre que Céline Dion. Mais malgré un budget colossal de 33 millions de dollars et la présence de vedettes internationales, comme Gérard Depardieu et Tim Roth, Nouvelle-France, du regretté Jean Beaudin, a pris l’eau. L’ambitieuse fresque historique, mettant en vedette David La Haye et Noémie Godin-Vigneau, n’a pas connu le succès escompté en salle et a reçu un accueil critique pour le moins glacial. Près de 20 ans plus tard, très peu de gens se souviennent du battage médiatique monstre qui avait entouré sa sortie. Nouvelle-France a été relégué aux oubliettes. Le film n’apparaît sur aucune plateforme. Comme si on avait voulu effacer toutes traces de ce qui fut le tournage le plus coûteux de l’histoire du cinéma québécois. La chanson thème, une mielleuse pouvoir-ballade à la My Heart Will Go On écrite par Luc Plamondon, est l’une des seules pièces du catalogue de Céline Dion à ne pas être offerte sur Spotify et Apple Music. “Il faudrait que Nouvelle-France soit au moins sur les plateformes. C’est un film imparfait, mais il mérite clairement d’être vu. Ne serait-ce que pour les décors et les costumes, qui sont magnifiques. La direction artistique est époustouflante”, se désole la comédienne Noémie Godin-Vigneau, la vedette du film. Mélodrame plus romantique qu’historique Le scénario de Nouvelle-France est très librement inspiré de La Corriveau, cette femme qui a alimenté plusieurs légendes après avoir été pendue en plein Québec pour avoir tué son mari. Dans le film de Jean Beaudin, Marie-Josephte Corriveau est devenue Marie-Loup Carignan (Noémie Godin-Vigneau), une veuve à l’esprit libre élevant seule sa fille France, campée par une toute jeune Juliette Gosselin, qui y fait ses premiers pas au grand écran. Sur fond de guerre de Sept Ans, Marie-Loup tombe éperdument amoureuse d’un séduisant coureur des bois, François Le Gardeur (David La Haye). Leur amour est réciproque, mais impossible. La jeune femme doit se résoudre à épouser en secondes noces Xavier Maillard (Sébastien Huberdeau), un homme violent qui sera accidentellement tué par la petite France. La pauvre enfant ne cherchait qu’à protéger sa mère des sévices de son bourreau. Pour éviter que sa fille subisse l’opprobre, Marie-Loup prend la responsabilité d’un crime qu’elle n’avait pas commis. Comme la Corriveau, elle finira pendue devant la foule, laissant derrière elle sa fille et François Le Gardeur, les deux amours de sa vie, ainsi qu’un pays livré aux Anglais. “Ç’a été un tournage très rock’n’roll. Le scénario a changé plusieurs fois en cours de route. Quand j’ai vu le film, j’avoue que je n’ai pas reconnu mon scénario”, raconte le scénariste Pierre Billon, qui avait participé deux ans auparavant à l’adaptation cinématographique d’Un homme et son péché de Charles Binamé. Pour Nouvelle-FrancePierre Billon, aujourd’hui âgé de 86 ans, avait surtout en tête un film historique qui présenterait les Canadiens comme pris en étau entre la cruauté des Anglais et la lâcheté des Français, prêts à concéder “quelques arpents de neige”. Incertitudes constantes Finalement, c’est surtout l’histoire d’amour qui a pris le dessus. De toute manière, Nouvelle-France n’a jamais été le projet de Pierre Billon, mais bien celui du producteur Richard Goudreau, qui a décliné notre demande d’entrevue. L’homme à l’origine de la franchise Les Boys rêvait depuis plusieurs années de transposer l’histoire de la Corriveau au cinéma. C’est lui qui a réussi à convaincre des bailleurs de fonds en France et au Royaume-Uni de se joindre au projet. Or, ce montage financier complexe a souvent menacé de s’écrouler. “Tout a failli s’arrêter plusieurs fois. Quelques semaines encore avant le début du tournage, il est arrivé un nouvel imprévu et on n’était plus sûrs de pouvoir tourner”, se souvient Noémie Godin-Vigneau, qui avait 27 ans lorsqu’elle a décroché le rôle de Marie-Loup. Incertitude supplémentaire : le réalisateur Yves Simoneau, un temps attitré au projet, a fini par se désister. Jean Beaudin a repris le flambeau un an avant le tournage, qui a été compliqué de par son envergure. Le long métrage a été simultanément filmé avec les mêmes acteurs à la fois en français et en anglais, dans l’espoir que le film soit vendu à l’étranger. Nouvelle-France, ou Bataille des braves en anglais, a aussi nécessité la reconstitution de la place Royale en studio à Montréal. Des scènes ont aussi été tournées au Saguenay, sur l’île d’Orléans, en Nouvelle-Écosse, en Angleterre et en France. L’argent n’achète pas le succès Évidemment, ces va-et-vient ont englouti énormément de moyens. Jean Beaudin a dû se résoudre à ne pas reconstituer la bataille des Plaines d’Abraham. Tout cela en plus de devoir gérer les égos des acteurs étrangers. Vincent Perez, Irène Jacob ou encore Jason Isaacs ont été d’un commerce agréable, mais on raconte que Tim Roth a donné beaucoup de fil à retordre à Jean Beaudin. Gérard Depardieu, qui joue un curé dans Nouvelle-France était pour sa part dans de bonnes dispositions lors de son passage au Québec. Mais fidèle à son habitude,
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